Le moteur, c’est le cœur de tout véhicule et en ce sens, une moto ne fait pas exception. De nombreux constructeurs automobiles produisent des moteurs de motos, tous comme des motos elles-mêmes. Mais saviez-vous qu’à la fin du siècle dernier, AvtoVAZ aurait bien pu commencer la production en série d'un moteur de motos, un moteur révolutionnaire pour l’époque.
En URSS, les premiers travaux sur le moteur à piston rotatif (RPD en russe), le RD-250 datent de 1961. Trois ans plus tard, en 1964, on a commencé à étudier un moteur de ce type pour l’installer dans une moto. Mais les tous premiers essais sur route ont mis fin à l’idée. La forte consommation d’essence et d’huile, le manque de fiabilité et de facilité de réparation n’ont donné aucune chance au moteur rotatif de se substituer aux moteurs à pistons ordinaires. Le citoyen soviétique avait besoin d’une voiture fiable et pas d’une moto qui tomberait en panne après quelques heures d’utilisation.
Pourtant, les services spéciaux de l’URSS ont rapidement vu un intérêt dans ce moteur puissant. Le GON - Garazh Ossobovo Naznatcheniya (que l'on pourrait traduire par "Garage des Personnalités") s’y intéressa car il était à la recherche d’une moto plus moderne que celle employée alors.
C’est pourquoi on a rapidement décidé de développer une moto à moteur rotatif, destinée à escorter les délégations officielles et servir de véhicule de patrouille. L’usine de motocyclettes d’Ijevsk a même reçu une commande d’Etat pour lancer la production en série d’une moto de ce type. Mais caprices du système économique soviétique aidant, la première moto avec le RPD n’a été fabriquée chez… AvtoVAZ qu’en 1980.
Ce prototype de moto d’escorte afinvec moteur rotatif avait été créé sur la base d’une moto IZH, sur laquelle on testa également d’autres types de moteurs (un moteur en V expérimental conçu par Izhmach et un moteur rotatif par le VNII Motorprom). Malheureusement, il n’existe que très peu d’informations.
Par la suite on sait que IZH a réalisé deux modèles différents de motos à moteur rotatif . Le premier porte le nom de IZH 8.202 Lider. Son moteur birotor RD-601 de 613 cm³ dispensait 52 ch à 6,000 tr/min pour un couple maxi de 51 Nm à 3,500 tr/min. C’est à Togliatti que ce moteur avait été construit et c’est la raison pour laquelle de nombreuses pièces étaient communes aux moteurs rotatifs VAZ que l’on commençait à l’époque à monter sous le capot des Lada destinées aux services spéciaux. Cette superbike soviétique rappelait par le dessin de ses carénages les meilleures réalisations japonaises et allemandes du moment, en particulier la BMW K1 lancée en 1988. Une autre version de la Lider était équipée d’un moteur à 2 cylindres opposés d’Ural.
Le second modèle est la IZH 8.201 Vega. Elle se distinguait par sa ligne plus fine et plus élégante, là aussi dans les canons de ce qui se faisait en occident, malgré les anachroniques freins à tambours et jantes à rayons ! Elle était équipée d’un moteur birotor VAZ-1184 avec un bloc en aluminium de 786 cm³ développant 87 chevaux. Sa fiche technique indique un régime maxi de 6,000 tr/min, mais une version spéciale de ce moteur pouvait atteindre les 9,000 tr/min. Comme la Lider, la Vega fut également proposée avec un moteur plus classique.
Pour être honnête, nous n’avons pas osé pousser la Vega de la collection « Motomir Viacheslav Sheyanov » qui illustre l’article jusqu’à sa vitesse maxi théorique de 200 km/h (et 180 km/h sur le compteur repris d'une berline Lada), car les freins à tambours se révèlent déjà largement insuffisant à 100 km/h ! De plus, son moteur rotatif devait être entièrement révisé...
A la chute de l'URSS, les projets de motos à moteur rotatif ont été totalement abandonnés.
Lu sur :
https://www.avtovzglyad.ru/avto/avtoprom/2018-10-11-kakie-mototsikly-vypuskal-avtovaz/
https://cccp.temadnya.com/811610768325740564/eskortnye-mototsikly-izh-s-rotornymi-dvigatelyami/
Adaptation VG