Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Il y a un demi-siècle, le principal véhicule de l’URSS, la VAZ-2101, était lancé. En ce 50ème anniversaire, Za Roulem revient sur son histoire à travers 8 anecdotes passionnantes.

1. Iceman :
« C’était une bonne voiture, elle ne tombait jamais en panne » a déclaré le grand pilote finlandais et champion du monde Formule 1, Kimi Raikkonen, cet homme qui prononce rarement plus de deux mots à la fois. Il a commencé sa carrière sur une Kopeïka sans savoir que cette voiture avait  essentiellement été créée pour reprendre les économies du peuple soviétique.

2. La « filleule » de Kossyguine :
L’idée de produire une nouvelle voiture pour le peuple avait été lancée en 1966 par le Président du Conseil des ministres de l’URSS, Alexis Kossyguine, l’architecte de l’économie du « dégel ». Le but, entre autres, était de soustraire à la population son « surplus de trésorerie ». Selon l’ancien lieutenant-colonel du KGB, Igor Atamanenko, auteur du livre « KGB-CIA : qui est le plus fort ? », au milieu des années 1960, les citoyens soviétiques avaient entre les mains entre 80 et 90 milliards de roubles - soit plus de 100 milliards de dollars au taux de change officiel, l’équivalent des budgets de la Hollande, de la Belgique et du Danemark réunis. Les gens ne faisaient pas confiance à la SberKassa (la Caisse d’Epargne) et gardaient leur « agent sous leur matelas ». Une inflation monstrueuse était sous-jacente à cette situation.

Seul quelque chose de spécial pourrait amener les citoyens soviétiques, habitués à une économie de pénurie, à sortir l’argent de leurs cartons. Une voiture construite dans le pays, relativement abordable et basée sur une technologie occidentale, pourrait être ce détonateur.

3. Du nom d'un communiste :
Le projet a donc été mis en œuvre en coopération avec les Italiens dans une ville qui s’appelait autrefois Stavropol (officieusement Stavropol-sur-la-Volga). Mais dans un soucis d’amitié entre les peuples et dans le cadre de la construction de cette usine automobile, la ville a été renommée en l’honneur de Palmiro Togliatti. Ce dernier avait été chef du Parti Communiste italien pendant 38 ans et était décédé lors de ses vacances en Crimée (il avait perdu connaissance dans le camp de pionniers « Artek »). Khrouchtchev ne l’aimait pas mais Brejnev avait pris l’avion pour assister à ses funérailles.

4. La « Révolution en couleurs » n’a pas eu lieu :
L’usine a été construite en quatre ans, les premières voitures ont été assemblées en avril 1970 : deux bleues et quatre rouge cerise. La voiture est entrée en production en septembre. Mais la « Révolution en couleurs » n’a pas eu lieu : par la suite, la VAZ-2101 était le plus souvent peinte en blanc (la couleur la moins chère) et dans une nuance de beige « café au lait ».

5. Pervorozhets, Jigouli, Lada :
En 1968, le magazine Za Roulem organise un concours pour trouver le nom de la nouvelle voiture. Entre autres, la proposition de Pervorozhets est envoyée à la rédaction. Heureusement, la nouveauté a trouvé un autre nom : Jigouli. Mais il posait problème. Par conséquent, en Europe (la première fois au Salon de l’Automobile de Bruxelles en janvier 1971), la voiture a été baptisée Lada.

La version principale cette histoire veut que Jigouli avait une consonance rappelant le mot pas trop flatteur de « Gigolo ». Une grande partie des voitures devaient être exportées et les acheteurs occidentaux auraient pu être offensés par une telle dénomination. Mais tout était plus simple : le mot Lada, écrit en latin et plus court, était plus facile à percevoir que l’illisible Zhiguli (ou Jigouli).

6. Cette voiture n’est pas pour nos routes :
La Kopeïka était basée sur la tenante du titre de « Voiture de l’année 1966 » en Europe, la Fiat 124. Mais elle devait toutefois être profondément modifiée : depuis l’époque de Gogol, les routes du pays avaient connu  peu d'améliorations, surtout par rapports aux routes italiennes. Plus de 800 modifications ont dû être apportées. Les principales portaient sur l’augmentation de la garde au sol et le renforcement de la suspension et de la transmission. Au lieu des freins à disques à l’arrière, des freins à tambours ont été installés. La voiture a reçu un moteur de 1,2 litre spécialement conçu avec un arbre à cames en tête d’une capacité de 62 chevaux.

7. 5,000 roubles !
Le projet de Kossyguine de production d'une voiture abordable a donc été mis en œuvre. Mais la VAZ-2101 n'était pas la voiture la moins chère de l’Union Soviétique. Le modèle de base de la « Kopeïka » coûtait 5,000 roubles soit environ 1,000 roubles de plus que la Zaprojets. Mais la Lada était, bien sûr, plus prestigieuse.

Les propriétaires de Lada 1200, les premiers modèles d’exportation, se rappellent de leur perfection technique et l’odeur de cuir naturel à l’intérieur de l’habitacle. Les acheteurs de la Kopeïka, dans la version soviétique n’ont pas eu des impressions aussi agréables. De plus en plus de voitures étaient produites (en 1973, la millionième Lada tombait de chaîne et en 1974 l’usine atteignait sa capacité nominale de 660 mille voitures par an), la production était simplifiée pour la rendre moins chère et la qualité diminuait.

8. Un kopeck en bronze :
La VAZ-2101, alias Jigouli, alias Lada, alias Kopeïka, a cessé d’être produite en 1988, avant même l’effondrement de l’URSS. Mais elle était et reste une voiture populaire. Les amateurs n’arrêtent pas de restaurer l’ancienne Jigouli, la bichonnent et érigent même des monuments à sa gloire. Des monuments aussi bon marché que la voiture le fut : à l’entrée de Moscou, le long de la Volgogradskaïa on trouve ainsi une vieille VAZ-2101 recouverte d’une peinture couleur bronze sur un piédestal en marbre.

Lu sur : https://www.zr.ru/content/articles/926416-ona-dolzhna-otnyat-dengi/
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #VAZ, #Lada, #2101, #Top, #Anecdote, #K-50 ans