Me voilà donc en 1977 au volant (sport) d'une superbe 110LS brune affichant +/- 45.000km (réels) au compteur. Il s'agissait bien de la Skoda sport : elle avait la même version (prétendument poussée) du moteur 1.100 que le coupé 110R, affichant fièrement 52CV Din, un petit levier de vitesse et un petit volant à trous trous dans les 2 branches. Et puis, il y avait son côté Ford Mustang I (celle d'Un Homme et Une Femme : cha ba da ba da cha ba da ba da…) : un superbe compte-tours tout rond rajouté au sommet du tableau de bord –et démuni d'éclairage. Le jour on roule au compte-tours, la nuit à l'oreille.
La bête atteignait le 100km/h en tout juste 19 sec. (pour comparaison, c'était le temps d'une Golf Diesel I de la même époque, donc pas si mal que ça en fin de compte) et pointait à 145 chrono. En fait, elle s'insérait très honorablement dans la circulation, mais de là à tenir les sportives de l'époque ou à la confondre avec une R8 Gordini, il y a un pas que même mon esprit partisan ne franchira pas !
J'ai eu avec cette voiture de nombreux problèmes électriques, mais elle n'y pouvait rien (si, si je reste objectif..) : elle m'avait été vendue avec une batterie dont un des éléments était cassé et se mettait par moment en court-circuit, interrompant toute l'alimentation électrique de la voiture. Il faudra près de 3 mois au garagiste pour trouver le problème, mais c'est souvent le cas avec les pannes intermittentes. Pour le reste, elle me réservait les classiques des Skoda 100 et 110 : les régulateurs de tension défectueux et les relais de démarreur récalcitrants.
Si l'idée vous venait d'en trouver une en bon état et de l'acheter, sachez que ces 2 éléments tomberont certainement en panne, mais ce n'est pas trop grave. Le régulateur de tension en panne se signale par un clignotement du témoin de charge. Le régulateur est un boîtier placé dans la contre-aile arrière droite, et se répare d'un coup de poing. L'autre solution est de remplacer l'élément de marque Pal par un Bosch, mais c'est plus cher et au contraire de la 1ère solution ça ne marche pas toujours. Le relais du démarreur se signale à votre attention quand vous tournez la clé pour démarrer : en lieu et place du vacarme habituel (et rassurant à la longue, si si) : un claquement sec et rien d'autre. Sous l'assise du siège arrière gauche, vous trouverez deux trappes de visite : l'une vous donne accès au réglage de la garde d'embrayage, et l'autre sert à résoudre notre problème : en l'ouvrant vous tombez nez à nez avec votre démarreur – vous prenez un marteau et vous frappez l'extrémité du démarreur avec le manche du marteau (pas avec le fer, vous casseriez votre démarreur, et là c'est vraiment fichu) et vous avez toutes les chances que ça reparte.
Je vous laisse deviner l'air ahuri de vos passagers (celui du siège à basculer est en général celui qui apprécie le moins par mauvais temps – c'est toi Vincent qui parlait de voitures aseptisées…) – ça m'est arrivé une des premières fois que ma future épouse montait dans ma voiture (c'était ma 105L – j'y reviendrai) : elle m'a quand même épousé et est toujours là après 25 ans…
Je pense que c'est cette voiture qui m'a appris à aimer et à maîtriser (un peu) les propulsions. Si sur le sec les 52CV ne permettait pas de grands travers, la pluie et à fortiori la neige ou le verglas permettaient de la conduire à l'accélérateur : un tout petit coup de volant à l'entrée du virage (pour les gros cœurs : appel et contre-appel), et tout le virage se passait en plein contre-braquage et en dosant l'accélérateur. Pour démarrer en côte sur la neige ou le verglas, rien de tel qu'une tout à l'arrière : quel plaisir de dépasser dans les côtes enneigées Mercedes et BMW qui attendaient le dégel ou le camion de sel.
Bien sûr, aux normes d'aujourd'hui elle semble bien désuète et je ne sais comment je réagirais en me retrouvant à son volant, venant de ma Golf TDi avec l'ESP (eh oui, on vieillit…). Je pense que même ma Felicia (surtout utilisée par mon épouse) me semblerait très très moderne. La belle n'avait pas de direction assistée, pas de freins assistés, pas d'airbags (quand même deux ceintures à l'avant, mais pas d'enrouleurs) – et puis ce plastique imitation bois sur le tableau de bord…. Mais voilà, un an avait passé et Skoda venait de sortir un « tout nouveau modèle » : la 105/120, et après un bref essai je passais commande en 1978 d'une 105L.
Amicalement et à bientôt pour la suite,
Alain
Pour les épisodes précédents :
http://www.sovietauto.fr/2004/11/temoignage-mes-voitures-de-l-est-1ere-partie.html
http://www.sovietauto.fr/2004/12/temoignage-mes-voitures-de-l-est-2eme-partie.html