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La Polski-Fiat 1100p Coupé, bien que conçue dans l'urgence, a séduit. Mais il n'y avait pas la moindre chance qu'elle soit produite en série dans la Pologne communiste.

L'époque, où l'une des plus grandes places de Varsovie s'appelait la Plac Saski, à celle d’aujourd'hui, où elle porte le nom du maréchal Jozef Pilsudski, est séparé par une longue pause historique. La place était autrefois fermée à l'ouest par le monumental palais de Saxe (Saski en polonais, donc), auquel les envahisseurs tsaristes ont ajouté à l'est, à la fin du XIXe siècle, un quartier encombrant sous la forme de la cathédrale orthodoxe Alexandre Nevski. Ce symbole de la captivité a été démoli dans les années 1920, et la façade orientale de la place, avec le beau bâtiment de l’Hotel Europejski, a bientôt été rejointe par la Dom Bez Kantow moderniste. Pendant l'occupation allemande, la place fut nommée en l'honneur d'Adolf Hitler, et sa principale décoration était une grande lettre V, incendiée en juillet 1941 par des éclaireurs des Szare Szeregi. En décembre 1944, les Allemands firent sauter le palais de Saxe. Il n'en reste qu'un petit fragment de la colonnade où se trouve la tombe du soldat inconnu.

Ce n'est qu'au début de la décennie Gierek que cette partie du centre de la capitale, appelée Plac Zwyciestwa à l'époque communiste, a pris sa forme actuelle, avec l'hôtel Victoria au sud. Au milieu de cette décennie, pour marquer le 30e anniversaire de la libération de Varsovie et de l'entrée des troupes soviétiques et polonaises sur la rive gauche de la ville, une grande exposition a été organisée sur la Plac Zwyciestwa. L'une de ses attractions était le grand stand de l'usine automobile de Zeran, la FSO. Le public s'est particulièrement pressé autour du magnifique prototype Polski-Fiat 1100p Coupé.

En regardant cette voiture sur la place Zwyciestwa à l'époque, je ne partageais pas l'enthousiasme des visiteurs. Je connaissais à peu près les capacités de la FSO et les soi-disant priorités politiques de l'État en termes de motorisation, et il était donc évident pour moi qu'il n'y avait pas la moindre chance de voir le pays produire une telle voiture. Après l'exposition, le silence s'est abattu sur la Polski-Fiat 1100p Coupé. Pendant de nombreuses années, on en a encore moins parlé que de la Syrena Sport, et dans le livre de Stanislaw Szelichowski, Sto lat polskiej motoryzacji (« Cent ans d'automobiles polonaises), publié il y a dix ans, on n'en trouve qu'une photo, sans aucun commentaire !

Selon un article publié dans les années 1990 par Zbigniew Skoczek, ancien employé du service de presse de FSO, le prototype était censé donner de l'éclat à l'exposition, qu’il associait par erreur au 30ème anniversaire de la République populaire de Pologne en 1974. L'ordre de construire la voiture a été donné au Bureau de construction des carrosseries de l'usine au cours de l'été 1973 - probablement par le ministre de l'industrie mécanique lui-même, Tadeusz Wrzaszczyk. Peut-être la Polski-Fiat 1100p Coupé était-elle bien prévue à l'origine pour le 30ème anniversaire de la PRL, mais les travaux ont été retardés ?

Le styliste de FSO, l'ingénieur Zbigniew Wattson, a dessiné à la main la carrosserie à trois portes qui, en raison des délais serrés, a ensuite été utilisée sans plans détaillés pour la construction du prototype. Outre sa beauté incontestable qui rappelle les créations de la Carozzeria Bertone, le projet de Wattson présentait un autre avantage important : les éléments de la carrosserie étaient presque plats, ce qui ne nécessitait pas de travaux de carrosserie compliqués. L'inspiration italienne se retrouve également dans la construction de la voiture. Elle utilisait le plancher de la Zastava 1100p yougoslave (c'est-à-dire une variante sous licence de la Fiat 128) qui, en raison de la suppression de la structure du toit, devait être renforcée par deux poutres rectangulaires.

À l'instar de la sportive Fiat X 1/9, qui est d'ailleurs née d'une profonde modification de la 128, le moteur, ainsi que l'ensemble de la chaîne cinématique et de la suspension, ont été déplacés devant l'essieu arrière. Alors que la X 1/9 était une voiture à deux places, ce qui permettait de trouver de la place à côté du moteur pour le réservoir de carburant et la roue de secours, le coupé polonais était conçu comme une voiture 2 + 2, avec une banquette pour deux passagers à l'arrière. La roue de secours était donc située à l'avant, dans le coffre, et le réservoir derrière l'essieu arrière, en contradiction aux principes de sécurité. L'espace qui pouvait servir de coffre arrière accueillait également le radiateur, que les Italiens ont intégré dans la partie avant de la Fiat X 1/9, au-dessus de l'essieu arrière. Le moteur de Polski-Fiat 1100p Coupé provenait également de la Zastava 1100p. Il développait la puissance assez faible de 55 ch et était associé à une boîte de vitesses à quatre rapports. Il permettait à la voiture d'atteindre une vitesse d'environ 140 km/h.

Comme il s'agissait d'un prototype, le personnel du Bureau de construction des carrosseries a utilisé de nombreux équipements provenant de voitures de série. Les phares et les feux arrière, comme la suspension avant, les freins, la batterie et de nombreux détails de l'habitacle ont été empruntés à la Polski-Fiat 125p, le mécanisme de levage et d'escamotage électrique des phares provient probablement de la Fiat X 1/9, tout comme le volant. Les roues proviennent de la Polski-Fiat 125p Monte Carlo et les poignées de porte extérieures de la Fiat 132. Extérieurement, la voiture avait fière allure, mais la finition de l'intérieur était moins bonne, car elle témoignait d'un manque d'expertise à tous les niveaux.

Dans un article publié en 1975 dans Mlody Technik, Zdzisław Podbielski a écrit que la Polski-Fiat 1100p Coupé... « présente des caractéristiques de survirage typiques des véhicules à propulsion arrière ». Cette opinion soulève quelques doutes. Après tout, le prototype FSO était une voiture classique avec un moteur placé au centre, ce qui est connu pour assurer un comportement neutre dans les virages. Les réserves de l'auteur sont peut-être dues aux défauts du prototype mentionnés plus haut, à savoir l'emplacement du réservoir de carburant et du radiateur derrière l'essieu arrière.

Cependant, une autre chose me semble bien plus importante : en comparant les formes et les détails de la Polski-Fiat 1100p Coupé avec ceux de la Polonez, qui lui a succédé quelques années plus tard, il est facile de voir que, contrairement à la croyance populaire, c'est un modeste designer de l'usine de Varsovie, et non le célèbre Giorgetto Giugiaro, qui a été le véritable créateur de la carrosserie de la voiture phare de la République populaire de Pologne. Toutes nos félicitations, Monsieur Zbigniew !  

La voiture, quant à elle, a probablement partagé le sort d'autres prototypes détruits à la fin des années 1970 au Centre de recherche et de développement (OBR FSO) de Falenica.

Lu sur : https://motofakty.pl/zapomniany-prototyp-z-fso-czyli-kto-zaprojektowal-poloneza/ar/c4-16206237
Adaptation VG