![[Abandonned Place] Les prototypes NAMI !](https://image.over-blog.com/kwQYSuXytWb9cqQ6fYt7n2SFsCw=/fit-in/300x300/filters:no_upscale()/image%2F0782406%2F20150124%2Fob_17d786_343.jpg)
En 1916, le gouvernement russe est pleinement conscient de la nécessité de mécaniser les transports terrestres et de remplacer les animaux de trait. La 1ère Guerre Mondiale, qui continue de faire rage, a servi de catalyseur. Elle a parfaitement montré la nécessité vitale pour l’armée de l’automobile. Afin de développer ce nouveau secteur de l’industrie, l’Etat va débloquer des fonds pour construire six usines automobiles. Logiquement, outre ces usines, il faut aussi mettre en place des instituts scientifiques afin de développer et introduire de nouvelles technologies dans la fabrication des voitures mais aussi pour créer de nouveaux modèles. C’est pourquoi l’Institut NAMI a été créé juste après la fin de la guerre.
01. Les experts de cet institut ne sont pas restés les bras croisés. Durant toute son existence, il a apporté une énorme contribution au développement de l’industrie automobile en Russie. Pratiquement toutes les véhicules de production nationale sont passés - à un degré ou un autre - entre les mains des employés de l’Institut NAMI puisqu’en plus de la réalisation de prototypes, ils s’occupaient des tests d’homologations et de la mise en place de la production en série. Naturellement, toutes les voitures créées par NAMI n’ont pas été fabriquées en série et l’institut a accumulé un certain nombre de prototypes dont certains étaient tout à fait inhabituels et originaux, si ce n’est totalement extravagants.
02. Ces voitures ont été réalisées en très petites quantités. Souvent, elles n’ont existé qu’à un seul exemplaire et malheureusement, elles n’ont pas tous été conservées jusqu’à nos jours. Certains prototypes ont été démontés, certains ont terminé leur vie dans un musée et d'autres sont encore conservés aujourd'hui par NAMI. Par une heureuse coïncidence j’ai eu la chance d’entrer dans un hangar au toit qui fuit où sont conservés des prototypes datant de la fin du XXème siècle et du début de XXIème siècle.
03. Le premier prototype rencontré sous ce hangar est le NAMI-0342 « Kouzia » développé à la fin des années 80.
04. Il s’inspire du Multicar M25 est-allemand qui a fait son apparition en URSS à la veille des Jeux Olympiques de 1980. Il a été utilisé par les services publics et a rapidement gagné en popularité dans le pays. En tout, près de 20,000 Multicar ont été achetés à la RDA. Le succès de ce véhicule est facile à expliquer. Par ses petites dimensions et ses fonctionnalités (on peut adapter au Multicar M20 près de vingt équipements spéciaux) il pouvait réaliser absolument toutes les tâches des services techniques des villes où des véhicules plus gros étaient totalement inadaptés.
05. En 1988, l’Usine Automobile de Koutaïssi (KAZ) a l’idée de créer son propre petit camion multi-fonctionnel destiné au monde agricole. Avec la participation de l’Institut NAMI, deux prototypes réalisés à l'aide de composants et de pièces de grande série sont fabriqués. Pour on ne sait quelles raisons, KAZ a finalement abandonné l’idée de le fabriquer en série et n’a même pas jugé bon d'en acheter la documentation technique, de sorte que ce petit camion est resté la propriété de NAMI. Ce dernier a continué à travailler sur ce concept et quelque temps plus tard, une version encore simplifiée, appelée « Kouzia » a fait son apparition. Cet homonyme du personnage de dessin animé a été exposé à divers endroits. Il a même été inscrit dans les programmes ministériels qui prévoyaient de le fabriquer en série. Malheureusement, la promesse ne s’est jamais concrétisée et aujourd’hui le « Kouzia » se trouve dans cet hangar poussiéreux.
