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La Dioss Rebel était un projet intéressant de coupé deux places du designer tchèque Vaclav Kral. Il utilisait des pièces de grande série de Skoda, VW et Seat mais finalement il n’a jamais dépassé le stade du prototype.

La République Tchèque a tenté à plusieurs reprises d’avoir sa propre voiture de sport. Si entre 1948 et 1989 ce genre de projet était quelque chose de pratiquement impossible, la Révolution de Velours a évidemment tout changé. Dioss, une holding de Plzen, fait partie des rares sociétés du pays à avoir réussi à mettre au point quelques prototypes roulants. Les différentes filiales de ce groupe sont très actives puisque l’une a réalisé un cabriolet basé sur la seconde génération de Seat Ibiza et une autre a tenté de vendre des tricycles Tribeta 50 et a aussi « électrifié » l’Oka russe avant de vendre ce projet aux Etats-Unis.

Mais la Rebel était d’un niveau au-desssus. Mesurant seulement 3,85 m de long, 1,65 m de large et 1,25 m de haut, ce coupé deux places à moteur arrière aux formes agréables signées Vaclav Kral se reconnaissait principalement par sa poupe massive. Pour commencer, on avait  fabriqué plusieurs maquettes en bois. Trois pour être précis : deux maquettes jaune à l’échelle 1:10 et 1:5 puis une maquette verte taille réelle. Le développement de la voiture avait été conduit par Vaclav Hostas dès le début 1994.

Cette voiture de sport était basée sur un châssis-cage tubulaire pesant lui-même environ 110 kg sur lequel étaient montés les panneaux de carrosserie en matière composite. La suspension réglable à roues indépendantes était composée de jambes de force MacPherson et de ressorts hélicoïdaux. L’empattement faisait 2450 mm, les voies avant et arrière respectivement 1420 et 1440 mm et les jantes en alliage de 14 pouces chaussées en 185/60. L’essieu avant était repris d’une Skoda Felicia moderne et le freinage assuré par des disques Lucas aux quatre roues. Le réservoir de carburant avait une contenance de 47 litres.

Le premier prototype bleu avec ses petits phares renfoncés cachait sous son capot le moteur 1289 cm3 OHV des Skoda Favorit et Felicia. Le prospectus de l’époque indiquait qu’il développait 75 ch à 5,500 tr/min et un couple de 110 Nm à 4,000 tr/min. Cela lui permettait d’atteindre une vitesse de 170 km/h et de passer de 0 à 100 km/h en 13 secondes. On proposait aussi un moteur moins puissant et un autre poussé à 109 chevaux. Dans tous les cas, il s’agissait d’une propulsion avec une boîte manuelle spéciale à six vitesses.

Ce prototype a été présentée à Prague et au Salon de l’Automobile de Brno en 1995, c'est un autre un autre prototype, jaune cette fois-ci, qui pouvait être admiré alors que le feuillet distribué au public montrait encore le prototype bleu original. Il portait encore le nom de Nova et on en a même fait de la publicité à la télévision !

Il était prévu de produire 100 à 250 exemplaires (par an) de la voiture mais ces chiffres étaient évidemment trop optimistes. Finalement, seulement trois prototypes ont été construits : bleu, jaune et rouge. Ils ont tous été réalisés chez Ecorra, cette entreprise située à Lubina près de Koprivnice (le berceau de Tatra). Le premier prototype avait un moteur Skoda 1,3, pesait 840 kg et était pratiquement complet. Les travaux sur celui-ci avaient duré près de deux ans. La finition et la préparation pour l’homologation ont eu lieu à Klavoty. Le poids autorisé en charge était de 210 kg maximum, une valeur toutefois un peu limitée pour pouvoir accueillir deux passagers et leurs bagages.

