La rédaction a reçu près de 10,000 lettres dans le cadre de notre concours « Trouvons la plus vieille Kopeïka ». Nous avons lu chacune d’entre-elles. Nombreuses sont celles qui mentionnaient non seulement l’année de production, le numéro de carrosserie et de châssis mais aussi comportaient des photos, des anecdotes ou des histoires personnelles. Dans toutes, on pouvait lire les remerciements « au personnel de VAZ pour avoir fabriqué cette voiture renversante ! »
Nous continuons à recevoir des lettres, à avoir des coups de fils. Parfois ce sont des fous rires quand nous répondons à un appel provenant de loin et que l’on entend un fort accent : « C’est toi qui échange de vieilles Jigoulis contre des neuves ? » - « D’où appelez-vous ? » - « De Bachkirie. Nous avons entendu à la radio que le 10 décembre les vieilles Jigoulis seront échangées contre des neuves ! ». Nous expliquons à notre interlocuteur de quoi il est question, que nous n'allons offrir qu’une voiture et que cela ne sera pas échange de la plus vieille des Kopeïka, année-modèle 1970. « Et quand vous ferez l’échange pour un modèle 74 ? ».
Il y aussi des lettres après lesquelles on aurait envie de pleurer. Et toutes les autres...
Raïssa Ovcharova, Syzran :
« ... Avec mon mari, nous avons épargné pendant 3 ans, nous interdisant beaucoup de choses, et quand nous l’avons enfin achetée, nous étions heureux et fiers. Notre bonheur était sans limite ! Avec elle, nous avons été partout ! Nos filles ont grandi avec. Nos petits enfants aussi. Mon mari nous a quitté mais notre chère « Natachka » continue à rouler.
Je regarde cette voiture avec tant de tendresse et d’affection. Quand je vais la voir, je m’installe à l’intérieur comme je le faisais avec mon mari... Mais maintenant, c’est mon frère qui prend le volant. Pas mon mari. C’est tellement triste ! Quand je suis seule, les souvenirs reviennent... Et parfois je pleure. Avec cette Kopeïka j’ai vécu une des parties les plus intéressantes et les plus heureuses de ma vie... Enfin presque toute ma vie ! ».
Alexandre Vataguine, Moscou :
« Voilà un souvenir qui relève du mystique. Un jour j’ai mis ma voiture entre de mauvaises mains. Celles d’un ami pour une courte course. Quand il me l’a ramenée, il m’a dit que le moteur faisait un drôle de bruit. Et c’était vrai ! Tout ce que j’ai essayé de faire n’y a rien changé. Et le mois suivant, il m’a lâché. Dès lors je n’ai plus fait confiance à personne ».
Valeriï Zaretskiï, lieutenant-colonnel au FSB, Lipetsk :
« J’étais en huitième quand le 5 janvier 1971 mon père et moi sommes allées à Rostov sur le Don chercher la voiture. Nous étions tellement contents que j’ai même écrit ce poème :
..... L’asphalte défile sous les roues de la voiture,
..... Elle semble lui parler d’amour et comme dans un conte de fée,
..... La Jigouli semble voler de virages en virages ».
Famille Vanioukovy, Tchebokrasy :
« Cette voiture nous a sauvé la vie deux fois. Une fois nous avons réussi à échapper à un ouragan, l’autre fois dans les montagnes à une coulée de boue qui avait emportée d’autres voitures ».
Maxime Lipets, Kazan :
« Sa qualité de fabrication étonne encore aujourd’hui. Même nue et sous la pluie, la tôle ne rouille pas. Le moteur a pu faire 3 à 4 tours de compteur alors que l’huile moteur était bien plus mauvaise qu’aujourd’hui. Je tire mon chapeau à ceux qu’il l’on conçue ! »
Gromozdine, Ministère des Affaires Intérieures, Stariï Oskol :
« Ma Kopeïka a aussi participé à des opérations de police et plus d’une fois elle m’a permis d'arrêter des criminels. Elle est en si bon état que le mois dernier on m’a proposé de me la racheter $1,000. J’ai refusé catégoriquement. On ne vend pas un ami ».
Avilova T., Stariï Oskol :
« Peut-être que l’amour que mon père porte à cette voiture, lui a permis de se remettre sur pieds après son infarctus, de reprendre le volant, de se sentir utile en sachant que dans le garage sa voiture, son amie, l’attendait ? L’été, il part avec ma maman à la datcha et l’hiver, presque tous les jours, il va dans le garage parler à sa voiture, comme à un bon ami, pour lui raconter les nouvelles de la vie quotidienne et de l’incertitude politique.
Quand papa et maman viennent nous rendre visite à bord de leur 2101 grisâtre, qu’ils approchent tranquillement de la maison, descendent lentement de cette voiture vieillissante, je comprends que rien n’est éternel. C’est comme cela que papa, maman et cette VAZ-2101 partagent leur vies depuis déjà 28 ans.
Mon père n'a qu'un seul souhait. Que sa voiture ne passe de vie à trépas avant lui... »
Alexandre Tchoumak et ses fils, agriculteurs, région de Rostov :
« A chaque fois que je passe près de ma voiture je me sens fier. Si vous ne la prenez pas pour la mettre au musée àTogliatti, je ferai moi-même - je suis à la fois architecte et artiste - un monument. Surtout que mes terres seront bientôt situées en bordure d’autoroute ».
Anatoli Leonov, Saint-Pétersbourg :
« Il y a quelques années, les affaires de mon épouse étaient florissantes et j’ai pu mettre mon salaire de côté pendant quelques mois. Elle commençait à me reprocher mon manque d’ambition. Mon âge. Celui de ma « Kopeïka ». Nous avons divorcé. Elle s’est achetée une Vosmerka (NDT : VAZ-2107) neuve.
