Pour prouver que nous ne conduisons pas que des Rovers, des Saabs et des supercars, nous vous proposons une autre histoire de délits automobiles. Et pour rester dans le thème communiste, nous jetons un coup d'œil derrière le Rideau de fer avec la Lada Riva de Mike Humble - la plus carrée des guimbardes russes !
J'ai souvent déclaré qu'il était rare que je m'implique émotionnellement dans les voitures. Mais après avoir passé un peu de temps dans mes rêveries avec une tasse de thé, il semble que ce ne soit pas vraiment le cas. Depuis que j'ai passé mon permis de conduire en 1989, j'ai conduit plus de 50 voitures (y compris des voitures de société sentant le tabac) et, de temps en temps, je repense avec émotion à l’une ou deux d'entre elles.
Ma Rover 75 actuelle, par exemple, est l'une de ces voitures. Elle a l'étrange capacité de flotter comme dans un nuage et, à mon avis, seule une Saab a pu rivaliser avec elle en termes de confort de conduite. Pour en rester aux Suédoises, après en avoir possédé quatre - un trio de 93 et une 9000 Anniversary état neuf -, elles sont une autre marque de voiture que je considère avec tendresse.
J'ai aussi, bien sûr, eu le plaisir de posséder des voitures encore plus ennuyeuses qu'un week-end pluvieux à Rhyl. Il y a eu trois Peugeot 406 et trois Ford Sierra - toutes chiantes comme l'enfer, et pourtant toutes aussi fiables qu'un Saint-Bernard - et, dans le cas de la 406 1.9TD, je dois préciser que c'est une voiture qui éponge les kilomètres d'autoroute à la manière de Demis Roussos – Forever and Ever.
Cependant, certaines des voitures que j'ai possédées étaient tout simplement horribles. Après avoir commis l'erreur stupide et fatale d'échanger une Cortina Ghia sans contrôle technique contre une Fiat 127 Sport noire, je me suis juré de ne plus jamais envisager une vieille voiture italienne à traction avant. Cela dit, j'ai bien failli acheter une Lancia Beta HPE il y a quelque temps - une voiture que je considère toujours comme incroyablement belle et tellement sous-estimée.
Posséder une voiture, c'est avant tout s'amuser comme un chiot - étant un vrai accroc de bagnoles, j'ai possédé et légèrement modifié une Mini mais, au final, le bruit, les rebondissements constants, le manque d'espace et le mal de dos incessant à se baisser pour tripoter le moteur de cette série 1275 A+ m’ont incité à la vendre – étonnamment à mon père. Le clan avec lequel je traînais au début de la vingtaine possédait un ensemble éclectique de voitures comprenant une Princess 1.7, une Cavalier 1.3 Mk2, une Metro Vanden Plas, une Marina 1.8 et, bien sûr, l'obligatoire Ford Cortina. Mais ce que j'ai fini par acheter et dont j'ai ensuite possédé deux exemplaires a d'abord suscité l'hilarité et le rire de notre bande de semi-demeurés obsédés par l'automobile - mais, inutile de le dire, c'est moi qui ai eu le dernier mot...
Cette voiture immatriculée D688 DNV n'avait que quatre ans lorsque je l'ai achetée. Elle était équipée d'énormes sièges garnis de velours, d'une instrumentation sport à six cadrans et d'essuie-phares ultrasophistiqués dépassant de l'imposante calandre chromée. En ouvrant la porte, on était accueilli par la lueur rouge des lampes de sécurité situées au bas des portières avant – c’était chic... c’était neuf... cela paraissait solide et on se sentait en sécurité… C'était une Lada Riva 1300SL.
Le comté du Northamptonshire comptait un concessionnaire Lada dans trois de ses principales villes : Northampton, Kettering et Wellingborough. Toutes ces villes étaient un havre de paix pour les amateurs de ces imposantes voitures russes carrées. La mienne était une première main, avec un historique complet, dans une belle nuance de rouge clair - presque la même couleur que le rouge Cinnabar de British Leyland, et je l'adorais.
Par le passé, j'ai critiqué la Lada à hayon - la Samara - et à juste titre, car elle était tout ce que la Riva n'était pas. La Samara était mal fabriquée, fragile et, littéralement, sans freins, alors que la Riva prétendait n'être rien d'autre qu'un moyen de transport simple et honnête qui était un cran au-dessus de la file d’attente pour monter dans le bus. L'ancien présentateur de Top Gear, Quentin Willson, a parfaitement résumé la Riva comme « l'incarnation de l'automobile anti-establishment », et il avait raison avec son analogie. Je me suis très vite attaché à ma Riva et, pour quelqu'un qui travaillait à l'époque comme mécanicien, la Lada Riva était la voiture idéale pour perfectionner ses tactiques de bricolage sur le bord de la route.
Le niveau d'équipement était stupéfiant si l'on considère que ces véhicules ne coûtaient que 15 bobs (NDT : un terme d’argot pour désigner la livre sterling) lorsqu'ils étaient neufs. À l'époque, votre Montego moyenne était équipée d'un cric, d'une manivelle et d'un étrange morceau de métal tordu pour démonter les enjoliveurs, mais avec la Riva, on avait un peu plus. Dans le coffre se trouvait un rouleau en similicuir qui, après avoir été décroché et déroulé, contenait :
- diverses clés,
- des tournevis,
- un pied de biche,
- une pompe,
- une baladeuse,
- un manomètre pour pneus,
- une clé Allen de 10 mm,
- un petit pot de peinture
- et même un petit morceau de métal pour régler l'écartement des vis platinées et une clé à bougie.
