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Il fut un temps où Skoda et Seat devaient se débrouiller entièrement seuls, avant que le colosse Volkswagen ne prenne le contrôle des deux marques. De cette époque, nous mettons en lumière deux modèles qui ont inauguré une toute nouvelle ère pour les deux marques : l'Ibiza et la Favorit.

Skoda et Seat sont deux marques automobiles que l'on cite depuis des années dans le même souffle. Officiellement, ce sont deux redoutables concurrents, mais tout le monde sait que les deux constructeurs sont demi-frères et qu'ils ont plus de similitudes que de différences. Sur le champ de bataille qu'est le marché de l'automobile, ils peuvent se faire la guerre avec des armes similaires, mais ils s'aideront certainement à se remettre en selle en cas de besoin. En d'autres termes, leurs gammes sont tellement similaires qu'aucun concessionnaire Seat ne peut envier son collègue Skoda et vice versa. Les deux vendeurs peuvent raconter que leurs modèles sont secrètement des Volkswagen en termes techniques, mais qu'ils sont plus complets, plus beaux, moins chers, etc.

Pour la Sociedad Espanola de Automoviles de Turismo de Barcelone (SEAT) et l'Automobilove Zavody Narodní Podnik de Mlada Boleslav (AZNP), le fait que les marques opèrent désormais sous les ailes de VW constituait un meilleur scénario que la poursuite d'activités entièrement indépendantes. Seat n'avait pas vraiment de mauvaises perspectives d'avenir après avoir perdu soudainement Fiat, dont elle produisait les modèles sous licence depuis les années 50, en tant que partenaire. Les Espagnols ont courageusement repris le flambeau en commençant à vendre la Ronda, leur propre interprétation de la Ritmo, en dehors de l'Espagne également (à la grande colère de Fiat) ; puis vint la Fura, un dérivé de la 127. Ces modèles se sont avérés être des modèles de transition pour le fier constructeur espagnol, qui avait déjà impressionné au début des années 1970 avec la 133 développée en interne, qui, selon Fiat, a été adoptée comme successeur de la 850. En interne, la dynamique principale était la construction d'un autre modèle maison, qui est apparu en 1984 sous le nom de Seat Ibiza.

Dans la Tchécoslovaquie communiste, la situation était très différente ces années-là. Depuis 1949, les voitures Skoda étaient construites par l'entreprise publique AZNP, affiliée au groupe Mokotov, qui produisait des camions, des bus, des motos et des machines agricoles pour l'État. Les Skoda, avec leurs moteurs montés à l'arrière, étaient devenues très obsolètes, l'État ayant longtemps freiné les innovations. Une proposition de Giugiaro pour une nouvelle Skoda fut rejetée car jugée trop occidentale. En réalité, l'État n'était pas disposé à investir massivement dans les nouvelles machines dont l'usine automobile avait besoin.

Quant à la population, on lui disait que c’était les Russes qui bloquaient l'arrivée d'un nouveau modèle. Néanmoins, l'État s'y est collé, peut-être en raison du succès relatif des exportations de Skoda, qui a bénéficié d'une aide extérieure pour la conception d'une voiture à hayon de style occidental. Cette voiture a été lancée en 1987 sous le nom de Skoda Favorit.

Après avoir été rejeté par Skoda, Giorgetto Giugiaro a été chaleureusement accueilli quelques années plus tard par Seat, et on lui a autorisé à dessiner l'Ibiza, en respectant les dimensions du châssis de la Seat Ronda, qui devait être copié à l'identique. Cela explique peut-être l'empattement remarquablement large de l'Ibiza, dont les roues arrière se retrouvent vraiment entièrement dans les coins de la voiture. Il est intéressant de constater que Giorgetto Giugiaro a également donné à l'Ibiza sa « signature » : le pli au bas des flancs, qui relie les passages de roue comme une ligne claire et toujours lumineuse. La Fiat Uno a reçu le même détail, tout comme, par exemple, la Lancia Delta et la Hyundai Pony.

Bien que, à part la position inhabituelle des roues arrière, aucun autre détail vraiment distinctif ne puisse être découvert sur l'Ibiza - l'avant est très anonyme - la petite Seat se présente encore aujourd'hui comme une voiture très fraîche et originale. Un beau travail de Giugiaro.

Et Skoda ? Elle a laissé le design de sa Favorit à cet autre grand d'Italie : Bertone. Le langage stylistique anguleux de la Favorit est apparu quelques années plus tôt avec la Citroën BX et le concept-car Volvo Tundra. La Favorit n'est pas une beauté ravissante, mais ce n'est pas non plus une voiture qui offensera qui que ce soit. Elle se distingue juste assez des autres petites voitures à hayon. Quoique : les conducteurs invétérés de Skoda pourraient parler d'une perte d'identité. Mais il s'agit là d'une course impossible à gagner. Le constructeur a seulement négligé de livrer la Favorit dans des couleurs appétissantes ; la seule nuance intemporelle était le blanc. À titre d'exemple, l'importateur de l'époque avait fait peindre une voiture de presse en rouge vif pour qu'elle puisse être photographiée par les magazines automobiles. Ce n'était pas très pratique, étant donné la déception attendue des clients potentiels qui couraient chez le concessionnaire avec la publication en question sous le bras.

