Les médias ont rapporté que l’Usine automobile de Zaporojié a vendu des ateliers de fabrication et des biens pour un total de 15,9 millions de dollars. Pourtant, en avril il avait été annoncé qu’une procédure de réhabilitation de six mois avait été engagée à l’égard de ZAZ, visant à rétablir une situation normale pour l’entreprise.
ZAZ est en crise permanente depuis 2014 avec le début de l’effondrement des relations commerciales entre l’Ukraine et la Russie en raison des évènements bien connus de Crimée et du Donbass. Cependant Ukravto, propriétaire de l’usine voit les causes de ses problèmes non pas à l’extérieur, mais à l’intérieur du pays, et souligne le manque d’aide de l’État pour le développement de l’industrie automobile nationale, l’importation en franchise de droits de douanes des voitures étrangères et la dévaluation répétée de la hryvnia, qui rend impossible le remboursement des prêts en dollars consentis à l’époque pour moderniser l’entreprise et acheter du matériel moderne.
La production automobile a cessé en 2017 et en décembre 2018, le tribunal de commerce de Zaporojié a entamé la procédure de faillite de ZAZ : à cette époque, le service de presse du constructeur ukrainien avait indiqué que son principal créancier, la société d’État Ukreximbank, lui avait littéralement lié pieds et mains en lui interdisant d’attirer de nouveaux investissements, de créer une joint-venture, de modifier le champ de ses activités ou de se tourner vers d’autres organismes de crédit, avant d’avoir remboursé ses dettes.
En mars de cette année, le service de presse de Ukravto a déclaré que ZAZ avait réussi à négocier avec l’un de ses créanciers (qui n’est pas Ukreximbank) l’annulation d’une dette de 1,4 milliard de hryvnia (soit environ 53 millions de dollars) ainsi que des pertes cumulées de 4 milliards (soit 152 millions de dollars).
En avril, le tribunal de commerce a décidé de réhabiliter ZAZ. Il s’agit d’une procédure de six mois au cours desquels l'usine doit reprendre ses activités normales, c'est-à-dire sortir de la faillite, maintenir sa capacité de production et reprendre la production de voitures particulières. Ukravto a déclaré que la décision du tribunal n’était qu’un premier pas pour faire « renaître » l’Usine automobile de Zaporojié et que pour que ce plan de réhabilitation soit mis en œuvre avec succès, « une volonté de l’État était nécessaire, pour créer un climat favorable aux investissements, instaurer la paix et surmonter l’instabilité politique, et relancer le marché intérieur des voitures neuves ». Il est évident qu’il était difficile de compter sur la « volonté de l’État » au plus fort de la course à l’élection présidentielle. Le nouveau président - Volodymyr Zelensky - vient d'être élu mais il n’a pas encore exposé son point de vue sur l’industrie automobile nationale et n’a d’ailleurs pas officiellement pris ses fonctions.
Un certain nombre de médias russes et ukrainiens viennent d’annoncer que ZAZ avait mis en vente des biens d'un montant total de 420 millions de hryvnia (15,9 millions de dollars). Ces informations n’ont pas pu être confirmées et le service de presse d'Ukravto, qui pourrait clarifier la situation, ne répond pas aux appels. Les agences TASS et Prime annoncent que 22 lots d'une superficie totale de 142,200 mètres carrés vont partir aux enchères : atelier de construction de machines, de construction d'outils, de réparation mécanique, ateliers d’automatisme et bâtiment administratif. Il est clair que la vente d'objets aussi importants pour une usine automobile ne cadre pas avec le plan de réhabilitation d'avril ...
Il est également curieux de constater que le prix des objets mis en vente coïncide exactement avec le montant des investissements faits dans ZAZ par Ukravto au cours des dernières années, soit 420 millions de hryvnia. Ce chiffre a été publié à plusieurs reprises par le service de presse de la société. Il est possible que Ukravto ait décidé de se débarrasser complètement de cet actif non rentable et veuille récupérer l’argent qu’il y a investi, ce qui expliquerait son silence actuel.
Pour finir, il faut ajouter que la vie chez ZAZ a été plutôt mouvementée ces derniers temps : en février, l’usine a commencé à assembler des tracteurs de la marque coréenne LS (détenue par LG Heavy) et en mars elle a commencé à produire un petit bus de classe A08 avec des pièces indiennes et chinoises. En dépit des pertes et des dettes, l’entreprise a régulièrement payé ses taxes locales et versé les salaires de ses ouvriers.
Que va-t-il se passer maintenant ? C’est loin d’être clair.
Lu sur : https://www.kolesa.ru/news/zaz-rasprodayut-po-chastyam-neuzheli-eto-konets
Adaptation VG