Le 14 septembre prochain aura lieu à Togliatti une conférence intitulée « Perspectives de développement dans l'industrie automobile : le développement des énergies alternatives ». Elle est organisée par l'Association des Ingénieurs de l'Automobile (AAI), l'Université de Togliatti (TGU) et AvtoVAZ, où les participants se réuniront d'ailleurs. Il s'agit pour AAI de la 75ème conférence de ce type. On suppose que l'élite de l'industrie automobile russe y participera : hauts fonctionnaires, dirigeants d'entreprise, chef de bureaux d'études et ingénieurs. Les principaux sujets des différents ateliers seront : la voiture hybride, le moteur à gaz comprimé, la pile à combustible et le véhicule électrique. Des technologies sur lesquelles planchent activement non seulement AvtoVAZ mais aussi d'autres constructeurs et des instituts de recherche russes.
Za Roulem a rencontré Sergueï Kourdiouk, le chef du bureau d'étude d'AvtoVAZ, et lui a demandé de parler des projets actuels du constructeur russe en la matière. A noter que ce dernier fait partie d'un groupe de travail dédié à l'organisation de la conférence du 14 septembre.
ZR : Les voitures hybrides et électriques, voilà un sujet à la mode ! Les organisateurs de la conférence sont-ils seulement opportunistes ou... ?
SK : Vous savez, notre souhait est simple. Savoir ce que l'on fait en Russie sur le sujet et dans quelle direction aller. Il n'est pas question de discuter de ce qui a été déjà fait.
ZR : Est-ce que AvtoVAZ va profiter de cette conférence pour montrer quelque chose de particulier ?
SK : Il n'y aura pas d'exposition de nos réalisations en temps que telle. Mais c'est vrai que nous montrerons quelque chose, même si nous n'avons pas encore totalement décidé quoi. Nous avons un prototype de voiture électrique sur base Kalina, il y a la Priora CNG « à gaz » et aussi plusieurs véhicules hybrides.
ZR : A quel stade se trouve le projet "ElektroKalina" ?
SK : Deux prototypes ont été réalisés. Ce sont des prototypes roulants. Ils ont déjà subi différentes phases d'essais. Avec des batteries lithium-ion et un moteur asynchrone de 40kW, ces voitures ont une autonomie de près de deux cent kilomètres en cycle urbain.
ZR : Votre partenaire et actionnaire français travaille activement sur la voiture électrique. N'y a-t-il pas eu tentative de leur part de vous convaincre de recentrer vos recherches uniquement dans cette direction ?
SK : La voiture électrique c'est super. Ce n'est pas nécessaire de nous en convaincre. Mais elle a des limites. Des limites que cernent aussi les représentants de l'Alliance Renault-Nissan. Il ne faut hélas pas s'attendre à une vraie percée dans ce domaine.
ZR : Avez-vous chez VAZ abandonné définitivement toute recherche sur l'hydrogène ?
SK : Oui, nous ne faisons plus rien dans cette direction. Dans les deux ans à venir, il est clair que les recherches sur l'hydrogène ne reprendront pas.
ZR : En temps que chef du bureau d'études quelle voie vous semble la plus prometteuse ?
SK : Pour VAZ, c'est ce que nous désignons par l'abréviation CNG – gaz naturel comprimé – c'est-à-dire le gaz méthane. C'est pour la Russie, la perspective la plus réaliste. Les réserves de gaz sont énormes. Il est bon marché et offre d'excellentes performances environnementales.
ZR : Le projet CNG est-il toujours tiré par la poignée d'enthousiastes menée par Gueorgi Mirzoev et Sergueï Ivlev ou a-t-il pris un caractère systémique ?
SK : Aujourd'hui le projet s'articule de manière différente de ce qu'il était il y a 2 ou 3 ans. La « gazéification » intéresse aujourd'hui à des degrés divers tous les projets d'AvtoVAZ. Nous ne sommes pas encore sur un projet unique qui pourrait être totalement rentable, mais nous n'en sommes pas loin.
ZR : Pouvons-nous donc déjà dire quand et sous quelle forme la Priora à gaz (ou d'autres modèles d'ailleurs) entrera en production ?
SK : Il n'y a pas encore de décision prise quant à la date précise. La Priora CNG ne sera pas produite en série tant qu'elle ne sera pas rentable. Selon nos spécialistes du marketing, le volume potentiel des ventes ne couvre pas encore les coûts d'investissement. Pour l'instant la voiture est trop chère, environ 40,000 roubles de plus que le modèle normal. L'équation est la suivante : le renchérissement du prix de vente peut être moindre si l'investissement est réparti sur un volume de ventes élevé. Tout dépendra aussi du cycle de vie de ce véhicule. Si la Priora reste encore deux ans sur la chaîne c'est une chose, si elle y reste encore dix ans, c'en est une autre. Dans ce cas, le prix de vente n'augmentera pas autant car la voiture se vendra dans des quantités supérieures. Nous travaillons actuellement sur la Priora-2 et ce que nous avons fait sur le gaz naturel y est applicable. Dans ce cas, les chances de voir le CNG apparaître sur la chaîne augmentent considérablement. Il est d'ailleurs possible que dans un proche avenir nous nous penchions sur une solution plus simple basée sur le gaz propane/butane. Ces voitures pourraient être fabriquées en petite série par l'atelier OPP.
ZR : Avez-vous travaillé sur la conversion de modèles français, comme la Largus ? Un modèle dont la version utilitaire pourrait connaître une forte demande convertie au gaz.
SK : Ce n'est pas notre plateforme. Nous ne la connaissons pas encore aussi bien que nos propres plateformes. On peut même dire que nous n'avons pas encore mis les mains dedans. Je reconnais qu'un utilitaire équipé au gaz est séduisant. Un tel projet pourrait être mis en œuvre au niveau de l'atelier OPP. Mais nous pensons aussi à une production en grande série.
SK : Comment financez-vous tous ces projets ? Quand c'est possible avec l'argent disponible ou avec un budget stable ?
SK : Nous avons un budget stable avec l'argent qui nous reste (rires). Nous avons réalisé toutes les études préparatoires et cette année nous devrions finaliser notre moteur bi-carburation. Nous continuerons à travailler sur tous ces projets l'année prochaine : le gaz, l'hybride et l'électrique.
ZR : Que pouvez-vous nous dire sur l'hybride ?
SK : Nous avons déjà sous forme d'une maquette complète un hybride léger de type « Stop and Go ». Nous sommes d'ailleurs prêts à le présenter à la conférence du 14 septembre. Cette maquette a été réalisée en collaboration avec Bosch. Nous avons d'autres alternatives, fruits de notre propre travail. Pour les autres voies en matière d'hybride, nous n'en sommes qu'au début des recherches.
ZR : Serez-vous en mesure d'adapter à la norme Euro-5 le nouveau moteur avec ensemble bielle-piston allégé destiné aux Priora et Granta ?
SK : Pourquoi adapter ? Presque tous nos moteurs sont déjà à la norme Euro-5. Tous les modèles que nous vendons en Europe doivent s'y conformer : la Kalina, la Priora, le 4x4. Nous pouvons passer à cette norme à tout moment également pour le marché russe si la législation l'exige. A la fin de l'année tous les modèles de Lada seront à la norme Euro-4.
Lu sur : https://www.zr.ru/content/articles/350047-avtovaz_na_puti_k_elektromobilam_i_gibridnym_tehnologijam/
Adaptation VG