La vie m’a permis de rencontrer une femme merveilleuse, plus gentille et plus jeune que ma femme d’affaires. Cela fera bientôt cinq ans que je mène une nouvelle vie. Et ensemble, nous roulons toujours en « Kopeïka ». J’ai compris qu’il faut faire preuve de patience dans la vie. Je termine ma lettre par un hymne à la « Kopeïka » : « Même si tu deviens grand-mère, tu continueras à être la plus belle, Lada ! »
Tcheglov A, Penza :
«... Sur les rives de la Mer Noire, nous faisions du camping sauvage. Une nuit il y a eu un orage et notre campement a été complètement inondé. Les eaux de la Mer Noire avaient submergé les berges. Nous avons décidé de lever le camp. Il y avait beaucoup de voitures et les robustes « Volga » sont passées les premières... mais elles se sont embourbées, ont noyés leurs moteurs et il a fallu les tracter. J’ai décidé de m’y risquer. Personne ne croyait que je pourrai passer. Le moteur était presque inaudible, l’eau submergeait le capot et le pare-brise, mais elle, notre voiture nationale, avançait, avançait. Le moteur n’a même pas toussoté une fois et la voiture a retrouvé le sec. Les autres conducteurs n’en croyaient pas leurs yeux et ma femme a sauté de la voiture, l’a embrassée avec des larmes dans les yeux, l’a regardée et s’est exclamée : « Oh, toi notre sauveuse, notre savante, notre beauté ! ». Et de fierté, j’ai moi aussi eu des larmes dans les yeux : la voilà notre Kopeïka ! ».
Jana Smolkova, Prague :
« A l’occasion d’un voyage d’affaire en Russie, j’ai par hasard acheté votre journal. Je l’ai montré à mon mari qui possède une VAZ-2101. Il l’utilise quasi quotidiennement depuis 28 ans pour aller au travail et nous avons voyagé dans toute l’Europe. Nous avons toujours été contents d’elle. Elle est absolument fiable et nous n’avons changé que quelques babioles. Nous aimons tous notre vieille Jigouli et elle le nous rend bien ».
Vassia, Lioussia et Andrioucha Fediakov, Novorossiïsk :
« ... Et son pare-brise est d’origine. C’est vrai qu’il comporte quelques impacts de cailloux. Les énumérer c’est revivre toute l’histoire de cette voiture : cet impact date de notre voyage de Magadan à Arman. Celui-ci de Kichinev, quand nous avons emmené notre sœur à l’aéroport. Et la pendule fonctionne toujours... comme pour ne pas nous porter la poisse ».
Légende des photos :
- J’ai toujours cru en elle et lui ai été dévoué. Je ne me souviens pas qu’elle m’ait trahi une seule fois (A. Kouzine, Verkhneouralsk. La voiture a 26 ans).
- Champignons, baies, les branches de bouleaux pour le bain, la forêt, la nature. Tout cela grâce à notre Kopeïka (R. Morozov, Region de Perm. La voiture a 28 ans).
- La route pour aller chez ma mère. C’est plus difficile que vos essais (Valerï Karalis, Irkoutsk. La voiture à 29 ans).
Encadrés :
- Le 30 novembre dernier, à la veille du 30ème anniversaire de VAZ, nous nous sommes mis à la recherche, en collaboration avec l’usine, de la plus vieille des plus vieilles des VAZ et nous nous sommes mis d’accord avec le Président Directeur Général, Alexeï Nikolaev, que la famille qui possèderait cette voiture se verrait offrir la voiture de son choix dans la gamme actuelle. Aujourd’hui nous publions un aperçu des lettres que nous avons reçues et les résultats intermédiaires. Iouri Gueïko, directeur d’Avtolikbase.
- La recherche de la « plus ancienne » va bientôt se terminer !
Voici pour l’instant le trio de tête :
1. Nikolaev I., Samara : moteur N°0000030, carrosserie N°0000091.
2. Zimikhina E., Samara : moteur N°0000034, carrosserie N°0000038.
3. Lessenko S., Magnitogorsk : moteur N°0000041, carrosserie N°0000099.
Les propriétaires de ces voitures nous indiquent qu'elles sont en état de marche et que leurs moteur et leurs carrosseries n’ont pas été changés. Les spécialistes de VAZ, après avoir vu les voitures, désigneront le vainqueur définitif. De plus, un de nos lecteurs, A. Kouzine de Verkhneouralskaïa considère que « les organisateurs d’un concours de ce type doivent prévoir aussi de récompenser ceux qui remporteront la deuxième et la troisième place. Nous sommes d’accord. La direction de l’usine devra prendre en compte cette remarque.
La recherche de la VAZ la plus ancienne est théoriquement terminée, mais nous donnons une chance aux retardataires. Vous pouvez encore participer au concours si vous vous manifestez jusqu’au 14 février inclus (par télégramme, téléphone, fax) auprès de la rédaction de la Komsomolskaïa Pravda avec une voiture plus âgée que les trois voitures énumérées ci-dessus.
J’espère que celui qui remportera le cadeau de VAZ, c'est-à-dire une voiture neuve, sera celui qui en a le plus besoin et qu’ils ne vendra pas ensuite sa Kopeïka miraculeuse... Bonne chance à tous !
Voir le scan de cet article publié en février 2000 par la Komsomolskaïa Pravda sur le forum RC : http://rcforum.ru/showpost.php?p=2071858&postcount=2392
Adaptation VG