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Il y a 45 ans, le 4 mai 1966, fut signé l'accord entre Fiat et l'URSS pour la création d'une usine automobile au bord de la Volga. Pour effectuer un véritable saut qualitatif, l'Union Soviétique avait pris la décision de transpercer son "Rideau de Fer" économique. L'Italie se présentait comme la voie la plus prometteuse pour mener ces négociations. De plus, ce pays était soulevé par de forts sentiments socialistes. Le chef de la "Gauche" locale, Palmiro Togliatti était un grand ami de l'URSS et le président de la compagnie pétrolière la plus importante du pays, ENI, avait combattu le régime fasciste et mené la résistance anti-nazie. Pour ne rien gâcher, dès les années 20, l'URSS avait établi des liens économiques avec la Fiat de Turin.

Le 28 mai 1962 s'ouvre à Moscou une grande foire de l'industrie et du commerce où l'invité d'honneur est l'Italie. Cette dernière a amené en URSS des exemples de sa production industrielle, une maquette d'usine automobile et le concept-car Ghia Selena. De plus, la délégation italienne compte en ses rangs le président de Fiat, Vittorio Valletta.

Pour "tâter le terrain", une visite officieuse du 1er adjoint au Président du Conseil des Ministres de l'URSS, Alexeï Kossyguine, est organisée au début de juillet 1962. Il rencontre les plus grands responsables économiques du pays dont Enrico Mattei, président de l'ENI, Vittorio Valletta, président de Fiat, et Camillo Olivetti, président de la firme du même nom. Avec l'approbation de Nikita Khrouchtchev, Premier secrétaire du Parti communiste, Kossyguine rencontre également le Président italien, Antonio Segni et son premier ministre, Amintore Fanfani.

L'un des principaux sujets abordés est la construction en URSS d'une usine automobile moderne d'un capacité de production de 600,000 voitures par an. Dans le passé, Alexeï Kossyguine avait clairement posé au Politburo la question du manque de fonds de roulement du pays. Et l'épargne personnelle, peu après la réforme monétaire de 1961, y dépassait les 60 milliards de roubles. La production de masse d'une voiture particulière pourrait donc être un bon moyen pour récupérer ce bas de laine.

Il est intéressant de noter que Khrouchtchev, n'approuvait pas totalement l'idée de la production en masse d'une voiture destinée au citoyen soviétique, car il craignait qu'elle n'entraîne l'augmentation de la propension à la propriété privée.

Le 16 octobre 1964, Khrouchtchev est écarté du pouvoir. Néanmoins les opposants à la motorisation de masse aidée des Italiens ne faiblissent pas au sein du Comité Central. Le Ministre de la défense, Dimitri Oustinov, insiste pour que l'industrie de défense du pays obtienne les moyens de produire elle-même une voiture très compétitive. Evidemment, avec la majorité au Comité Central pour il se voit attribuer un budget important pour ce projet et obtient l'autorisation de mettre en place la production de voitures particulières à Ijevsk.

A la fin de juin 1965, Vittorio Valletta se rend de nouveau à Moscou. Il y signe un accord de coopération scientifique et technique dans le secteur de l'industrie automobile entre la société Fiat et le Comité d'Etat pour les sciences et techniques de l'URSS afin de construire un complexe industriel capable de produire 600,000 voitures par an.

Après l'éviction de Khrouchtchev, Kossyguine avait été nommé Président du Conseil des Ministres de l'URSS. C'est pourquoi, le projet d'acheter une usine automobile à l'étranger n'était pas remis en question. Mais, il ne fallait pas rendre la transaction trop facile aux Italiens. Et ce n'est donc pas un hasard si une opération de désinformation au sujet de négociations avec Renault est lancée par l'intermédiaire de l'ambassadeur de l'Union Soviétique à Rome, Semen Kozyrev.

A la demande de Kossyguine, les négociations avec les dirigeants de Fiat, Valletta et Agnelli, sont menées par Germain Gvichiani en tant que représentant personnel du Président du Conseil des Ministres de l'URSS. Vice-président du Comité des Sciences et Techniques de l'URSS, il est aussi le gendre de Kossyguine. Il s'agit d'un des rares cas où Kossyguine a non seulement favorisé l'un de ses proches, mais aussi soutenu son ascension professionnelle.

Le 04 juillet 1966, au Centro Storico de Fiat, en la présence de Gvichiani, de Kozyrev et d'Agnelli, le Ministre de l'Industrie Automobile de l'URSS, Alexandre Tarassov et Vittorio Valletta signe le protocole pour la construction en Union Soviétique d'un complexe industriel pour la production de voitures particulières.

Dans le même temps, la Banque de Crédit italienne accorde à la Vneshtorgbank de l'URSS un prêt à usage spécial d'un montant de 320 millions de dollars sur huit ans. Cela marque le début de l'accord commercial le plus efficace de l'histoire des deux pays. En juillet 1966, les premières Fiat 124 - prototype de la future Lada - arrivent au polygone d'essais NAMI de Dimitrov et le 15 août 1966 est signé l'Accord général entre Fiat et le Ministère au Commerce Extérieur de l'URSS sur "la coopération pour le développement d'une voiture, le projet d'une usine automobile et de sa construction en URSS".

Lu sur : https://www.zr.ru/content/news/314820-hronika_vaz-fiat_-_nachalo_bolshogo_puti/
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #VAZ, #Fiat, #Togliatti, #URSS