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En Egypte, sous le nom de « Ramzes » il servait de camion de pompiers ou de minibus, en Colombie on voulait en faire un autobus. En Pologne, il a remplacé les camions, lourds et peu économiques datant encore de la Seconde Guerre Mondiale. Le Zuk a été produit de 1958 à février 1998. Après 40 ans, il a été décidé d’arrêter sa fabrication.
Le dernier Zuk est tombé de chaîne le 13 février 1998. Il a été fabriqué à 587,500 exemplaires au total. Il a été conçu par Julian Kaminski, en collaboration avec Jan Szymanki, à la FSC de Lublin. C’est même Kaminski qui a eu l’idée de ce nom lors d'une discussion animée entre les différents ingénieurs du bureau d’étude. « L’idée m’est venue en pensant à cet insecte qui déplace tout le temps des objets » se souvient-il. Le Zuk est en effet le nom polonais du bousier, une espèce particulière de coléoptère. Un autre argument en faveur de ce nom était la manière dont avait été peints les prototypes. « Ils étaient vert argenté et les panneaux latéraux alternaient rayures claires et sombres. C’est pourquoi cette voiture ressemblait à un insecte géant » ajoute Julian Kaminski.
Rapidement on a abandonné l’idée de cette peinture rayée, pour des raisons de coût et à cause des difficultés rencontrées dans la période initiale de sa production, qui au début était faite en grande partie à la main. « Le Zuk devait remplacer le très lourd et peu économique – il consommait plus de 20 litres aux 100 km - Lublin 51 de conception soviétique. Avec son moteur de Warszawa, le Zuk ne consommait que 13 litres aux 100 et pesait environ 1290 kg. Il était beaucoup plus moderne que le Lublin 51 » raconte Julian Kaminski.
La situation politique a également joué un rôle dans son apparition. La période de Dégel, après la mort de Staline, a favorisé l’émancipation des ingénieurs polonais face aux techniques et technologies de l’Union Soviétique. En 1957, il a été pris la décision de concevoir un petit véhicule utilitaire polonais. Il a été développé sur le châssis de la Warszawa. Ils avaient les même moteurs (M20 et S21) et de nombreuses pièces en commun.
« En 1958, le Zuk a fait sensation lors de la Foire de Poznan et il a rencontré le même enthousiasme quand il a été montré en Tchécoslovaquie » se souvient Julian Kaminski. La même année trois prototypes de Zuk ont ouvert le défilé du 1er mai dans les rues de Lublin. Tout le monde était ravi.
Pourtant tout ne s’est pas fait sans problème. Le prototype était différent du modèle définitif. Les stylistes voulaient un pare-brise en une seule pièce recourbé dans les coins. On trouvait le même type de pare-brise sur les Mercedes mais aucune entreprise polonaise n’était capable de réaliser une pièce de ce type. C’est pourquoi en fin de compte le Zuk a été fabriqué avec un pare-brise plat en trois parties.
On a rencontré le même genre de difficultés avec les phares. « Je voulais des phares rectangulaires qui aurait pivoté en fonction de l’angle du volant. Mais c’était impossible à faire à l’époque en Pologne. Nous avons également eu du mal à concevoir un système efficace de chauffage et de ventilation et trouver des joints de qualité pour la cabine » explique Julian Kaminski. Le Zuk était fabriqué à Lublin en grande partie à la main. Certaines parties de la carrosserie étaient réalisées à l’extérieur.
Au départ, il n’était fabriqué qu’à quelques exemplaires par jour, puis quelques dizaines. Les Zuk ont été exportés vers de nombreux pays. La plupart vers l’URSS. Il a connu un énorme succès en Egypte où une version spécifique destinée aux pompiers a été construite. Il servait aussi de minibus et a reçu le nom de « Ramzes ». Les Colombiens ont également essayé d’importer le Zuk. « Ils avaient cependant la mauvaise habitude de les surcharger. Le Zuk avait une charge utile d’environ 900 kg et ils voulaient le transformer en autobus qui transporterait jusqu’à 20 personnes. Il n’a pas supporté » se rappelle Julian Kaminski.
Pour le récompenser pour ses travaux sur le Zuk, Julian Kaminski a reçu une bourse de l’ONU pour effectuer un stage de trois mois chez un fabricant français de véhicules utilitaires. Après son retour en Pologne, il a continué à travailler à la FSC de Lublin. Le Zuk a été modernisé et différents types de carrosseries proposés. On prévoyait ainsi de porter sa charge utile à 1,5 tonne en installant un pont arrière pouvant supporter des charges plus importantes. Malheureusement, des décisions contradictoires et des obstacles technologiques ont gelé le projet des ingénieurs.
Le Zuk a été produit pendant 40 ans. « La plus grande récompense pour moi c’est qu’il a rempli son rôle de véhicule utilitaire et aussi participé au développement de la Pologne » conclut Julian Kaminski.
Lu sur :
http://tvp.info/magazyn/kartka-z-kalendarza/ramzes-czyli-swiatowa-kariera-zuka/1353036
Adaptation VG