En avril 1997, le projet qui avait déjà englouti treize millions de couronnes tchèques a été abandonné alors que la production devait commencer à l’automne de la même année. Pourquoi ? Parce que Dioss était très endetté et après le changement à la direction du groupe, on avait besoin de se débarrasser des activités les moins rentables. On a bien tenté de vendre la production de la Rebel à des investisseurs praguois mais ils ont échoué lors de la procédure d’homologation du modèle de série. Et on ne pouvait pas la vendre à la Slovaquie car la voiture aurait dû passer par une nouvelle homologation ce qui aurait nécessité évidemment plus de temps et des investissements considérables.

Le rêve du directeur de Dioss, Jan Rulec, malgré le soutien de concessionnaires Skoda, y compris à l’étranger comme en Allemagne, en Suède ou en Grèce, ne s’est donc pas concrétisé. La Rebel a disparu de la scène et toutes les personnes qui travaillaient sur le projet ont été renvoyées. La dernière chance aurait pu être constituée par le team local TSI qui voulait faire courir la voiture, mais le projet est également tombé à l’eau. Les prototypes, y compris une carrosserie blanche inachevée ont fini par pourrir dans la cour de Dioss.

Le prototype jaune avait des dimensions légèrement différentes (3,93 x 1,71 x 1,22 m) et a reçu plus tard un nouvelle mécanique. Le moteur Skoda d’origine avait été remplacé par un 1781 cm3 VW de 125 ch. Finalement c’est la seule Dioss Rebel homologuée pour rouler sur route. Avec un couple de 173 Nm culminant à 4,100 tr et sa boîte à cinq rapports, elle pouvait atteindre les 100 km/h en 10 secondes tout rond et son poids à vide de 1075 kg lui permettait d’atteindre les 200 km/h. Selon Vaclav Hostas qui a participé à ses essais, initialement prévus sur 80,000 km (finalement on n’en a fait que la moitié), la Rebel jaune pouvait atteindre sans problème 240 km/h…

C’est précisément cette voiture qui a été rachetée il y a cinq ans, en novembre 2012, par Roman Schavel. Elle n’avait plus de moteur et il a commencé par installer un moteur VW 1,6 de Skoda Felicia. Puis, heureusement, il a réussi à se procurer l’un  des moteurs 16 soupapes de Seat Toledo qui avait été effectivement testé dans la voiture. Autospektrum 2000, un garage de Marianske Lazne connu pour la préparation de pickups pour la Freestyle Cup ou de berlines pour l’Octavia Cup l'a aidé à rénover cette voiture.

En mai 2013, le prototype jaune a été amené par son propriétaire à une rencontre de Skoda à Besiny. Outre la documentation technique fournie par Jiri Kral, le fils de Vackav Kral, il a réussi à sauver de la casse un châssis nu littéralement à la dernière minute.

La rouge et la bleue sont la propriété de particuliers. La rouge a été entièrement démontée il y a de cela plusieurs années pour être restaurée. Sa reconstruction devrait être bientôt terminée. Depuis le début, elle disposait d’un moteur 1,8 20V de Skoda Octavia première génération. A l'époque ce prototype avait été construit à la main en seulement 10 jours par quatre personnes et différait des deux autres Rebel par quelques détails comme par exemple les phares en saillies.

La bleue a été démontée pour pièces dès les années 90 mais n’a vraisemblablement pas été détruite et attend encore sa résurrection.

A noter que les trois prototypes ainsi que la maquette verte à l’échelle 1 ont été conservés pendant 12 ans au même endroit ! Incomplets, endommagés et exposés aux intempéries ils ont donc survécus jusqu'à nos jours. Le sort de la maquette présentée avec l'un des prototypes au Salon de l’Automobile de Brno il y a de cela 22 ans n’est par contre pas clairement établi.

Lu sur : http://www.auto.cz/dioss-rebel-originalniho-ceskeho-sportaku-se-melo-vyrabet-250-rocne-nakonec-vznikly-tri-proc-100594
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Tchéquie, #Dioss, #Petit constructeur, #Prototype, #Kral