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VAZ-2101 : une Kopeïka idéale !

Aujourd’hui notre invitée est la VAZ-2101, la fameuse « Kopeïka » ! Autrefois, elle était le rêve de millions de citoyens soviétiques et encore aujourd’hui nombreux sont ceux qui se souviennent de cette voiture avec des frissons. Rencontre avec un très bel exemplaire appartenant à deux Biélorusses.

Cette VAZ-2101 a déjà 36 ans. Elle serait bonne pour la retraite et pourtant elle semble à peine tombée de chaîne. Que dit son compteur ? Elle n’a que 72,000 km ! Sa peinture couleur « bleuet » brille encore et il n’y a aucune trace de rouille. Son moteur 1,2 tourne comme une horloge. Elle fait la fierté de ses propriétaires, Andreï et Sergueï Ianchik. « Combien vous donneriez pour ce miracle ? » A une époque où le prix d’une voiture normale ne descend pas sous les $10,000, acheter une voiture en très bon état pour seulement $1,000 constitue un miracle. Et ce n’est pas seulement une voiture en état de marche, mais aussi une voiture de collection ! La VAZ-2101 peut aujourd’hui à juste titre est considérée comme telle.

Le lieu de la séance de photos n’a pas été choisi au hasard. Ces vieux bâtiments, ces portes de garage délabrées rappellent l’Union Soviétique ! Ce qui est rigolo, c’est que cette VAZ-2101 a achetée dans ce quartier !

- C’est étonnant. L’ancien propriétaire de cette voiture a vécu ici. Quand mon frère et moi avons acheté cette voiture il y a un an, nous l’avons sortie d’un garage pas loin de là. C’est la fille de cet homme âgé qui était chargée de la vendre. Nous avons examiné la voiture. Elle était dans un état de conservation étonnant. Les planchers n’étaient pas attaqués par la rouille, le silencieux d’échappement était d’origine. On pouvait faire confiance au kilométrage affiché par le compteur. Nous l’avons donc achetée. Aujourd’hui c’est surtout mon frère qui la conduit. Il avait besoin d’une voiture. Pas une voiture à $10,000 car il roule peu. Je la prends aussi parfois. C’est un vrai plaisir. Je fais repeindre ma voiture et cette semaine la Lada est à moi !

Andreï prend soin et connait bien cette VAZ-2101 :

- Elle ne conviendra pas aux gens nerveux. Elle est comme une jeune fille. Si vous ne lui plaisez pas, elle ne démarrera pas. Elle est capricieuse. Il faut respecter une procédure bien établie le matin : enfoncer trois fois la pédale et tirer doucement le starter. Je suis habitué. Je sais ce qu’elle veut. La voiture est en bonnes conditions mais c’est une voiture russe. Son défaut est la qualité d’assemblage. Par exemple, pourquoi le moteur avait une durée de vie avant réfection fixée à seulement 200,000 km ? Toutes les « consommables » sont de faible qualité : la M8, ce n’est pas une huile de moteur, c’est de la boue ! Et les pièces modernes pour ce type de voiture doivent aller directement à la poubelle. Rien ne vaut les pièces d’origine...

- Qu’avez-vous fait sur la voiture depuis son achat ?

- Vidange, remplacement des bougies, du faisceau d’allumage et de la bobine. Le point faible à l’extérieur ? Les moulures sur les bas de caisse. Ils étaient absents mais nous avons réussi à en trouver un ensemble complet. Elle roule à l’essence avec un taux d’octane de 92. Le moteur est conçu à l’origine pour fonctionner au 76 ou au 80. « Nos » ingénieurs avaient installé entre la culasse et le bloc cylindre une épaisse plaque en duralumin, l’étanchéité étant assurée par deux joints de de culasse. Nous avons enlevé ce qui était inutile et laissé un seul joint, diminuant ainsi la chambre de combustion. Nous avons réglé l’allumage sans lampe stroboscopique. A l’oreille ! Les roues ont été repeintes en blanc. Et c’est tout.

Quelques jours avant notre rencontre la voiture a connu sa première panne. Le moteur refusait de démarrer. Le problème a été résolu en remplaçant la bobine d’allumage.

