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Parmi les constructeurs russes, il y en a peu qui peuvent se vanter d'un haut potentiel technologique, et surtout d'une école de design. Il faut dire que cela fait peu de temps que l'on se préoccupe de ce domaine artistique. Bien sûr, avant on essayait de faire des belles voitures, mais le plus important était la fonctionnalité. Et on les créait dans les arrières cours des grands sites industriels. On n'avait jamais pensé à mettre en place de véritables bureaux de style.
Chez VAZ cette question était abordée plus sérieusement que chez les autres constructeurs russes. Et l'on a commencé à réaliser de vrais concept-cars : « Gnom », « Elf », « Oka-2 », « Rapan », telle est la liste de quelques prototypes qui ont été réalisé dans les dix dernières années. Cette année, les designers du centre de style de VAZ (DTR VAZ) en ont construit un nouveau portant le nom de « Peter-Turbo ».
Les phares étroits ou le toit constitué d'un grand dome transparent sans montants ne sont pas réalistes. C'est une ligne forte, qui délimite la partie supérieure et inférieure de la carrosserie, passe sous les vitres latérales et relie les phares avant aux feux arrière, en intégrant les rétroviseurs. La forme générale est tellement inhabituelle que l'on se prend à l'observer de longs moments sous tous les angles. Même immobile, la voiture semble aller vers l'avant. Ce concept-car a été dessiné et construit pas le centre de Design d'Avtovaz, et a été présenté au public au Salon de Moscou 2000. Tout le monde l'a remarqué : les visiteurs, les spécialistes, et le jury. C'est pour cette raison qu'il a été récompensé par le « Prix de l'Inspiration ». Pour la première fois de son histoire, VAZ a créé deux versions de ce concept-car. Celui de Moscou était une simple maquette, sans intérieur. Le second, plus réaliste, avec un habitacle totalement réaliste, a été présenté il y a peu au Salon de Paris. Pour les constructeurs du monde entier ces prototypes ont un rôle très important : ils reflètent le potentiel créatif et le professionnalisme de leurs créateurs.
Il y a deux ans le « Rapan » le plus connu des prototypes VAZ avait fait ses débuts dans la capitale française. Malgré leurs différences apparentes, « Rapan » et « Peter-Turbo » sont très proches. Ils ont été fabriqués au même endroit et, leur style appartient à la tendance du « Bio-Design ». Si le « Rapan » rappelle un coquillage exotique, la particularité de « Piter-Turbo » est son espace intérieur. Avec des dimensions modestes pour un véhicule de cette catégorie (4660x1900x1550), elle peut transporter dans le plus grand confort cinq adultes mesurant plus de 180cm. En effet, le garde au toit maximal se trouve juste au dessus de la tête des passagers. Les ingénieurs ont accordé une attention particulière au confort : ainsi, la carrosserie n'a pas de pied milieu et les sièges pivotent et la colonne de direction pivote automatiquement pour faciliter l'accès à bord. Les portes avant est montée sur des charnières classiques, mais ayant une cinématique particulière leur permettant de s'ouvrir largement, les portes arrière sont de type "suicide". L'ouverture du coffre à bagages mord largement dans le toit.
Il n'y a pas de tableau de bord. Il est remplacé par une console avec des boutons et manettes et une casquette intégrant la climatisation et le système de navigation. Le reste est constitué par une garniture souple, réglable en hauteur et profondeur. Le pédalier est également réglable. Les sièges sont inhabituels. Bien sûr ils coulissent longitudinalement sur des rails et leurs dossiers se règlent en inclinaison mais on trouve de multiples possibilités pour les appuis lombaires et fessiers, qui s'adaptent automatiquement à chaque morphologie grâce à un réseau de petits sacs remplis de liquide.
Autre particularité des sièges avant : le dossier flexible. Il permet au conducteur de faire bouger le dossier sur le plan vertical (par exemple lorsqu'il se retourne pour effectuer une marche arrière). Le secret réside dans le dossier fixé au centre de l'assise et une armature particulièrement rigide. Lorsqu'on descend du véhicule, les sièges pivotent et se soulèvent.
Si le « Rapan » est une évocation de ce que pourrait être une voiture, la « Peter-Turbo » est beaucoup plus réaliste et offre plus de potentiel. C'est sûr qu'elle pourrait intéresser les personnes de grande taille, ou fortes : une voiture comme cela est réclamée par de nombreux Russes. Les designers ont prévus plusieurs types de carrosserie : les prototypes présentés à Moscou et à Paris sont des « hatchback » à caractère sportif.
