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A la découverte de Multicar !

La chute du mur de Berlin a également entraîné la fin de l’industrie automobile de la RDA. Cela fait déjà longtemps qu’on ne produit plus de Wartburg, Trabant, Robur et camion IFA ... Il y a tout de même une exception. Connaissez-vous ce petit camion du nom de Multicar ? L’usine qui produit ces véhicules, située à Waltershausen est non seulement vivante, mais aussi en bonne santé ! Nous sommes allés y faire un tour !

Ce qui est étonnant est que Arthur Eid, le fondateur de l’usine, n’avait pas l’intention de construire des automobiles. En 1920, il s’occupait de la production de remorque et de système d’attelage. L’entreprise était assez importante. En 1928, elle employait 400 personnes (elle n’en emploie plus aujourd’hui que 220). C’est seulement après la guerre, au milieu des années 50, que la production de véhicules à moteur à commencé à Waltershausen.

Il s’agissait de chariots automoteurs de petite taille et assez primitifs (comme des chariots électriques) équipé d’un moteur monocylindre Diesel de 6ch. Le conducteur restait debout pour diriger son véhicule à l’aide de leviers disposés des deux côtés. Ce « chariot » atteignait la vitesse de 15km/h, mais il avait une capacité de chargement assez appréciable : 2 tonnes. Ils furent produits pendant seulement deux années. En 1956, un nouveau véhicule fit son apparition : il portait le nom de Multicar 21.

Il ne s’agissait ni plus ni moins que d’une évolution du chariot précédent, avec le même moteur et les mêmes leviers pour le diriger. Mais sa cabine avait une portière (quel progrès !), et le conducteur disposait d’un « coussin » pour appuyer ses lombaires. Sa particularité principale était sa polyvalence. Le Multicar 21 pouvait non seulement transporter deux tonnes, mais pouvait être équipé de cinq dispositifs interchangeables : du chasse-neige à la sableuse. La production de ce modèle se prolongea jusqu’en 1964, et il fut produit en tout 14000 exemplaires.

Le nouveau moteur, le Multicar 22 n’était plus un chariot à moteur mais un véritable « camion ». Le conducteur était assis, dans une cabine fermée d’une place, et tournait un volant ! La capacité de charge n’évoluait pas mais il pouvait désormais atteindre 23km/h avec son moteur Diesel bicylindre. Il pouvait être équipé de 10 dispositifs additionnels. Et malgré le fait qu’il ne brilla pas avec seulement 15ch, ce petit camion (avec sa cabine protégée des vents allemands) était fort apprécié par les services communaux car il pouvait se faufiler facilement avec un relatif confort dans les petites ruelles. Ce modèle fut produit à 42500 exemplaires entre 1964 et 1974.

Ce n’est qu’avec le modèle suivant qu’un moteur assez puissant a fait son apparition. Le Multicar 24 disposait en effet d’un moteur Diesel quatre cylindres de 45ch qui lui permettait d’atteindre la vitesse tout à fait acceptable de 50km/h et de transporter 2,2 tonnes de chargement. De plus ses capacités fonctionnelles augmentaient encore : il pouvait recevoir 14 dispositifs additionnels. Bien que polyvalente, cette voiture à une place ne convenait plus totalement aux services communaux. C’est probablement pour cela que le Multicar 24 ne fut produit que pendant une période relativement courte : de 1974 à 1978 (soit 25600 exemplaires).

Par contre, son successeur, le Multicar 25 est devenu un véritable best-seller : présenté en 1978, il a été produit pendant 13 ans. C’est le modèle le plus fabriqué de l’histoire de l’usine avec une cadence d’environ 10000 exemplaires par an. Avec le même moteur, ses qualités étaient bien supérieures à celles du Multicar 24. : cabine deux places, capacité de chargement de 2 ,3 tonnes, 60km/h et 20 dispositifs interchangeables.

Ce véhicule a fait son apparition dans les rues de Moscou juste avant les Jeux Olympiques de 1980. Il en fut livré 20000 en URSS, dont beaucoup roulent encore aujourd’hui. Curieusement avec le début de la pérestroïka de nombreux Multicar sont passés dans le secteur privé. Sa petite benne à ridelles jouissait d’une belle popularité dans les petites exploitations agricoles.