06. Bien que le NAMI-0342 n’a pas abouti à un véhicule de série, l’idée de créer un véhicule de ce type est toujours d’actualisé. En février 2006, le Ministère de l’Agriculture a lancé un appel d’offre pour la création d’un véhicule de transport de petit gabarit (programme MMTS). Les délais étaient très serrés mais NAMI a réussi à proposer deux versions de MMTS et en fabriquer cinq prototypes ce qui lui a permis de remporter l’appel d’offre. Ces prototypes ont été exposés la première fois à « Zolotaïa Osen 2006 » où ils ont reçu de très bonnes critiques. Le plus petit « tracteur automobile » était ce NAMI-2339 vert salade mesurant à peine plus de 3,5 mètres.
07. Malgré sa taille, c’est un véhicule deux places à quatre roues motrices avec une cabine fermé et chauffée, disposant d'une benne basculante et d'un arbre de prise de force indépendant à l’avant et à l’arrière pour divers équipements.
08. Afin de réduire les coûts et limiter les éventuels problèmes de réparation, toutes les pièces proviennent de modèles de série de production nationale.
09. Par exemple, le moteur du NAMI-2339 provient de la VAZ-21082 et à la demande du client il peut fonctionner à l’essence ou être adapté au gaz.
10. L’objectif principal du NAMI-2339 était d’occuper une niche dans le secteur agricole et on le destinait aux petites entreprises ou des petite exploitations privées.
11. Vu que huit ans ont déjà passé et que l’on a plus entendu parler de ce « tractormobile », il est probable qu’il soit resté unique et qu’il ait terminé sa vie en ces lieux.
12. La vie du second véhicule réalisé lors de cet appel d’offre est un peu différente. Lors de l’exposition de 2006 trois versions se distinguant par leurs dimensions ont été présentées : NAMI-1337, NAMI-1338 et NAMI-2338.
13. Comme le MMTS vert salade, toutes les pièces proviennent de véhicules de grande série. Le moteur diesel à refroidissement par air a été conçu par l’Usine de moteurs et tracteurs de Vladimir. Le châssis est celui d’un GAZ Sobol légèrement modifié, tout comme les ponts et la boîte de vitesse. D’ailleurs la transmission est très intelligemment conçue. Pour augmenter le couple, un réducteur à 4 rapports réalisé à partir d’une boîte de vitesses standard de GAZ-53 est accolé à la boîte de vitesse du Sobol. Le levier de commande provient de la VAZ-2108. Une autre boîte de transfert de GAZelle 4x4 est également installée ce qui permet d’avoir une transmission avec de multiples vitesses. Elle porte le nom,très occidental de « Tranceaxis » et permet d’avoir 40 vitesses avant et 20 vitesses arrière ! Mais par soucis de simplification et facilité d’utilisation, on ne prévoyait de ne conserver que 12 vitesses avant et 4 arrière.
14. En 2010, ce véhicule a enfin été terminé et cinq mois plus tard sa production en série a pu être organisée à Velikiï Novgorod sous la marque Silant. C’est la plus grande des trois versions qui a été choisie : le NAMI-2338.
15. Mais la société « Avtospetsoborudovanie » qui s’occupait de cette production était au bord de la faillite et a demandé l’aide de la région de Nijni-Novgorod. Le gouverneur qui soutenait le projet a obtenu une ligne de crédit d’un montant de 230 millions de roubles. En 2011, les ventes ont débuté et la société a même pu bénéficier d’un programme fédéral d’achat de véhicules de pompiers.
16. C’est alors que les problèmes ont commencé car le Silant avait une faible charge utile - seulement 1 t. Les véhicules connaissaient des problèmes de transmission et de châssis et les pneus aussi, qui étaient loin d’être adaptés, se dégradaient en quelques centaines de kilomètres. L’entreprise a passé pratiquement toute l’année 2011 à essayer de résoudre ces problèmes, a réussi à multiplier sa capacité par trois, a renforcé le châssis. L’achat par Rosleskhoz de 60 véhicules devait améliorer quelque peu la situation mais cela n’a fait que retarder l’irrémédiable. En 2012, les procédures judiciaires contre Avtospetstroï, en cessation de paiement, ont été lancés. Il n’y avait plus d’argent dans les caisses et il ne restait plus que des dettes ce qui n’est pas étonnant compte tenu du faible nombre de commandes (on n’en comptait que 12 à la fin de 2013). Le prix de vente du Silant était probablement trop élevé.
