Les gens qui disent le plus de mal sur la Polonez sont – paradoxalement – ceux qui ne sont jamais montés dedans. Et la manière qu'ils ont d’énumérer de façon arbitraire tous ses défauts réduisent à néant toutes ses qualités. Après tout, la Polonez est un chef d’œuvre et une légende de l’industrie automobile polonaise et elle a connu de beaux moments dans sa carrière. On croise encore la Polonez Caro Plus sur les routes. Comment fait-elle face aux années ? Moto.onet.pl répond à la question.
C’est une voiture que l’on peut encore soulever avec un cric standard sans crainte de voir la carrosserie tomber en poussière à cause de la rouille. Elle met moins d’une demi-heure (!) pour passer de 0 à 100 km/h. Les freins – pour peu qu’on y mette un peu du sien – arrêtent la voiture. Voici en résumé les stéréotypes qui collent à la peau de la Polonez. Mais elle a de vrais défauts. Sa consommation - même si vous acceptez de vous faire dépasser par les scooters - n’est jamais inférieure à 10 litres de gaz aux 100 km. Et l’essence ? N’y pensez même pas... Les 40 litres du réservoir de GPL situé à la place de la roue de secours (en fait vous ne pouvez jamais mettre plus de 35 litres) devraient vous permettre de parcourir environ 300 kilomètres. Pas plus, ni moins. Mais si nécessaire vous pourrez encore compter sur les quelques litres d’essence du réservoir...
Il y a une chose qui lie la Polonez à l’Alfa Romeo Brera, la Maserati 3200 GT et même la célèbre De Lorean. Elles ont été conçues par la même personne, Giorgetto Giugiaro. Alors est-ce parce qu’elle vient de Pologne que la Polonez doit être nécessairement considérée comme une voiture moche et ratée ? Certes, ce n’est pas l’une des meilleures réalisations du styliste italien. Elle n’est pas spécialement laide, mais elle n’est pas franchement belle non plus. On dirait aujourd'hui qu’elle est archaïque mais en la replaçant dans son contexte... la fin des années 70. Bien que sa dernière version (la Caro Plus) ait été mise en production en 1997, elle n’avait pas suffisamment évoluée pour ne pas passer franchement dépassée face à la concurrence.
Sa carrosserie, contrairement à ce que pourraient penser ses détracteurs, ne subit pas les outrages du temps. On trouve bien quelques points de rouille ici et là mais rien de bien alarmant. Pour la préserver il suffit donc d’en prendre soin. A l’intérieur, le tableau de bord fait plaisir à voir mais le reste vient tout gâcher. Dommage qu’aujourd’hui on fasse aussi peu d’éloges sur son confort de conduite car sa suspension, digne du segment supérieur, amortit les grandes irrégularités de la route. L’habitacle ne manque pas de place. Ni à l’avant, ni à l’arrière où des adultes pourront s’y installer confortablement.
Toutes le commandes sont placées intelligemment et de manière ergonomique. On s’y habitue très vite même s’il est vrai...Il y a peu de chose à contrôler. La plus importante est finalement le commutateur pour passer de l’essence au gaz. Le voyant de réserve est sensé s’allumer lorsque le réservoir est presque vide... mais là, même après avoir fait le plein, il n’y a plus moyen de l’éteindre !
Sous le capot se trouve un moteur d’une marque désormais quasi oubliée. Le moteur 1,6 litre Rover à injection multipoint développe la superbe valeur de 84 chevaux. Un chiffre qui malheureusement ne se traduit pas par des performances accrues. C’est la boîte de vitesse qui est responsable de cet état de fait, les rapports de pont ayant été choisis un peu au hasard. La cinquième pourrait ne pas exister. Elle manque de reprise et quand vous atteignez les 130/140 km/h vous avez envie de passer la sixième... Mais il n’y en a pas.
Le moteur est bruyant, ce que n’arrange en rien la mauvaise insonorisation de l’habitacle. On peut parler à l’intérieur mais l’atmosphère n’est pas propice à réciter des poèmes. Mais ce n’est pas si pire pour une voiture qui a plus de dix ans et plus de 140 mille kilomètres au compteur. Au final, le plus gros inconvénient est la propulsion qui, en particulier sur les routes enneigées, rappelle la « puissance démoniaque » qui se cache sous le capot !
La Polonez se conduit bien et est confortable. Si vous n’avez pas d’ambitions sportives ou ne cherchez pas une voiture pour faire hurler le moteur entre chaque feu rouge, elle est un très bon choix. Jeremy Clarkson a qualifié le survirage de la Polonez de « morbide ». Nous le qualifierions plutôt d’agréable. Sur la neige il suffit de mettre un peu plus de gaz pour faire déraper l’arrière élégamment quand les « tractionnistes » ne savent pas comment s'y prendre pour tirer le frein à main avec le pied et accélérer avec la main (à moins que cela ne soit l’inverse). Utilisés à bon escient, son survirage et son sous-virage vous permettront de vous sortir de bien des mauvais pas. La Polonez n’a besoin que d’un bon conducteur. Elle n'a ni ABS, ni ASR, ni ESP...
Alors ? Faut-il acheter une Polonez ? Il serait facile de dire tout de suite « NON » et mettre un terme à la discussion. Il est pourtant difficile de trouver pour 2 ou 3 mille zlotys une voiture de la même époque offrant un tel confort de conduite. Autre avantage de la Polonez, l’accès aux pièces de rechange permet à tout mécanicien doué de ses mains de faire face à tous types de réparations. Paradoxalement la plus grande attention doit être portée au chauffage car, sur les derniers modèles, il provenait de la Polonez Truck et il est presque maintenant impossible à trouver. Ce n’est pas le cas des autres pièces.
Vous pouvez donc acheter la Polonez Caro Plus. Mais ne vous y attachez pas trop car, comme toutes les romances, votre histoire d’amour avec cette jolie polonaise pourrait s’achever avec une rapidité déconcertante...
Lu sur : http://moto.onet.pl/1660342,1,polonez-caro-plus-mozna-powiedziec-cos-zlego,artykul.html?node=18883
Adaptation VG