La dernière information majeure en provenance de ZiL fut l’éviction de Sergueï Sobianine en avril dernier. On reprochait à l’ancien directeur sa rémunération gigantesque alors que l’usine était au bord de la faillite. Un peu plus tard, la municipalité de Moscou a décidé d’allouer plus d’argent à ZiL (la somme exacte est inconnue) pour « réanimer la production ». Mais depuis, aucune nouvelle. Alors, quoi de neuf chez ZiL ?
En fait, assez curieusement, il n’y a pratiquement pas eu de changements à l’usine. Les arriérés de salaires pour le premier semestre ont bien été payés mais depuis juin on rencontre de nouveau des problèmes. A priori, l’argent récupéré sur le salaire de Sobianine n’a pas suffit. Un échéancier de rattrapage des arriérés de salaire existe, mais cela fait longtemps qu'il est établi de manière totalement arbitraire... On paie quand on a de l’argent. L’usine vit dans un état de remise en question permanente sans savoir de quoi le lendemain sera fait. On a réussi à fabriquer quelques fourgons « Bitchok » qui ont immédiatement été vendus. Cela a permis de verser une partie des salaires, mais l’usine ne travaille toujours que trois jours par semaine !
Le cabinet Deloitte & Touche, que les ouvriers ont surnommé affectueusement « Toilettes et Douche » mène actuellement un audit de ZiL. Dans le plan d'action, il a ainsi été décidé d’affecter plusieurs ouvriers à un gigantesque inventaire à la fin du mois de juillet. Car l’usine regorge de pièces de rechange, représentant des millions (si ce n’est des dizaines de millions) d’euros. Toute cette richesse va donc être comptée manuellement par des ouvriers. Une opération supervisée par une commission spécialement créée. Il est devenu impossible d’avoir une comptabilité commune entre l’usine et l’entité commerciale « Torgoviï Dom ZiL » et il est nécessaire de bien comprendre ce qui peut encore être vendu ou pas. De plus, outre les pièces des véhicules actuels, on s’est aperçu que le stock contient encore des pièces destinées à des véhicules spéciaux datant des années 80 et même pour les fameux « Oiseaux bleus »...
Il n’est pas exclu qu’une partie de ces pièces soit affectée à la production et que l’autre soit liquidée. L’inventaire doit être terminé cette semaine. Les résultats seront communiqués à la comptabilité qui en donnera la valeur approximative. Les pièces pourront ensuite être vendues par lots mais à la valeur de fabrication ! Il existe une règle selon laquelle le prix de fabrication donne le prix de vente, mais le problème est que le prix de fabrication a été calculé il y a plusieurs années lorsque le rouble était plus cher. Par conséquent, les prix ne vont pas être réalistes et totalement sous-évalués par rapport au prix du marché. L’usine n’a pas la capacité, en termes de ressources technique ou humaines de calculer au plus juste la valeur de ce stock... ce qui risque d'ouvrir la porte aux abus et aux magouilles en tous genres !
Au cours des derniers mois ZiL n’a connu aucun changement significatif au sein de sa direction. Il n'y a pas eu non plus de distinction nette des pouvoirs entre les membres de la « veille » équipe et la « nouvelle ». De temps en temps, une date de prochain redémarrage de la chaîne est communiquée « d’en haut », mais il n’y a jamais de confirmation officielle. La dernière rumeur indiquait ainsi que la chaîne reprendrait son activité le 15 août. L’un des dirigeants de la holding ZiL-Rozenbaueur a même communiqué ette date sur les ondes de la chaîne RBK-TV. Mais elle n’a pas été ni confirmée par la direction, ni en pratique ! Cela montre que les différents décideurs ne sont pas capables de parler d’une même voix dans les médias.
D’ailleurs en près de six mois, le nouveau directeur de ZiL, Igor Zakharov, n’a donné aucune interview ni fait aucun commentaire. L’accès à la Direction est interdite aux journalistes et les demandes officielles restent sans réponse. C’est compréhensible. Pour l’instant il n’y rien à annoncer ! Mais le sceau du secret prend parfois une forme curieuse. Le 02 août, ZiL fêtait son 95ème anniversaire. Ce n’est certes pas un chiffre rond, mais c’est un évènement notable surtout que ZiL est l’usine automobile la plus ancienne de Russie encore en activité ! Mais pour ne pas attirer l’attention des médias en cette période de transition, la célébration a été reportée au 6 octobre prochain à la demande du nouveau directeur !
En mai, Igor Zakharov approuvait le business-plan qui prévoyait pour cette année la fabrication et la vente de 7,000 véhicules – chiffre correspondant aux nombres de commandes reçues par les concessionnaires. Évidemment ces chiffres ne seront pas confirmés. Aucun nouveau chiffre n’a été annoncé et comme toujours les ouvriers de ZiL s’entendent dire que « la chaîne devrait pouvoir redémarrer demain ». En attendant la situation de ZiL sur le marché devient de plus en plus difficile. Les concessionnaires qui s’attendaient à avoir les 7,000 véhicules mentionnés plus haut risquent d’y perdre leur crédibilité et d’avoir à payer des pénalités de retard (voire d’annulation).
Ces véhicules seront-ils construits et quand le seront-ils ? Personne ne peut répondre à ces questions et c’est pourquoi certains concessionnaires ont d’ores et déjà supprimé les fourgons « Bitchok » de leur grille tarifaire, allant même jusqu’à rompre toute relation avec l’usine ! Il sera donc incroyablement difficile de restaurer un réseau de concessionnaires et si la situation perdure encore quelques mois cela sera quasi mission impossible. Le remise en route de la production risque de ne servir à rien car plus personne ne voudra vendre ces fourgons...
Lu sur : http://www.zr.ru/content/articles/349382-zil_segodna/
Adaptation VG