17. Le NAMI-2338 en raison de sa relative réussite ne se trouve pas sous ce hangar, mais on y trouve ses « petits-frères », les NAMI-1137 et NAMI-1338 qui n’ont été produits qu’à un seul exemplaire.
18. En 2006, l’Institut NAMI a également réalisé dans le cadre de l’appel d’offre « Education » un bus scolaire. Il est basé sur le GAZ-3310 Valdaï.
19. A l’intérieur on trouve des sièges adaptés aux enfants avec des ceintures de sécurité à enrouleurs. Près de chaque rangée de siège, on trouve un bouton rouge d’alarme pour alerter le conducteur. En dessous des vitres, la carrosserie est renforcée par des renforts tubulaires rappelant l’Union-Jack britannique. Ce minibus peut accueillir 11 enfants et deux accompagnateurs.
20. A première vue tout semble bien pensé et on peut se demander pourquoi ce minibus est couvert de poussière et de toiles d’araignées. Mais à y regarder de plus près c’est assez logique. Il n’y a pas assez de place pour emmener une classe entière au musée ou à une exposition. Il faudrait trois bus de ce type ce qui est peu pratique et surtout très coûteux. Deuxièmement, ces minibus scolaires sont avant tout utiles dans les zones rurales où les routes existent seulement sur les cartes. Celui-là n’avait ni transmission intégrale, ni la puissance nécessaire pour rouler hors-piste...
21. Outre la création de nouveaux modèles, les ingénieurs de l’Institut NAMI ont travaillé également à l’amélioration de modèles existants.
22. L’un des exemples est cette NAMI GAZ-3102 Volga Prestige. Elle a été fabriquée en 1995 à un seul exemplaire.
23. L’idée était de modifier la carrosserie de la Volga avec des éléments en fibre de verre originaux pour rendre la voiture plus moderne et plus dynamique.
24. Mais à priori cette variation sur le thème de la GAZ-3102 n’avait pas été demandée par GAZ et cette « Prestige » ne s’est jamais rendue dans des lieux prestigieux.
25. Au milieu des années 90 les designers de NAMI se sont aussi chargés de la transformation de la VAZ-1111 mais la voiture n’a pas survécu jusqu’à nos jours. Mais dans ce hangar à moitié abandonné on trouve une Oka cabriolet !
26. Parmi les petites voitures, dans une pièce séparée du hangar, se trouvent des concept-cars uniques réalisés en 1987 et 1988. Ce sont les NAMI-0288 Compact, NAMI-0284 Debut I et Debut II. Il faut noter qu'en 1989 la Compact a été désignée l’un des cinq plus intéressants prototypes d’un salon au Japon.
27. Ce ne sont pas seulement leur apparence mais aussi leurs caractéristiques techniques qui attirent l’attention. Malgré leurs petites dimensions ces voitures peuvent accueillir cinq passagers. Elles avaient un ordinateur de bord, la suspension pneumatique de la Compact était d'ailleurs gérée par microprocesseur. Le poids de ces voitures était très faible : 650 kg avec le réservoir rempli de carburant sans plomb, par respect de l’environnement. Leur vitesse maxi était de 150 km/h et la Compact pouvait passer de 0 à 100 km/h en 13 secondes.
28. Contrairement à la Compact, les deux prototypes Debut n’ont jamais été exposés à des salons internationaux. A l’époque soviétique ces voitures étaient uniques avec leur suspension pneumatique avec garde au sol variable, le cruise-control ou l’embrayage piloté.
29. Malheureusement ces prototypes n’ont jamais abouti à la production en série. Pourtant ils étaient formidables. Il faut mettre en cause le retard de l’industrie automobile soviétique et la situation financière déplorable du pays à l’époque de la pérestroïka.
Lu sur : http://saoirse-2010.livejournal.com/42410.html
Adaptation VG