Le Multicar 25 fut le dernier modèle produit en RDA par la société IFA Multicar. Après la réunification allemande, IFA a cessé d’exister, mais en 1990 la société est passée à l’économie de marché sous un nouveau nom : Multicar Spezialfahrzeuge GmbH.
A présent l’usine fabrique environ 1500 voitures par an. C’est vrai qu’on ne peut comparer ces volumes aux volumes passés … Mais si on se rappelle ce qui est arrivé à l’industrie automobile de la RDA, ce résultat est tout à fait convenable. De plus, la société a réussi à développer et lancer de nouveaux modèles. Comme autrefois, on fabrique directement sur place la cabine, le châssis et la carrosserie. Tous les autres composants sont achetés à l’extérieur.

La gamme est désormais composée du Multicar 26 (produit depuis 1991) et du plus moderne Multicar 30 (également appelé « Fumo ») qui a fait son apparition il y a exactement 10 ans, en 2001. Les deux sont disponibles en deux variantes d’empattement, avec une cabine à deux ou cinq places, la transmission 4x2 ou 4x4, et sur commande le blocage de différentiel arrière. Curieusement le « vieux » et le « nouveau » modèle disposent du même moteur 4 cylindres IVECO turbodiesel, mais avec des calculateurs différents. Sur le « Fumo » ce moteur développe 105ch et 250Nm de couple, et sur le vétéran « Multicar 26 » il est moins puissant : 90ch et 210Nm. A noter qu’à l’origine le Multicar 26 était équipé d’un moteur Diesel d’origine VW.

Mais la ressemblance s’arrête au moteur. Le Fumo dispose d’une cabine plus confortable et plus vaste. La carrosserie n’est pas réalisée en tôles galvanisées mais en plastique collé sur le châssis, lequel est en deux parties vissées entre elles. La suspension avant rigide à ressort laisse la place à une suspension indépendante et les freins à disques, de même que l’ABS font leur apparition à l’avant et à l’arrière. D’ailleurs les roues sont passées de 14 à 16 pouces et elles ne sont plus jumelées à l’arrière.

Les dimensions également ont augmentées, bien que comme autrefois (excepté en hauteur bien sûr), elles n’excèdent pas les valeurs de notre Volga. A noter qu’on a réalisé des versions longues à triples essieux.

Autre chose : outre la transmission mécanique traditionnelle, le Fumo peut recevoir une transmission hydrostatique qui permet d’accélérer sans à coups et en continu. Cela constitue un atout avec certains équipements comme le chasse-neige. Un de ces Fumo a pris du service à Mourmansk. Avec cette boîte il est moins vif (il ne dépasse pas 62km/h), mais il est idéal sur la neige.

Malgré l’apparition du Fumo, l’ancien Multicar 26 n’a pas encore été mis en retraite. Il connaît encore une forte demande, ce que favorise son prix qui à équipement égal au Fumo est inférieur de 6000 euros. Il est intéressant de constater que dans l’usine le stock de cabine en plastique (pour le Fumo) ne dépasse pas celui en métal pour le Multicar 26. La production se répartirait donc de manière égale entre les deux.

Bientôt un nouveau modèle fera son apparition dans la gamme. Il reçoit le nom de « Tremo ». C’est le plus compact : il mesure 3,69m en longueur pour 1,30m en largeur, et le plus agile car il dispose de quatre roues directrices ! Il sera équipé exclusivement de la transmission hydrostatique et recevra un moteur VW turbodiesel de 85ch. Il ne sera pas fabriqué sur la chaîne, mais en petite série dans un atelier à part. Il n’est pas étonnant que le Tremo est deux fois plus cher que le Multicar 26. Son prix débutera à 52000 euros.
Il faut savoir que tous les modèles de Multicar sont fabriqués sur commande ! En effet, ils peuvent recevoir pas moins de (vous n’allez pas le croire !) 60 variantes d’équipements spéciaux : outre le chasse-neige ou le système d’arrosage, il peut tondre le gazon, broyer des branches, déposer et transporter des conteneurs … C’est la raison pour laquelle le futur acheteur doit dès la commande savoir à quel tâche le véhicule sera affecté l’hiver, et l’été car de cela dépendra le niveau de préparation du châssis. Il y aussi des variantes disposant d’un équipement hydraulique : du système le plus simple (une benne basculante) au plus complexe pour des mécanisme gourmands en énergie. Sur la chaîne on peut voir des châssis en tubes d’acier très élaborés.

