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Oka : le sort d’une voiture unique et pourtant nécessaire.

On dit souvent qu’AvtoVAZ offre désormais des voitures si abordables qu’on ne peut trouver aucune alternative chez les autres constructeurs dans la même gamme de prix. Pourtant il manque quelque chose dans l’offre du constructeur russe... Une petite citadine héritière de l’Oka ! Nous avons décidé de revenir sur son histoire et de démontrer pourquoi une voiture de ce type est grandement nécessaire dans la gamme Lada.

Avant de parler de l’avenir, il faut remonter dans le passé. Mais finalement pas trop loin car l’Oka est née juste avant la chute de l’Union Soviétique.

C’est en 1988 que débute à l’Usine Automobile de la Volga (VAZ) la production d’une nouvelle petite voiture, la VAZ-1111 Oka, une voiture développée depuis les années 70 par l’Usine Automobile de Serpoukhov (SeAZ). Cette voiture se distinguait par son extérieur assez moderne pour son époque, par la facilité d’entretien et de réparation de son moteur bicylindre 0,65 litre à carburateur (il s’agit d’un moteur 1300 de Samara coupé en deux), par son système de freinage à double circuit, sa faible consommation de carburant et son prix « démocratique ». Outre chez VAZ, sa production est lancée également chez SeAZ et chez ZMA à Naberezhnie Tchelny.

En 1995 AvtoVAZ stoppe la fabrication de l’Oka sur le motif de la faible rentabilité d’une voiture au prix si peu élevé sur sa principale chaîne de production. SeAZ et ZMA continuent à produire seuls l’Oka. AvtoVAZ développe néanmoins pour la VAZ-1111 un nouveau moteur de 0,75 litre (toujours basé sur un moteur de Samara, mais le 1500 cm3 cette fois-ci) et le livre aux deux usines d’assemblage. Le nouveau modèle s’appelle désormais VAZ-11113.

En 1996, le magazine Autoreview organise le premier crash-test indépendant de l’Oka. Celui-ci montre un résultat quelque peu inattendu : bien que la sécurité globale de la petite voiture est décevante, elle fait un score relativement meilleur que les traditionnelles Jigouli : 2 étoiles contre 1. Le conducteur et le passager ont bien une chance de survivre en cas de choc frontal. La déformation de la carrosserie est significative mais grâce à son faible poids elle absorbe une partie du choc. La roue de secours située sous le capot a un impact négatif sur le résultat mais sur le point de vue du déplacement du pédalier et de la colonne de direction, l’Oka faut mieux que la VAZ-2107 et l’IZH Oda.

En 2002, Avtoreview organise un deuxième crash-test de l’Oka désormais équipée de ceintures de sécurité à inertie au lieu de ceintures statiques. Cette seconde Oka obtient de moins bons résultats. La déformation de la carrosserie est plus forte et les ceintures sont moins efficaces que des ceintures « primitive ». Mais au final le nombre d’étoiles est identique à celui obtenu en 1996.

En 2003, le grand public découvre le projet Oka-2 (VAZ-1121). Il s’agit d’un prototype roulant. En 2004, ce prototype est même aperçu dans les rues de Togliatti où l’usine le test en conditions réelles. On prévoyait l’utilisation d’un moteur bicylindre à injection mais aussi un quatre cylindre de Lada-2110. Malheureusement, le projet ne verra jamais le jour en série.

2005 est l’année du premier moment difficile dans l’histoire de la petite citadine : VAZ et KamAZ décident de vendre les filiales qui s’occupent de son assemblage. KamAZ veut se débarrasser des actifs superflus et se concentrer sur la production de camions et VAZ considère que la production chez SeAZ n’est pas rentable. De plus, commencent à poindre à l’horizon des réglementations écologiques auxquelles le moteur à carburateur de l’Oka ne pourra plus se conformer...

En 2006, ZMA entre dans le capital de Severstal-Avto et arrête la production de la VAZ-11113. SeAZ essaye à son tour de résoudre le problème lié aux nouvelles normes environnementales en installant un nouveau moteur, un trois cylindres à injection de 1 litre de cylindrée développant 53 ch produit par le Chinois FAW et couplé à une boîte cinq rapports.

