La plus petite des Skoda, la Citigo, est produite aujourd’hui à Bratislava. Si ce modèle appartient à la catégorie des petites voitures les moins chères, il faut se rappeler qu’il y a un demi-siècle les véhicules de cette catégories étaient bien plus petits ! Peu chers, simplifiés à l’extrême et entraînés par des moteurs minuscules, ils étaient populaires et c’est pour cela que Skoda Plzen (Skoda Transportation de nos jours, fabriquant de trains, de tramways, etc...) a imaginé produire un véhicule de ce type.
De ce projet oublié, il n’existe que quelques photos et quelques dessins. En 1968, avant le Printemps de Prague, Skoda Plzen un entreprise jusque-là exclusivement orientée vers l’industrie lourde, envisage la possibilité d’introduire la production de biens de consommation et lance l’étude d’une petite voiture, la Skoda Mini. Le marché intérieur était très demandeur. Skoda avait fabriqué 92,717 Skoda 1000MB en 1966 et 55,331 exemplaires d’entre elles avaient été exportées. Les importations de voitures en Tchécoslovaquie étaient plus que faibles.
Pour Skoda Plzen, il était clair que ce projet aurait une vie limitée dans le temps et aucune perspective à long terme mais on pensait tout de même vendre de 25 à 35 mille Skoda Mini. En Tchécoslovaquie c’est sa société soeur ASAP (Akciova Spolecnost pro Automobilovy Prumysl, société anonyme de l’industrie automobile) plus connue aujourd’hui sous le nom de Skoda Auto qui était le fabriquant traditionnel de voitures particulières. Skoda Plzen fabriquait alors des tracteurs, le camion Tatra 805, des trolleybus et des véhicules militaires.
Comme l’usine de Plzen n’avait pas pour vocation de produire des petits véhicules, une partie du projet a été menée avec les universités du pays. C’est par exemple l’artiste Milos France qui a signé le dessin de la voiture.
Le projet tenait compte des besoins de la Tchécoslovaquie et c’est pourquoi on a conçu une petite voiture confortable de faible poids avec beaucoup d’espace pour deux adultes et deux enfants et disposant d'un moteur de moto 350 cm3 peu coûteux à produire et à entretenir. La voiture devait peser 400 kilos et pouvait tracter une remorque faisant jusqu’à 150 kg. Elle était aussi conçue pour être facilement réparable par son propriétaire comme c’était de coutume à l’époque pour les motos. Elle ne devait pourtant pas être un simple quadricycle à moteur.
Le châssis était constitué de trois parties vissées entre elles facilement remplaçables. Le moteur Jawa 350 avec un démarreur et un ventilateur pour le refroidissement était placé en arrière de l’essieu arrière et la transmission avec différentiel disposait d’une marche arrière. L’essieu avant McPherson était extrêmement simple et était monté sur la structure métallique par huit vis. L’essieu arrière reposait sur des silentblocs. Le freinage était assuré par un double circuit avec des tambours de 190 mm de diamètre. L’industrie nationale n’était pas en mesure de fournir des roues de dix pouces mais la fonderie de Skoda Plzen avait la capacité de mettre en place la production de jantes alliages au dessin attrayant pour des pneus de 5,20x10.
En version de base, la carrosserie en fibre de verre était boulonnée à une carcasse en acier et pouvait accueillir deux adultes et deux enfants. Une version découvrable a même été étudiée. Cette dernière ne disposait que de deux places. On prévoyait aussi une version utilitaire sous la forme d’une petite camionnette ultra-légère qui devait reprendre environ 80% des pièces de la voiture de base et peser 700 kg.
Durant le développement, une étroite coopération a été établie avec la société CZ Strakonice qui était censé fournir des moteurs Jawa 350 réalésés à 400 cm3, le différentiel du tricycle CZ 505, les amortisseurs et de nombreuses autres pièces. Une équipe chargée de réaliser un prototype a ensuite été mise en place à l’usine de Plzen. Elle était dirigée par Karel Kleinmond et a réalisé la maquette à l’échelle 1:5 visible en photos.
Pourtant le projet de Skoda Plzen a provoqué une tempête sans précédent ! Dans cette Tchécoslovaquie modèle de l’économie planifiée, l’AZNP Skoda Mlada Boleslav (le nouveau nom de l’ASAP) proteste ouvertement auprès du Comité central du Parti Communiste de Tchécoslovaquie de cette concurrence déloyale. La fabrication du prototype subit un certain nombre de tracasseries bureaucratiques tout à fait inutiles allant même jusqu'à provoquer des réactions hystériques au sein de l’entreprise... Et en août 1968, le projet est définitivement enterré...
De nombreux cadres de Skoda Plzen sont mutés dans des sociétés du Comecon et le directeur qui soutenait ouvertement le projet de la Skoda Mini est nommé attaché commercial... au Japon. En voyant le nombre de mini-voitures roulant dans les rues de Tokyo il a dû amèrement regretter la fin de son projet. Tout ce qui en reste, c’est une partie de la documentation technique stockée au Musée Technique National de Prague.
Caractéristiques techniques des petites voitures dans les années 60 et à titre de comparaison de la Skoda Citigo contemporaine (cylindrée, puissance en ch (et en kW), poids et longueur) :
Goggomobil T400 : 395 18,5 (13,6) 415 2900
Subaru 360 : 356 18,0 (13,2) 410 2995
Mazda 360 : 356 16,0 (11,8) 395 2920
Mitsubishi 360 : 359 17,0 (12,5) 490 2995
Skoda Mini : 344 21,0 (15,4) 400 2975
Fiat 500 D : 499 18,0 (13,2) 520 3285
Trabant 601 : 594 23,0 (16,9) 615 3959
Skoda Citigo : 999 60 (44) 929 3563
Lu sur : http://auto.idnes.cz/skoda-mini-cs1-/auto_ojetiny.aspx?c=A130724_142347_auto_ojetiny_fdv
Adaptation VG