Ces équipements additionnels ne sont pas fabriqués par Multicar mais acheté à des sociétés spécialisées comme Gmeiner, Terra-trade ou Schmidt. Certains d’entre eux peuvent coûter plus cher que la voiture. Si par exemple un Multicar 26 avec une benne vaut environ 26000 à 30000 euros, le même Multicar avec une balayeuse pourra coûter 90000 euros. On le sait, la propreté n’est pas bon marché !

Lors de la préparation de mon voyage, Multicar m’avait concocté un essai avec l’exécution de quelques tâches communales. Par exemple, balayer une rue, charger et décharger une poubelle et d’autres choses de ce style. Leur piste d’essai permet d’ailleurs de réaliser ce genre d’exercices. Mais tout ne se passa pas comme cela …

La piste d’essai était « espionnée » et nous nous sommes retrouvés dans une petite carrière n’excédant pas 150 mètres de diamètre, entourée d’arbres et de buissons. Il n’y avait pas de traces de pneus au sol. Nous allions pouvoir tester les capacités du Fumo en « tout-terrain » même si la place ne nous permettrait pas d’accélérer franchement. Par contre les pentes étaient raides et nous avions un peu peur de mettre sur le toit le Fumo avec ses petites voies.

Je prends le volant. La cabine est plus grande à l’intérieur qu’elle ne le paraît de l’extérieur. L’habitacle n’est pas luxueux mais il est tout à fait convenable. Le siège est confortable (ce n’est pas étonnant, il est brodé d’un logo de la marque Isri), mais l’amplitude de réglage n’est pas très élevée. Le volant n’est pas du tout réglable, mais cela n’est pas un problème. Le levier de la boîte cinq vitesse rappelle un joystick et il est très bien disposé : à peine a-t-elle quitté le volant que la main se pose dessus. La pédale de frein est trop haute … mais bon.

Je vais conduire en 4x4 sur les rapports courts. Mais je ne m’attendais pas à rouler si lentement ! Je pourrai sortir de la cabine et ramper … Je dépasserai la voiture ! La vitesse minimale du Fumo est de 600 mètres par heure !!! Mais c’est une qualité très précieuse pour un engin communal. A vrai nous ne faisons pas un test de moissonneuse batteuse mais de camion benne à chargement trilatéral : il transporte 1,5t de granit. Maintenant on passe sur les rapports normaux. En voyant les flaques d’eau je veux trouver la touche du blocage de differentiel mais hélas, cette option est absente de mon Fumo.

Lentement je m’approche de la descente. La pente et raide, mais vue de l’intérieur c’est encore plus impressionnant ! J’ai envie d’enclencher la marche arrière, mais c’est trop tard. Il faut freiner ! La voiture glisse un peu sur le côté. Les pneus n’ont pas de sculptures marquées. Je lâche un peu les freins et tourne le volant. La voiture se remet en ligne. Elle réagit comme je le veux ! Les montées étaient plus faciles. Il suffit d’appuyer la pédale de l’accélérateur électronique et tu es arrivé en haut. Il faudra veiller à sélectionner le bon rapport pour ne pas consommer inutilement du carburant. Mais cette sélection est loin d’être idéale : plusieurs je n’ai pas réussi à passer le rapport désiré. J’ai par contre apprécié le comportement du véhicule sur ce sol : sans blocage et avec des pneus « route » il est admirable.

Selon les ingénieurs, à plein charge (2,5t) ce Multicar peut atteindre 110km/h en consommant 18l aux 100km. Avec certains de ses équipements, la voiture consommera en moyenne 10 à 12l aux 100km.

Malheureusement je n’ai pas eu l’occasion de balayer les rues allemandes ! Chez nous, en Russie, les Multicar sont vendus essentiellement avec des équipements interchangeables pour le nettoyage des rues en hiver et en été. Mais il n’est plus question des volumes de ventes d’antant : depuis le milieu des années 90 il a été vendu à environ 100 exemplaires à Moscou, et à peu près autant à Saint-Pétersbourg. Trois d’entre eux sont destinés au nettoyage du Kremlin … Le Multicar est donc un véhicule gouvernemental !

Lu sur : lien obsolète
Adaptation VG

Je ne vous ai pas traduit la partie sur ce Mungo (véhicule militaire basé sur le Multicar) fabriqué par Krauss-Maffei, qui produit également le char Leopard.

Vous pourrez découvrir le Multicar sur le site de la marque :http://www.multicar.de/index.html

Tag(s) : #Histoire, #Multicar, #Essai, #Utilitaire