37 ans après, il est toujours difficile de déterminer quand, à la demande de qui et pourquoi a pu émerger chez FSO un projet de voiture de sport moderne, qui aurait pu permettre aux pilotes polonais de lutter à pied d'égalité contre leurs rivaux étrangers. D'autant plus que selon ceux qui ont été à son initiative, cette voiture de sport devait compléter l'offre commerciale de la marque !
Il n'était pas question de concevoir en partant de zéro une voiture de sport capable d'être produite en série, mais au moins pour commencer, d'en étudier une sur une plateforme existante. Une première étape pour se mettre en jambes en quelque sorte. Tout devait aller très vite. Le projet a été mis en œuvre au début de 1973 pour une présentation prévue en 1974. On ne disposait donc pas de beaucoup de temps et l'équipe du bureau d'étude devait agir très rapidement et surtout de manière très efficace. La solution optimale, suggérée par Zbigniew Wattson, fut donc de reprendre les solutions techniques adoptées par Fiat pour lancer le modèle X1/9 en 1971.
En regardant le coupé FSO 1300, on ne peut pas s'empêcher de le comparer avec une voiture quasiment identique, dessinée en 1972 par Giorgetto Giugiaro et qui aboutira en 1976 au lancement de la production en Angleterre de la célèbre Lotus Esprit. Mais les différences entre le prototype polonais et l'Esprit de série sont tout de même grandes. La principale réside dans les matériaux utilisés pour la carrosserie. Le coupé FSO 1300 est en tôle d'acier alors que la Lotus est en matière plastique.
Les deux projets ont été créés à la même époque et il ne serait pas correct d'affirmer que le coupé polonais n'est qu'une copie de la voiture créée par Giugiaro. Zbigniew Wattson ne s'est pas inspiré d'un projet précis mais on reconnait dans son dessin "l'école italienne" alors très en vogue. Par sa forme générale, la Fiat X1/9 signée en 1970 par Nuccio Bertone, est identique. On peut donc dire que le coupé FSO 1300 est une des premières tentatives polonaises d'appropriation des meilleures pratiques contemporaines plutôt que d'une simple copie des œuvres des maîtres du stylisme italien.
A la mi-1974, le département de réalisation des prototypes de FSO réalise une plateforme entièrement nouvelle. Le groupe motopropulseur ainsi que la suspension complète d'une Fiat 128 Rallye sont montés à l'arrière. La suspension avant est créée en partant de zéro à partir des éléments McPherson de la même Fiat 128 et d'une direction à crémaillère. Finalement en termes techniques, le coupé FSO 1300 était donc beaucoup plus proche de la Fiat X1/9 que de la Lotus Esprit.
Une fois assemblée, le prototype fut mis à disposition du département des essais routiers de FSO au début de 1974. Il suscitait à la fois un grand intérêt et de l'admiration, mais aussi le doute... Est-ce que FSO pense sérieusement à le produire en série ? Une fois le soufflé retombé, on a demandé au Ministère des Sport de donner son avis sur le projet puisque c'est dans le monde de la compétition automobile que ce coupé avait sa place. Mais le moment n'était pas le meilleur choisi. La meilleure voiture de la saison 1974-75 était la Fiat 124 Abarth CSA 2000 sur laquelle Ryszard Zyszkowki avait remporté le titre de Vice-champion du Championnat KDL et le titre de Champion de Pologne des rallyes en catégorie 8-13.
Et, en mars 1976, la Lancia Stratos arrive en Pologne. On commence à mettre de côté le coupé FSO 1300 et sa magnifique couleur vert-jaune. Il faudrait en effet travailler encore plus pour qu'il prétende au rôle d'athlète... Présenté comme simple étude, il finira donc sa vie comme simple étude pour tomber pratiquement dans l'oubli. On ne sait d'ailleurs pas vraiment quand, mais le prototype finira par être détruit, sous prétexte qu'il n'était plus prometteur...
Ce projet a-t-il eu un impact dans l'histoire de l'industrie automobile polonaise et peut-on le comparer avec la Syrena Sport ? La réponse est non. Malgré l'enthousiasme qu'il a suscité parmi ceux qui ont œuvré à sa conception et ceux qui ont pu le voir de près, aucune solution technique adopté sur le coupé FSO 1300 n'a ensuite été revue sur un autre modèle polonais, en dehors des phares rétractables sur le prototype FSO Ogar de 1977.
Malgré tout, il faut reconnaître que pour la première fois de l'histoire automobile polonaise de l'après-guerre, un projet se rapprochait visuellement de ce qui se faisait de mieux en Occident en matière de voiture de sport. Alors pourquoi cet échec ? Le vrai soucis c'est que pour participer à la compétition, il fallait produire le coupé FSO 1300 à un certain nombre d'exemplaires fixé par les règlements sportifs internationaux. Il était donc nécessaire d'accepter le principe de sa production en série pour ensuite envisager son homologation par les instances de la FIA... Un décision finalement trop difficile à prendre.
Lu sur :
http://moto.onet.pl/aktualnosci/miedzy-giugiaro-i-bertone-sportowy-fso-1300-coupe/h3hbf
Adaptation VG