A mesure que l’on s’approche d’Oulianovsk la quantité de UAZ au kilomètre carré augmente de manière inquiétante, et dans la ville elle-même on croise des Kozliki et des Boukhanki (des vieux UAZ, le 4x4 et le fourgon) à tous les coins de rues. Au même moment dans l’enceinte de l’usine on multiplie les versions du 3160. Minivan, pick-up … « Voulez faire connaissance avec le grand de la famille ? ».
Refuser un telle invitation ? Vous plaisantez ! Nous sommes en effet les premiers à faire un court essai dans les rues et les alentours d’Oulianovsk au volant de celle par qui arrive le progrès. Nous, c'est-à-dire le pilote essayeur de l’usine, le représentant du service de presse et moi. Nous sortons par la grande porte, nous arrêtons et fixons les plaques jaune vif avec l’inscription « www.zr.ru » et nous sommes assaillis de questions auxquelles nous répondrons invariablement : « Oui ce n’est pas une voiture étrangère, elle est Russe ! ».
C’est la première fois que roulait dans les rues de la ville la toute nouvelle UAZ-31622 avec sa partie avant originale et les gens étaient choqués de voir l’emblème familier de la marque sur la calandre en plastique. Avant de savoir qu’ils avaient devant les yeux un Land-Cruiser d’Oulianovsk, tous pensaient à un design étranger. Et non … cette fois-ci on peut féliciter nos designers Russes ! La voiture fait belle impression ! L’avant monolithique, le nouveau pare-choc avant avec ses anti-brouillards, les extensions d’ailes en plastique, le pare buffle et les autres accessoires en tubes chromés, les grands phares avec lavage sous pression, les jantes et le toit haut perché ainsi que ces vitres teintées … Tout cela transforme le plus rapide des « frères » 3160 en un ensemble vraiment très stylé et désirable.
Un UAZ avec des gènes lointains… Cette idée m’est venue à l’esprit en entendant le bruit du verrouillage central. Le représentant du service de presse m’a raconté que les ingénieurs ont beaucoup travaillé pour nous faire oublier avec un matériau agréable, bien fini, et de couleur claire, les désagréables souvenirs de finition des UAZ traditionnels. C’est clair, le 31622 nous rappelle plus un SUV qu’un 4x4 pur et dur. Il est plus agréable de voyager à son bord : ici vous disposerez de six sièges à réglages séparés. Notre pilote essayeur règle avec satisfaction le réglage lombaire de son siège, mais sur les notres les boutons tournent dans le vide. Je m’assois pour détailler pour équipements disponibles. Le chauffage des sièges, les vitres et rétroviseurs électriques, le réglage en hauteur des ceintures avant et le réglage en hauteur de la colonne de direction, deux boîtes à gants (petites pour dire vrai) et un coffre réfrigéré (!) entre les sièges.
Le réprésentant du service de presse s’est déjà installé sur la troisième rangée. Là entre les deux sièges (qui occupent l’espace du compartiment à bagages) il y a un coffre étroit et haut. « Devinez qu’est ce que c’est ? Un accoudoir avec une cachette ? Non un accoudoir avec un secret ! » On ouvre le couvercle supérieur et jaillit directement à porté de main, une petite tablette pliante ! C’est pratique mais dangereux : en cas d’accident il vous rentrera directement dans l’estomac ! Passons aux fauteuils d’orchestre : un milieu de l’habitacle vous ressentirez beaucoup de satisfaction grâce à l’espace intérieur et le toit électrique Webasto. Par contre vous aurez beaucoup plus de mal à sortir par les portes arrière très petites et étroites.
De toute manière, qui voudrait sortir ? Tout est si calme dans ce UAZ. C’est même inhabituel. Le moteur est bien isolé mais il n’y a pas que ça. L’intérieur des portes reçoit pas moins de 7 éléments isolants. Mais sur ce seul exemplaire si soigneusement construit ils vibrent déjà. Et n’oubliez pas que c’est un tout-terrain. D’ailleurs pourquoi ne pas le tester ce tout-terrain ? Nous échangeons nos places et je passe au volant. Je règle les rétroviseurs qui sont un poil trop haut.
