La Laura de Dimitri Parfenov et Guennadi Khainov est une voiture de sport développée en URSS entre 1982 et 1985 à Leningrad. Il s’agit à la base d’une samodelka, une voiture réalisée par un (des) constructeur(s) amateur(s). Dans les années 1980 en Union Soviétique, ce type de construction était extrêmement populaire et il existait même des clubs réunissant leurs fabricants.
La Laura répond parfaitement à ce concept. Comme pour les autres samodelki, Dimitri Parfenov et Guennadi Khainov avaient dû oublier les solutions techniques sophistiquées pour utiliser des pièces glanées ça et là. Comme pour les autres samodelki ils avaient dû utiliser ce qu’ils avaient sous la main ou ce que l’industrie automobile soviétique leur offrait, comme par exemple des pièces complexes allant de la suspension, la direction et, bien entendu, le moteur y compris la boîte de vitesse.
Le marché automobile était bien sûr plus que limité en URSS. La situation était même pire que celle des autres pays du Comecon. Acheter une voiture occidentale était ici presque impossible pour un citoyen ordinaire. Il n’y a presque exclusivement que les hauts dirigeants du pays qui pouvaient en profiter. Le fait que Leonid Brejnev possédait une collection de voitures de luxe étrangères est aussi connu que cette anecdote sur Iouri Gagarine, qui parcourait la nuit les rues de Moscou au volant de son coupé Matra Jet. Toutefois, le premier cosmonaute au monde n’avait pas acheté la voiture de sport française, mais on lui avait offert !
Le désir de se différencier, ou tout du moins de rouler dans quelque chose que les autres n’ont pas, avait donné naissance au phénomène des samodelki. Certaines étaient très rudimentaires, d’autres comme la Laura était des voitures tout à fait modernes.
C’est en 1985, dans les rues de Leningrad, que la Laura été présentée pour la première fois par ses créateurs. Il y en avait deux quasiment identique. Il est possible que Dimitri Parfenov et Guennadi Khainov n'avaient pas réussi à se mettre d’accord sur celui qui conduirait la voiture et qu'ils avaient préféré en faire deux ! La Laura était intéressante par rapport aux autres samodelki car elle utilisait un nombre assez limité de pièces de grande série. Son moteur quatre cylindres essence provenait de la VAZ-2105, sa boîte de vitesses de la Zaporojets et le soubassement de la Lada Niva avec quelques modifications. La Laura était une traction avant ce qui était assez inhabituel à l’époque en URSS puisque c’est en effet la même année que la révolutionnaire Lada Samara avait fait ses débuts, un an avant la Moskvitch 2141 Aleko.
Mais la Laura était surtout intéressante pour sa carrosserie constituée d’un cadre tubulaire recouvert de panneaux en plastique. L’équipement de la voiture était également remarquable. Le tableau de bord était assez avant-gardiste avec un check-control qui avertissait le conducteur d’une grande variété d’anomalies de fonctionnement et de défauts. Il pouvait ainsi indiquer une portière mal fermée ou la baisse du niveau de certains fluides. En substance, ce que de nombreuses voitures occidentales offraient déjà en série à cette époque...
Cette voiture de sport unique par sa forme et ses solutions techniques sortait de l’ordinaire. Elle ne ressemblait pas aux habituelles samodelkis. Rapidement, le secrétaire général du Comité central du PCUS, Mikhaïl Gorbatchev a appris l’existence de la voiture. Il tomba littéralement amoureux de la Laura et demanda au ministre de l’industrie automobile, Victor Poliakov de prendre contact avec les deux jeunes ingénieurs et de les faire travailler sur un projet de voiture soviétique de l’an 2000. Ce projet prendra forme sous le nom d’Okhta.
Il est aussi intéressant de noter que la Laura a franchi les frontières de l’URSS puisqu’elle fut montrée à l’exposition « 100 ans d’automobile » organisée en 1986 dans l’ancien Palais de la Culture de Prague où même Nuccio Bertone, qui travaillait à l’époque sur la future Skoda Favorit, se serait intéressé à elle. Par la suite, les deux créateurs de la Laura se sont rendus de nouveau en Tchécoslovaquie par la route puis, toujours la même année, l’un des deux exemplaires à subi une modernisation comprenant aussi une nouvelle peinture rouge.
Dimitri Parfenov et Guennadi Khainov ont constamment amélioré leur voiture. C’est entre 1990 et 1992 qui les ont fait évoluer le plus avec une nouvelle modification de carrosserie reprenant certains traits des Pontiac Firebird et Fiero de cette époque et un arrière rappelant la Toyota MR2 ou la Fiat X1/9. Sous le capot, ils ont installé un moteur cinq cylindres et la voiture a été rebaptisée « Laura xc20 ».
Les voitures ont fini par disparaître de la circulation au milieu des années 90 mais elles existeraient encore. Les deux hommes ont ensuite créé une société la société Laura Armored Vehicles spécialisée dans le blindage, en particulier de voiture américaines comme par exemple les Chevrolet Suburban ou Cadillac Escalade.
Lu sur : http://www.auto.cz/laura-1982-sovetsky-sportak-ktery-zaujal-gorbacova-108918
Adaptation VG