On a dit d’elle qu’elle est la voiture polonaise la plus belle de tous les temps. La Syrena Sport, restée prototype unique, a été construite fin des années 50, début des années 60 à l’usine FSO de Zeran dans la banlieue de Varsovie. Bien faite, aux formes généreuses, elle s’inspirait des Ferrari et des Mercedes de l’époque. Avec son moteur de conception entièrement nouvelle, elle rêvait de partir à la conquête du monde.
Mais la nouvelle Syrena à deux places ne plaisait pas à Wladyslaw Gomulka, le dirigeant du pays. La légende raconte que le Premier Secrétaire est tombé dans une telle rage à la vue de ce cabriolet moderne et dans l’air du temps, que le Premier Ministre, Jozef Cyrankiewiscz a dû conseiller à la direction de FSO de le cacher. La Syrena Sport a été entreposée à Falenica, dans la banlieue de Varsovie, d’où elle n’est jamais ressortie. Dans les années 70, elle a connu le même sort que d’autres prototypes et a été « transformée en lames de rasoirs ».
35 ans plus tard, cette voiture mythique revient. Tout cela grâce à Miroslaw Mazur de Lublin. Depuis de nombreuses années on connaissait l’existence de cette voiture grâce à quelques photographies et quelques informations publiées par le magazine Motor en 1960. Mais ce peu de détails, n’a pas empêché ce passionné d’automobile de faire revivre cette légende.
Depuis 23 ans, Miroslaw Mazur, travaille dans une carrière de sable. Il consacre son temps libre à la restauration de voitures anciennes. La Syrena Sport est son sixième projet. Le plus joli selon sa femme. Miroslaw Mazur a eu l’idée de faire renaître la Syrena Sport avec une réplique, il y a quelques années. Il a commencé par rassembler toutes les morceaux du puzzle. Cela n’a pas été chose facile car il n’existe aucun plan ou de documentation détaillée sur ce modèle.
Il a cherché de l’aide un peu partout avant de rencontrer un autre grand passionné de cette Syrena Sport, Tadeusz Adamski. Grâce à lui, il a pu obtenir d’autres photos et d’autres articles, avec lesquels il a pu calculer et reproduire les proportions de la voiture. La recherche de pièces a pu commencer. Cela n’a pas été si simple et certaines d’entre elles ont dû tout simplement être refaites en partant de zéro à l'aide de moules.
Le châssis, une des pièces les plus importantes, a été trouvé à l’abandon dans des buissons, derrière la maison d’un de ses amis. D’autres pièces ont été prélevées sur des voitures achetées spécialement pour cela, en particulier des Syrena, mais aussi d’autres modèles. Par exemple, les charnières de coffre proviennent d’une Skoda Tudor et ont été ramenées de République Tchèque.
Le moteur bicylindre boxer provient d’une Panhard Dyna (!). Il en a acheté deux exemplaires en France et les a ramenés en Pologne. La carrosserie est réalisée en résine epoxy. Comme le dit Miroslaw Mazur, les technologies utilisées aujourd’hui sont beaucoup plus avancées que dans les années 50 et l’ont grandement aidé dans son travail. Comme l’original, cette réplique sera un cabriolet. Mais contrairement à sa devancière entièrement recouverte de peinture rouge-sang, la sienne sera bicolore : carrosserie rouge et toit noir.
La construction de cette réplique a commencé il y a plus de un an et demi. Miroslaw Mazur admet qu’il a investi beaucoup d’argent mais il est incapable de dire combien. Il est certain qu’il peut être fier de ce travail qu’il considère d’ailleurs comme l’œuvre de sa vie. Sa première sortie officielle aura lieu le 28 avril prochain sur la place du château de Lublin où elle sera exposée avec une trentaine d’autres voitures de collection. Elle ira ensuite à Varsovie le 1er mai où elle sera visible devant le Palais de la Culture et des Sciences.
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Adaptation VG