Le UAZ est une voiture qui a ses particularités. Cela faisait un an et demi que je n’avais pas conduit de UAZ et j’avais oublié quelque chose. En voulant débrayer j’ai appuyé la pédale … de frein ! La pédale d’embrayage est beaucoup plus à gauche ! De telle sorte que vous n’aurez plus de place à côté pour poser le pied. Démarrage, je jette des coups d’œil au pilote essayeur comme lors de mon examen de permis de conduire. Lui il la connaît et la conduit comme une Samara. Il est déjà habitué au pédalier décalé, au grand débattement du levier de vitesse bizarrement formé (ce qui ne facilite pas la manœuvre d’ailleurs). Mais le UAZ est bien une voiture d’hommes. Heureusement les petits commodos ont cédé leur place à des leviers plus pratiques. La direction assistée est également la bienvenue, et n’absorbe pas trop les informations en provenance de la route. Par contre la colonne retransmet fidèlement les vibrations des roues avant. Nous empruntons une artère principale et les voitures commencent à ralentir à notre hauteur et on lit l’étonnement dans le regard des conducteurs. Cela en devient dangereux. « Essaie de les semer ! ».
J’essaie. Oui les moteurs ZMZ peuvent mériter le titre « automobile ». On aimerait avoir le couple moteur maxi de ce tout-terrain de deux tonnes à bas régime. Le UAZ tient bien sa vitesse et réagit bien aux mouvements sur la pédale d’accélérateur. Mais le manque de couple est sensible à bas régime : la faible puissance oblige à changer souvent de vitesse. Ayant pris de la vitesse je porte mon attention sur son comportement. Il tient bien la route mais c’est un peu lui qui mène la danse. Il sera difficile de faire perdre son équilibre même dans les gros trous : les pneus Bridgestone Dueler de 16 pouces jouent bien leur rôle et travaillent de concert avec la suspension, mais le UAZ se balance beaucoup. C’est bien ? Non car il tangue aussi en ligne droite. Et en virage ? Dans les virages une main invisible essaie de maintenir la voiture mais cela ne marche pas et la voiture est attirée vers l’extérieur. Cela n’est pas dangereux (les voies sont larges), et vous ne pourrez rien y faire. De toute manière une telle masse et les quatre roues motrices ne sont pas faites pour la route. Les freins aussi vous le rappelleront : les freins à disques sont efficaces mais les tambours arrières semblent absents, comme s’ils étaient encrassés.
Maintenant la boue ! C’est aussi une Jeep ! Dans ce confort le représentant du service de presse semblait avoir oublié que nous voulions coûte que coûte quitter les routes asphaltées. Il a d’autres problèmes : le chauffage ne chauffe pas la partie arrière de l’habitacle. Mais en quittant la route, on l’a ramené à d’autres considérations. Voilà pourquoi il y a des ceintures de sécurité à chaque place. Je passe en rapports courts, et la voiture cesse d’être une « voiture étrangère » pour redevenir un UAZ dans toute sa splendeur. Les pneus Dueler brisent la glace, mordent les pierres, et nous secouent ! On s’aperçoit qu’il n’est pas si confortable de s’asseoir sur la deuxième rangée de sièges : le représentant a manqué de glisser de son siège ! Les sièges pourraient être plus large et plus profonds. Mais je suis aux anges avec un sourire jusqu’aux oreilles. La voiture est égale à elle-même et dans son élément : elle est capable de faire des miracles. Mais déjà le pilote reprend le volant ... Il veut que nous fassions de belles photos et il met une telle ardeur lors de l’assaut d’une bosse que même le toit ouvrant à été éclaboussé ! On ne veut plus revenir en ville !
Il est prêt à 80% pour être produit en série. C’est bien ! Les ingénieurs ont réussi à trouver l’équilibre entre le tout-terrain des villes et le tout-terrain des champs. Mais combien coûtera-t-il ? C’est là que commencent les miracles et que la voiture perd ses petits plus. : la tablette, le frigo, les vitres teintées, les vitres électriques … tout cela ne sera disponible qu’en option. Et que recevrez-vous en série ? Un nouveau design de la partie avant ... Mais pour l’instant mes connaissances restent prudentes sur le prix de la version de base du 31622. « Environ 15000 dollars ». On évite aussi de parler de la concurrence : les voitures d’occasion Japonaises qui suffiront à ceux qui n’ont pas besoin d’une nouveauté.
A l’heure actuelle les ingénieurs portent leurs efforts sur les versions modernisées du 31514 (et du 315120) qui disposeront des mêmes ponts mais d’une nouvelle carrosserie, d’un habitacle remanié et d’une nouvelle transmission. L’assemblage débutera en mai. Et les bénéfices tirés de leur commercialisation devrait aller aux grands frères. Après cet essai nous avons ramené ce 31622 à la maison. A la question de savoir quand sera produite cette nouveauté, les ingénieurs gardent le silence. Même si la question les intéresse.
Lu sur : http://www2.zr.ru/zr-online/txt/auto/autoface/brat2.htm
Adaptation VG