Malheureusement, SeAZ est déjà à l’agonie. Si une Oka a carburateur coûte à l’époque environ $3,300, la version équipée du nouveau moteur revient à $4,500... La hausse des prix et des coûts de production finissent de tuer la demande sur ce modèle qui en arrive à coûter le même prix qu’une VAZ-2107 qui joue pourtant dans un autre segment ! SeAZ arrête la production avant de la reprendre uniquement dans le but de la vendre en collection de pièces détachées à d’autres assembleurs. Ni la version Gnom qui se présente comme une fourgonnette, ni une dernière tentative de modernisation (moteur, habitacle, parties roulantes et extérieur) ne réussiront à sauver l’Oka. En novembre 2008, SeAZ cesse la production de l’Oka, le début de la crise économique ayant finalement raison de la faible demande...

Voici donc une partie de l’histoire sombre de cette voiture produite par un constructeur qui réussira pourtant à fabriquer jusqu’en 2012 des modèles dérivés des Jigoulis conçues dans les années 60... Mais le plus dramatique dans cette histoire est que l’Oka représentait de fait un segment à part permettant de toucher toute une partie de la population et que ce segment a complètement disparu. Il n’y a eu depuis aucune autre alternative ni en terme de prix ou de dimensions...

La petite VAZ-11113 avait pourtant un rôle social car elle était fournie gratuitement aux anciens combattants et aux personnes handicapées. Les grandes portières lui permettaient un accès facile à bord ce qui était un avantage indéniable pour les personnes handicapées et son faible coût d’entretien, sa facilité de conduite en raison de sa taille modeste et de la traction avant, ainsi que sa faible consommation de carburant ne faisaient que renforcer ce rôle social.

L’Oka était aussi la meilleure solution pour les familles à faibles revenus qui avaient besoin d’une voiture, comme par exemple les habitants des campagnes et des petits villages qui avaient besoin d’un moyen de transport pour se rendre au chef-lieu de district ou les familles avec enfants qui vivaient en banlieue et qui n’étaient pas en mesure d’entretenir ou de réparer une voiture d’occasion...

En toute objectivité, l’Oka n’était pas si mauvaise pour la ville. Pour rester dans le trafic, il fallait certes solliciter impitoyablement les 33 chevaux de son petit moteur - ce qui réduisait son espérance de vie - et aussi jouer en permanence du levier de vitesse... Mais d’un autre côté, les freins assistés à double circuit avec disques à l’avant, la direction à crémaillère (et pas à vis sans fin comme sur la Jigouli) et la traction avant classaient l’Oka dans la catégorie des Lada moderne au même titre que la Samara ou la 2110. Ses faibles dimensions lui donnaient même un avantage certain.

On peut difficilement ne pas être d’accord avec le fait que la présence sur le marché d’une voiture coûtant de 140 à 180 mille roubles pourrait grandement faciliter la vie des nombreuses personnes pour qui l’achat d’une voiture d’occasion ne constitue pas le meilleur choix. Car il faut acheter la voiture mais aussi la « nourrir », l’entretenir, l’assurer, payer les taxes, la laver, la réparer... Quand c’est une petite voiture, cela coûte moins cher.

Qui dit deux cylindres dit seulement deux bougies d’allumage et comme elle se vendent par lot de quatre on en disposera pour deux révisions. La capacité en huile est seulement de 2,5 litres pour le moteur et 1,8 litres pour la boîte de vitesse. Donc un bidon de cinq litres pourra aussi servir pour deux révisions soit environ 20,000 km (sous réserve que le moteur est encore en bon état et ne nécessite pas de faire l’appoint). Le remplacement des pneus de 12 pouces coûtera moins cher que sur une Jigouli. La consommation de carburant moyenne sur route sera de 4,5 à 5 litres et n’excédera pas 6,5 litres en ville. Ce n’est pas beaucoup, mais ce n’est pas non plus exceptionnel compte tenu de la cylindrée ridicule du moteur.

Tout cela pourrait permettre aux petits budgets de faire des économies et de dépenser l’argent pour d’autres besoins. Les habitants de la capitale qui peuvent s’offrir une voiture étrangère trouveront rigolo que l’on parle d’économies de bougies d’allumage ou d’huile mais il ne faut pas oublier qu’il y a des régions en Russie où le salaire tourne autour de 8 à 15,000 roubles par mois et que les personnes qui ont ce niveau de salaire veulent aussi pouvoir se déplacer... Bref, à quand la nouvelle Oka ?

Lu sur : http://fishki.net/auto/1458614-oka-o-sudbe-unikalnoj-mashinki-i-pochemu-nam-ee-ne-hvataet.html
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #VAZ, #Lada, #1111, #Oka, #SeAZ, #ZMA, #Analyse