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Quand on voit les étagères des magasins crouler sous le poids des marchandises, il est difficile de croire qu’il y a seulement trois décennies faire ses courses était un sport véritablement éreintant. Ceux qui ont connu la période de la PRL (République Populaire de Pologne) ont un souvenir commun : les files d’attente ! C’est aussi durant cette période que les Polonais n’avaient qu’une idée en tête : posséder leur propre voiture !
Dans les années 60, la Banque Pekao a commencé à vendre des Fiat, Renault, NSU, Volkswagen et Hilman. Ce n’est pourtant que dans les années 70 que les autorités de la PRL ont autorisé la vente de pièces de rechange ou de pneus importés. Un peu plus tard, le célèbre réseau Pewex a pris le relais de la Banque Pekao. Dans ses magasins – et bien sûr contre des dollars – on pouvait non seulement se procurer les meilleurs alcools, des jeans, des parfums, mais aussi des voitures, des pièces détachées ou des pneus.
Le prix de ce dernier était d’environ 40 dollars. Un jeu complet de pneus pour la PF-125p coûtait donc les yeux de la tête. Quand on sait qu’en 1979, le salaire moyen était de 5327 zlotys, l’achat de quatre pneus d’importation constituait une dépense considérable, de l’ordre de plusieurs mois de salaire !
Fait intéressant, durant la période de l’Etat de Guerre, les Etats-Unis avaient mis en place un embargo commercial avec la République Populaire de Pologne, mais cela n’empêchait aux pneus du plus célèbre producteur américain, à savoir Goodyear, de passer derrière le Rideau de Fer ! Le service de pièces de rechange de Pewex a fonctionné jusqu’à la fin des années 80 mais même après la chute du régime, les pneus restaient un bien de luxe payable en devises fortes.
Acheter des pneus n’était pas le seul soucis de l'automobiliste polonais. L’essence était également problématique : en 1970, le carburant de la PF 125p coûtait 6,5 zlotys par litre. En supposant que le salaire moyen de l’époque était de 2235 zl, on ne pouvait payer qu’un peu plus de 300 litres d’essence. La consommation de la « Duzy Fiat » étant d’environ 10 litres aux 100 km, un mois de salaire ne permettait donc de parcourir que 3400 km... Un chiffre bien théorique puisqu’avec le problème de la disponibilité de l’essence, les automobilistes disposaient de cartes de rationnement.
Les années 1972-1975 ont pourtant offert aux Polonais une belle occasion de s’offrir une voiture puisque c’est à cette époque qu’ont été introduit les bons d’épargne pour acquérir la PF 126p. L’argent devait être versé sur un livret auprès de la banque PKO et l’on prenait livraison de sa voiture après avoir honoré tous les versements... du moins en théorie. Les livrets ouverts dans les années 1972-1975 auraient dû être clos à la fin de l’année 1980, pourtant, en 1981, il y avait encore plus de 10,000 épargnants qui n’avaient pas encore eu leur voiture.
Les trentenaires se souviennent du régime communiste principalement à travers le prisme de l’enfance – les chewing-gums Donald, les chocolats vendus au poids, les sachets d’orangeade, les baskets Sofix et Teleranek à la télévision. Pour leurs parents et grands-parents, la réalité était moins rose. Il faut imaginer ce qu’il fallait pour acheter ne serait-ce qu’un pneu alors qu’aujourd’hui on peut s’en payer facilement quatre !
La Pologne a certes beaucoup changé au cours des 25 dernières années, mais la période de la PRL a laissé de bons souvenirs à certains : le temps de la jeunesse, la première voiture ou le premier voyage à l’étranger. Et l’automobile objet de désir de la PRL est une source intarissable d’évènements, d’émotions et même d’anecdotes.
Lu sur : http://moto.onet.pl/przedmioty-pozadania-prl-u-niedostepna-motoryzacja/s88p4
Adaptation VG