"Nous avons essayé de faire une voiture qui ne ressemble à rien d'existant, raconte le chef du département du Design d'Avtovaz, Sergueï Sinelnikov. Nos designers ne doivent pas seulement dessinés des voitures en respectant des cahiers des charges routiniers, ou l'innovation est difficile à faire passer. Pour faire quelque chose de vraiment nouveau, il faut leur laisser le champ totalement libre et leur permettre la fantaisie. La « Peter-Turbo », ce n'est pas quelque chose d'autre ou de nouveau, mais de différent. Quelques dizaines de personnes ont oeuvré sur elle durant plusieurs mois. Ce type de projet n'offre pas seulement aux gens la possibilité d'être créatif, mais il les inspire. La voiture est le résultat d'une somme d'idées personnelles, qui offre des caractéristiques excellentes.
Une d'elle est l'aérodynamisme. Le coefficient de pénétration dans l'air , qui est l'un des indicateurs aérodynamique le plus important, est sur la « Peter-Turbo » meilleur que n'importe quelle Lada produite jusqu'à ce jour. Par comparaison, la 2101 fait 0,47, la 2108 - 0,43 et la 2110 - 0,33. Et on estime que lorsque la « Peter-Turbo » passera du stade de maquette au prototype roulant, elle pourrait faire de 0,21 à 0,26. La 2110 est dans sa catégorie une des voitures les plus aérodynamique. Certains enseignements tirés de la 2110 ont été utilisés sur le concept-car , qui présente également certaines caractéristiques exceptionnelles. Ainsi, la partie avant est dessinée pour améliorer les flux d'air, et la partie arrière pour faciliter leur évacuation. La forme des phares n'influe plus la forme de la carrosserie : au début de l'automobile, il y a plus de 100 ans, c'est un homme qui marchait à pied devant la voiture en portant une lanterne, laquelle fut intégrée à la carrosserie. Ensuite on fit appel à l'électricité : les phares halogènes constituaient encore une nouveauté il n'y a pas si longtemps. Ils seront remplacés dans le futur par un système utilisant la technologie du Laser, dont la lumière sera diffusée à travers de lentilles complexes. Science Fiction ? Non, c'est la réalité de demain.
A Moscou, se rappelle Sergueï Sinelnikov, on nous a posé beaucoup de question sur ce concept-car. Sur le stand c'est une maquette que nous présentions, et tout le monde voulait savoir quand on montrerait une vraie voiture. Nous ne considérons pas notre prototype comme un simple jouet de salon. C'est une vraie voiture, posée sur des roues de 16 pouces, avec amortissement adaptatif et garde au sol réglable. Ce châssis permettra à la « Peter » de coller à la route, et d'emprunter les petits chemins. Le moteur qui permettra vraisemblablement à la voiture de dépasser les 200km/h est un moteur rotatif. Ce sera une voiture pour les gens amoureux de la conduite.
Il faut encore évoquer des éléments, qui à mon avis, sont symboliques. Le point de départ de notre travail fut ... les rétroviseurs. Leur intégration aérodynamique a dicté toute la forme de la voiture qui pourrait évoluer dans un futur pas si éloigné. Que peut-on voir dans ce miroir ? Plus d'un siècle d'histoire de l'automobile, et 30 ans d'histoire de Lada. Le parrain de ce concept-car est devenu l'écrivain dissident Vassili Axionov. En effet, « Peter-Turbo » est la voiture de rêve qui apparaît dans son roman de science fiction « L'île de Crimée » (*), et qui porte ce nom en mémoire de Pierre Le Grand. Et c'est à Togliatti que cette vision est devenue réalité."
Lu sur : http://www.tatauto.ru/obz_conceptvaz.asp?menu_id=1
Adaptation VG
(*) "L'action de ce roman se déroule sur une île cosmopolite, libre de moeurs et riche, où vivent les tatars déportés par Staline. Un mal lancinant ronge les habitants, la nostalgie de la Mère patrie. C'est une oeuvre de pur divertissement, soumise aux lois du best-seller, mais qui comporte quand même une bonne dose d'imagination stimulant l'intérêt au long de ces 500 pages où abondent coups de théâtres et morts violentes". (Amazon.fr)