- Bien sûr la voiture consomme de l’essence à plein seaux. On est souvent aux alentours de 10 litres aux cent, mais à 70-80 km/h on peut descendre à 7-8 litres. Le réservoir est petit, il ne fait que 39 litres et se trouve dans le coffre. Le chauffage est efficace. il n’a d’ailleurs que deux réglages : chaud et très chaud. Pas la peine de se presser à son volant, ce n’est pas une voiture rapide. Vous remarquerez que beaucoup de gens se retournent sur son passage. La couleur est jolie, elle est en excellent état. Nombreux sont ceux qui voudraient la racheter... mais je m’en voudrais. Malgré tout c’est une voiture difficile à conduire tous les jours, mais le week-end pour la balade...

Les deux frères ont en projet pour l’année prochaine de repeindre la voiture, de refaire le traitement anticorrosion, de trouver les tapis de sol en caoutchouc d’origine. N’essayez pas de leur parler de tuning, ni de la vente de la voiture !

Comment se conduit cette voiture au 21ème siècle ? J’ai eu la chance de conduire cette légende. Le moteur sous le capot est un 1,2 litre. En son temps, la puissance au litre de ce moteur 8 soupapes était considérée comme très élevée. 64 chevaux pour 1198 cm3 était une valeur très honnête. Le couple est faible mais permet de s’insérer dans le flux de la circulation. Le moteur est très souple, cela ne sert à rien d’appuyer comme un fou sur la pédale d’accélérateur. Et à faible régime, la puissance est déjà là.

La voiture est douce à conduire. Les vitesses passent facilement. Il faut toutefois enfoncer la pédale de freins plus que d’habitude pour ralentir. Selon la tradition des voiture russes avec une garde au sol élevée, la suspension est indestructible. « Des trous ? Non je n’ai pas remarqué ». Les passages de vitesses m’ont surpris. Le débattement du levier est court et les vitesses s’enclenchent bien. Je ne m’y attendais pas. Le volant est difficile à tourner par rapport aux autres voitures de l’époque : il faut faire des efforts importants. Mais pour le reste, rien que du bon. Conduire au 21ème siècle une voiture de 36 ans ne s’avère pas si difficile.

Dans les années 70, cette voiture constituait pour l’industrie automobile soviétique un grand bond en avant. Le prototype de la nouvelle voiture soviétique était la Fiat 124 italienne, qui avait remporté en 1965 le titre de « Voiture de l’Année ». La VAZ-2101 « Lada » est le premier modèle produit par l’Usine Automobile de la Volga. Entre 1970 et 1988, elle a été produite à environ 4,85 millions d’exemplaires. Elle a servi de base à celles qu’on appelle les « Classiques » chez Lada dont le dernier modèle est resté sur la chaîne jusqu’au 17 septembre 2012. Selon les résultats d’un sondage mené en 2000 en Russie, la VAZ-2101 a été désigné meilleure voiture russe du 20ème siècle.

Légende des photos :

  • Cette étiquette sous le panneau du coffre indique que la voiture est peinte dans une peinture synthétique « 480-bleuet ».
  • Les poignées des déflecteurs ont été collées car elles prenaient souvent le large... Les déflecteurs permettent de diriger un flux d’air sur l’intérieur du pare-brise mais ils limitent un peu la visibilité.
  • La voiture ne présente aucun signe de corrosion. On a l’impression que cette Jigouli vient de quitter la chaine de montage.
  • Il n’y a pas de lave-glace électrique. On trouve une petite pompe manuelle actionnée par ce un bouton en caoutchouc. Le réservoir est une simple bouillote soviétique en caoutchouc... Cela a de quoi amuser un automobiliste moderne.
  • Le bouton au centre permet d’éclairer le tableau de bord. Dans une Moskvitch-412 de la même époque, le tableau de bord s’éclairait en allumant les phares et on pouvait en régler l'intensité.
  • Les poignées de portes arrière (qui servent aussi d’accoudoir) intègrent un cendrier. Sur les Lada modernes, c’est un option, et les Jigouli en ont trois !
  • On peut régler l’inclinaison des sièges de deux manières : en tirant cette poignée et en la tournant.
  • Les contre-portes comportent des petits vides-poches.
  • Le tableau de bord peut paraître simpliste mais il est facile à lire. Sur certaines Kopeïka on entend le cliquetis de l’aiguille du compteur. Pas dans celle-ci.

Lu sur : http://www.abw.by/news/154874/

Adaptation VG

Tag(s) : #Rencontre, #Essai, #Lada, #VAZ, #2101