Aujourd'hui, nous partons avec l'une de ces Favorit blanches. Il s'agit d'une 136L de 1990, la première année complète où la nouvelle Skoda - présentée en première mondiale à l'AutoRAI 1989 d’Amsterdam - était disponible sur le marché néerlandais. Elle est accompagnée d'une Seat Ibiza 1.2L de 1987, également blanche. Les deux voitures font partie d'une collection de pas moins de 22 youngtimers similaires, qui portent toutes un autocollant de l'entreprise automobile Max Eringa de Harkema sur le hayon. L'entreprise automobile Seldenrijk, basée à Harderwijk, a acheté toutes ces voitures et les met en vente par étapes. Au moment de notre visite, pas moins de quatre Ibiza historiques étaient en vente, ainsi que des reliques comme une Austin Montego et une Opel Kadett 1.6D à transmission automatique.

Les deux voitures d'essai ont encore leur plaque d'immatriculation néerlandaise d'origine, tandis que leurs compteurs indiquent autour de 40,000 km pour la Favorit et 89,000 km pour l’Ibiza. Il va sans dire que les voitures sont entièrement dans leur état d'origine, ce que confirme la peinture totalement terne dans les deux cas ; aucune des deux voitures n'a jamais été autorisée à recevoir un coup de chiffon affectueux, semble-t-il. Il semble qu'en tant que reprises, elles aient été remises sans ménagement au concessionnaire susmentionné, où elles ont attendu en vain qu'on s'intéresse à elles en tant que filles à marier mais peu attirantes. Et pourtant, elles sont si joviales : l'Ibiza est maquillée en Playa, supposée être une voiture de plage, tandis que la Favorit se présente sans complexe comme une véritable Vedette. Il est difficile de retracer le contenu de ces séries spéciales : au moins, dans le cas de la Skoda, nous remarquons trois enjoliveurs en plastique dans le coffre. Il en manque donc un et ce sont donc quatre enjoliveurs au dessin plus moderne qui ont été montés. Une lourde tâche attend donc son futur acheteur : trouver un quatrième enjoliveur d’origine !

L'intérieur souligne le statut des deux voitures en tant reprises à petit prix : il est un peu négligé. Ici et là, un bouton est mal fixé ou certaines fonctions du tableau de bord semblent avoir déjà abandonné l'espoir de jours meilleurs. Sur le plan ergonomique, l'Ibiza est un casse-tête, car les commandes, qui dans toutes les autres voitures sont actionnées par des leviers sur la colonne du volant, sont contenues dans de curieux boutons. Pour des fonctions importantes comme les feux et les essuie-glaces, il faut même passer la main dans le volant pour appuyer sur les dits boutons ou déplacer des curseurs. Bizarre, tout comme le clignotant qui est collé à la colonne de direction comme un interrupteur à bascule surdimensionné. Ce qui est bien en revanche, c'est la visibilité panoramique phénoménale, dont on a désespérément besoin compte tenu de la petitesse des rétroviseurs.

L'assise est très moyenne ; le volant est trop plat et le siège ne peut pas être incliné suffisamment. L'instrumentation pourrait difficilement être plus simple, mais quelque part cela a son charme dans cette Ibiza 1.2 L super-simple ; c'est précisément le caractère de base qui rend cette voiture très pure. Les jantes étroites en acier lui conviennent parfaitement dans ce contexte.

Dès que l’on monte à bord, la Skoda semble plus mature, avec une bonne assise sur des sièges très décents. Le tableau de bord et les commandes ne réservent pas de surprises, même si l'on peut s'interroger sur l'utilité de mettre un dessin sur le combiné d'instruments pour chaque fonction, avec le témoin lumineux à côté. Comme s'il fallait être complet ! La finition de la Skoda est médiocre ; les interstices entre les différents plastiques durs comme de la pierre font parfois quelques centimètres de large et certains plastiques de la voiture d'essai sont passés du marron d'origine au gris mat.

L'Ibiza est dotée d'un petit moteur très enthousiaste, dont la sonorité est remarquablement proche de celle de l'ancien bloc à poussoirs de Fiat. Coïncidence, car l'arbre à cames se trouve au sommet du quatre cylindres de 1,2 litre développé par Porsche et actionne les soupapes par l'intermédiaire de poussoirs hydrauliques. Dans la voiture d'essai, l'essentiel était de maintenir le moteur à un régime élevé et d'apprécier la façon ludique dont le petit moteur maintient le rythme dans l'Ibiza. Il a donc un caractère sportif, sans que la voiture, avec ses 63 petits chevaux, ne soit réellement rapide à aucun moment.

Avec la Skoda Favorit, c'est exactement le contraire. Sur la route, il apparaît immédiatement qu'il s'agit de la voiture la plus équilibrée et la plus confortable, malheureusement avec un moteur qui n'a rien d'enthousiasmant. Pas de construction moderne ici, mais le vieux quatre cylindres 1,3 litre de 63 ch de la Skoda 130. Dans cette voiture à propulsion, l'ancienne technologie pouvait se justifier d'un point de vue nostalgique, mais dans la Favorit plus moderne, son obsolescence est très palpable.

La Favorit a des performances moyennes et une sonorité vieillotte, mais elle a au moins un caractère plus doux que la Seat. Il n'y a pas grand-chose à dire sur la tenue de route : dans les deux cas, il s'agit de tractions avant fiable et sans fioritures, avec, pour ce type de voiture un confort de suspension suffisant, sans plus. La Skoda passe les vitesses avec facilité et légèreté, l'Ibiza est un peu plus laborieuse en raison d’une course longue et d’un manque de précision.

Pour finir, dans les deux cas, la direction n'est pas assistée ; l'Ibiza se dirige plus fermement que la Favorit, un point fort de l'Espagnole.

Lu sur : https://www.autoweek.nl/autotests/artikel/seat-ibiza-1987-skoda-favorit-1990-youngtimer-dubbeltest/
Adaptation VG

Tag(s) : #Skoda, #Favorit, #Comparatif, #Pays-Bas