AvtoVAZ va bientôt changer de président. A compter du 1er juin, Nicolas Maure sera remplacé par Yves Caracatzanis. Un mois avant ce rendez-vous, la chaîne de télévision suédoise SVT a diffusé « The Russian Job », ce documentaire sur Bo Andersson, l’ancien directeur d’AvtoVAZ avec lequel le constructeur russe a commencé une nouvelle ère. Dans ce documentaire il « balance » tout sur la Russie et les Lada.
« VAZ était le plus grand et le meilleur dans l’Union Soviétique. Mais aujourd’hui personne ne veut acheter de Lada et l’économie est dans un état catastrophique. Le dernier électrochoc pour l’entreprise est lié à Bo Andersson, un optimiste avec de grands projets. Mais en Russie, les choses ne tournent jamais comme vous l’imagniez ». Voilà comment débute ce documentaire avec Bo Andersson dans le rôle-titre. La rédaction d’Autonews.ru a pu voir ce film et a rassemblé les citations les plus importantes de Bo Andersson sur le business en Russie.
« En Russie il y a beaucoup de mauvais dirigeants, qui ne pensent qu’à eux-mêmes ». Sa capacité à travailler avec les fournisseurs a aidé Bo Andersson à faire carrière chez Saab, pour prendre ensuite la direction de GAZ et améliorer de manière significative la qualité des produits fabriqués par l’Usine Automobile de Gorki. En janvier 2014, il est nommé président d’AvtoVAZ et réussi en deux ans à lancer six nouveaux modèles dont les Lada Vesta et XRAY. Dans le même temps, son style de gestion ne plaira pas à Rostekh et en mars 2016, le Suédois est finalement licencié.
« Nous avons lancé la Vesta en temps et en heure et avec le niveau de qualité requis. Je pense que les gens ont vraiment été étonnés ». Les travaux sur la Vesta avaient débuté chez AvtoVAZ avant l’arrivée de Bo Andersson. Mais seulement quelques développements avaient été faits sur la voiture et il n’était pas encore prévu de la lancer. La Vesta a pourtant été industrialisée en un temps record malgré l’utilisation de nombreux composants d’importation. Ce sont ces choix qui ont conduit à la situation conflictuelle entre Bo Andersson et les fournisseurs russes et la chute du cours du rouble a affecté le prix du nouveau modèle.
« Les gens peuvent ne pas m’aimer mais je ne me suis pas enrichi et je n’ai pas dilapidé l’argent de la compagnie ». Dans le documentaire on voit la relation entre Bo Andersson et le personnel d’AvtoVAZ. Pour le public européen, ce qui se passe autour de l'énorme usine russe est totalement surréaliste.
« J’ai travaillé dans 18 villes de Russie et je n’avais jamais rien vu de tel. Ici les gens pleurent et se plaignent, comme des enfants ». Dans le documentaire, un des membres de l’équipe de Bo Andersson, Petr Linhart, raconte : « Il y a un mois, environ un millier de personnes travaillaient dans les sous-sols des bâtiments. Ils s’occupaient du service. D’ailleurs, personne n’a jamais compris du service de quoi. Un matin, à huit heures et demi, j’ai visité six de ces ateliers. Les gens dormaient, jouaient aux échecs ou buvaient du thé. Une heure après, rien n’avait changé si ce n’est qu’ils avaient fermé les portes. Il n’y a plus personne qui travaillent dans ces sous-sols ». Petr Linhart a ensuite été licencié par le nouveau président d’AvtoVAZ, Nicolas Maure.
« Tout le monde pleurait pour vivre mieux. Tout le monde pensait que le gouvernement les aiderait et qu’ils ne resteraient pas sans travail ». Lorsque Bo Andersson est arrivé chez AvtoVAZ. 66,5 mille personnes travaillaient ici. En deux ans, le nombre d’employés a diminué d’un tiers. La politique inflexible du nouveau président a conduit à des manifestations à Togliatti. La direction de Rostekh, l’entreprise d’Etat qui contrôle AvtoVAZ avec l’Alliance Renault-Nissan, n'a pas apprécié que les personnes licenciées ne bénéficient pas d’un accompagnement pour retrouver un emploi.
« Les gens pensaient que je tiendrai trois mois et que je rentrerai chez moi. J’étais seul et j’avais froid ». Bo Andersson dans « The Russian Job » apparait comme un gestionnaire dur mais à la fin sa voix devient moins confiante. Lorsqu’on lui demande s’il s’est senti seul quand il est venu en Russie, il répond par l’affirmative puis il ajoute « Et inutile ».
« Les toilettes étaient sales, les robinets fuyaient, il n’y avait pas de papier. On m’a dit que c’était une tradition chez AvtoVAZ ». A l’arrivée de Bo Andersson, les toilettes, les douches, les cantines et les vestiaires ont été rénovés. Une partie de l’argent provenait de la vente des SUV Infiniti QX56 dans lesquels se déplaçaient les dirigeants de l’entreprise. Bo Andersson a demandé qu’on lui créé une version VIP de Lada Largus.
« Si j’avais su ce que je sais aujourd’hui, alors je n’aurai jamais accepté ce travail ». Dans une interview pour « The Wall Street Journal, Sergueï Chemezov, le président de Rostekh, a expliqué les raisons de la démission de Bo Andersson. Selon lui, ce sont les pertes record de l’usine, le mécontentement social causé par les réductions massives d’effectifs et aussi le nombre trop important de pièces étrangères dans les voitures produites par Lada.
« On m’a donné 9 raisons pour mon licenciement. J’en ai trop fait et beaucoup trop vite ». En avril 2016, Nicolas Maure, qui dirigeait auparavant Dacia, a remplacé Bo Andersson. Il a été chargé de sortir AvtoVAZ de la crise et de réduire les pertes. A la fin de 2015, AvtoVAZ avait enregistré la perte la plus importante de toute son histoire c’est-à-dire 74 milliards de roubles. La réduction du personnel s’est également poursuivie sous l’ère Nicolas Maure mais dans une moindre mesure. De plus, outre une indemnité de départ, les personnes licenciées ont eu le droit à une aide à l’emploi.
« C’est le premier poste que j’ai quitté parce que j’ai échoué (…). Les circonstances de mon départ ne m’ont pas fait penser du mal de la Russie. Même sans moi, tout s’améliorera en Russie ».
Lu sur : https://www.autonews.ru/news/5aeab7759a794768107ec5f2
Voir aussi : http://www.sovietauto.fr/2017/12/the-russian-job-retour-sur-le-sauveur-de-lada.html
Adaptation VG