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Le premier RPD.

A l'été 1982, l'un des pavillons de l'exposition NTTM-82 qui se déroule traditionnellement au VDNKh - l'Exposition des réalisations économiques de l'URSS - a été mis à disposition pour exposer les dernières innovations de l'industrie automobile. Etaient visibles les nouvelles versions de Volga, de Jigouli, de Moskvitch qui ont séduit les visiteurs par l'originalité de leurs formes, par leur confort ou par leurs indicateurs économiques et techniques de haut niveau. Une voiture se distinguait particulièrement parmi ces nouveautés.

La VAZ-2101, déjà bien connue, était l'objet de toutes les attentions. Mais ce n'était pas par amour des voitures anciennes (NDT : la Kopeïka avait déjà 12 ans). C'est la première fois que le public pouvait découvrir le moteur rotatif soviétique installé dans le modèle le plus ancien de la série des Jigoulis. Comme souvent, on pouvait rencontrer les partisans et les adversaires des nouvelles solutions techniques. Et chacun avait ses arguments pour encenser ou critiquer le moteur rotatif (RPD en russe). Sans prendre parti, voici en quoi consiste ce nouveau type de moteur.

Le moteur à pistons rotatifs à combustion interne a été inventé en 1957 par l'ingénieur allemand Felix Wankel. Voilà pourquoi on parle souvent de moteur Wankel pour décrire ce type de moteur. La particularité du moteur Wankel est d'utiliser un rotor, jouant le rôle de piston, placé à l'intérieur d'un cylindre dont le dessin suit une courbe hypocycloïde. Cette conception permet un fonctionnement selon un cycle à quatre temps sans l'utilisation d'un mécanisme d'admission/échappement complexe. Dans un moteur Wankel, les processus de formation du mélange air/carburant, l'allumage, la lubrification, le refroidissement et l'échappement sont quasiment les mêmes que dans les moteurs conventionnels. Les moteurs rotatifs les plus courants utilisent des rotors de forme triangulaire. Ils sont deux à trois fois plus petits et deux à trois fois moins lourds que les moteurs classiques pour une puissance identique.

Une technique apparemment simple, pratique et rentable qui n'a pas laissé indifférent les visiteurs du VDNKh, même si certains gardaient la tête froide : "Tout avantage présente un inconvénient. Qu'en est-il pour le moteur Wankel ?". L'un des inconvénients, ce sont les énormes difficultés techniques qui ont accompagné le développement du moteur Wankel. La production d'un moteur de ce type nécessite des outils de haute précision et un assemblage extrêmement précis. Mais malheureusement, il n'y a pas que la complexité à le produire qui constitue un problème. Avec les équipements modernes dont disposent les industries automobiles cela n'a pas tant d'importance. On peut s'en convaincre en voyant l'expérience des quelques sociétés allemandes, japonaises et américaines qui ont réussi à produire en série des moteurs rotatifs.

Malgré tout, nombreuses sont les personnes sceptiques qui continuent à douter de la viabilité de cette conception en citant les nombreux vices du moteur rotatif, comme l'usure élevée de la segmentation, la consommation d'huile, la concentration excessive d'hydrocarbures dans les gaz d'échappements, le manque de rentabilité engendrée par la consommation élevée en carburant, etc... Avec le temps ce sont les optimistes qui ont gagné ce combat et les résultats sont encourageants. Grâce aux efforts et à la persévérance de nombreux ingénieurs de divers pays, presque tous les inconvénients du moteur Wankel ont été surmontés.

(...)

Les ingénieurs soviétiques ont également été confrontés à ces problèmes lorsqu'ils ont décidé de créer leur propre moteur rotatif, un moteur "à la Wankel". Mais sans l'achat d'une licence, les sociétés étrangères n'étaient pas prêtes à partager les secrets de leurs recherches et il a fallu repartir quasiment de zéro.

Il faut donc saluer les efforts des jeunes ingénieurs d'AvtoVAZ qui ont réussi à créer le premier moteur rotatif soviétique produit en série, le moteur VAZ-311. Sa conception est très originale comme le prouve le brevet américain N°4237848 délivré à l'équipe d'ingénieurs menée par M. Korzhovy.

La conception du moteur est aussi originale. Par exemple on note un système de démarrage à basse température qui fait circuler le liquide de refroidissement par la chambre de combustion. Ainsi, comme le montre les nombreux tests effectués, le moteur peut démarrer facilement même à -20°C. Pour la première fois dans l'industrie soviétique, le système d'échappement est équipé d'un système de catalyseur thermique qui transforme les hydrocarbures de compositions différentes en dioxyde de carbone et en eau.

Avec l'installation du moteur Wankel "made in Togliatti" la VAZ-21011 est rebaptisée VAZ-21018. Pour la première fois de l'histoire de l'automobile soviétique on a installé un système d'allumage transistorisé à gestion électronique. Le calculateur assure au moteur une puissance optimale, une consommation et des rejets polluants réduits au minimum. Bref, le montage de ce moteur a imposé aux ingénieurs soviétique de se rapprocher des exigences modernes. Sans cela, il aurait été impossible de voir l'apparition de la première voiture soviétique équipée d'un moteur rotatif.

Article publié dans le magazine soviétique "Tekhnika i nauka" N°5, 1983

Lu sur : http://rcforum.ru/showpost.php?p=826410&postcount=362
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #VAZ, #Lada, #RPD