Une fois, j'ai fait la révision de la voiture de fond en comble en utilisant uniquement la trousse à outils fournie par le constructeur - et je n’ai eu besoin de rien d'autre.
La voiture possèdait également quelques petits trucs qui prouvent que ces voitures ont été construites pour survivre dans un monde où acheter du pain et du lait pouvait prendre une éternité. Pour démarrer une voiture après une panne d'essence, il fallait souvent disposer d'une très bonne batterie et d'un tube de Polo à la menthe (les bonbons !) après avoir aspiré l’essence de la durite d'alimentation en carburant.
Pas avec une Riva, il suffisait d'ajouter un peu d'essence, d'actionner le levier d'amorçage et d'attendre que le bol transparent situé sur le dessus de la pompe à essence se remplisse de carburant, puis de tourner la clé et c'était parti. La voiture n'a jamais cessé de m'étonner : un jour, hors de chez moi, la courroie de distribution a lâché (la 1.3 avait un moteur à arbre à cames en tête entraîné par courroie) et j'ai cru que la fin était arrivée pour ma boîte rouge sur roues.
J'ai téléphoné à notre concessionnaire local, le garage Acre Lane, pour m'entendre dire dans le combiné : « Remettez une nouvelle courroie, ça ira ». Et ils avaient effectivement raison. J’ai emprunté la Montego de mon père, je me suis rendu chez un concessionnaire de confiance pour acheter une nouvelle courroie. Alors que je m'attendais à ce qu'on me réponde qu'il n'y en avait pas en stock, sans même réfléchir, le type derrière le comptoir crasseux s'est simplement dirigé vers une étagère et m'a tendu une boîte - sans vérifier le numéro de pièce, il est allé directement à l'article correspondant et l'a pris.
J'ai demandé s'il s'agissait d'un problème courant, car il savait d'emblée de quelle pièce il s'agissait, et on m'a répondu : « Même chose que pour une Ford Pinto 2.0, mon pote. £6.99 s'il vous plaît ». Ces Russes sont sacrément intelligents. Le montage de la courroie était simple et ne nécessitait que trois clés et une demi-heure.
La fiabilité était également très bonne, surtout après avoir remplacé l'horrible carburateur russe double corps par un carburateur Weber. La différence était comme le jour et la nuit, les performances passant d'acceptables à carrément nerveuses. Les Lada avaient tendance à fonctionner un peu moins bien lorsque les températures étaient élevées. Mon modèle SL était équipé d'un ventilateur électrique plutôt que d'un ventilateur fixe en plastique, de sorte que la chaleur sous le capot posait davantage de problèmes.
Tout comme notre propre MG Maestro 1.6, les Riva avaient tendance à souffrir de l'évaporation du carburant et d'autres problèmes liés au carburateur, mais en installant un carburateur différent, tous les problèmes de fonctionnement ont tout simplement disparu. Après avoir installé un pot d'échappement performant, des phares plus puissants et abaissé la garde au sol, ma Riva était très agréable à conduire.
Mais il y a eu des problèmes en cours de route, principalement causés par le jeune conducteur que j’étais qui profitait pleinement de l'essence bon marché et conduisait comme un bouffon. Le tuyau d'échappement s'est cassé un soir de nuit, faisant ressembler la voiture à un bombardier Lancaster, et l'embrayage s'est mis à trembler si violemment que la boîte à gants s'ouvrait sous l'effet des vibrations.
Il y a également eu un problème avec le correcteur d'avance du distributeur (très courant) qui a provoqué des ratés monumentaux et rendu la conduite très pénible dans les embouteillages. Cependant, il y a eu un problème qui a vraiment failli me tuer. Roulant à vive allure sur l'A14 nouvellement ouverte, j'ai mis le chauffage à fond et le joint de la vanne d'eau dans le boîtier de chauffage s'est rompu, déversant du liquide de refroidissement brûlant sur ma jambe gauche.
Cela a transformé l'intérieur de la voiture en sauna turc presque immédiatement - essuyant un petit trou dans la condensation sur le pare-brise tout en étant brûlé vif, j'ai tiré le volant vers la voie intérieure et j'ai plongé sur l'accotement, accompagné d'un barrage de klaxons et d’appels de phares - tout cela en quelques secondes.
En réglant le chauffage sur le froid, je me suis dirigé vers la casse Beale près de Kettering, j'ai trouvé une pièce de rechange et, à l'aide des outils que j'avais toujours avec moi dans la voiture, je l'ai réparée sur-le-champ, poursuivant mon voyage vers Suffolk quelque 45 minutes plus tard. Même si ces problèmes étaient principalement liés à la qualité, la plupart du temps, ils ne coûtaient presque rien à réparer, ne nécessitant parfois, dans le plus pur style russe, qu'un paquet de cigarettes et un marteau - croyez-moi, c'était très amusant !
Pas une seule fois je n'ai souffert des plaisanteries si communes aux voitures du bloc de l'Est - nous avons eu l'un des pires hivers en 1991 et ma Lada a toujours démarré au premier tour de clé même lorsque les températures sont descendues en dessous de -15C.
Une autre fois, la Lada m’a témoigné sa fiabilité par une nuit noire, alors que je ramenais ma petite amie à la maison. Après une soirée entre amis, je roulais à fond sur une route de campagne et je suis tombé sur une bouche d’égout dont il manquait la plaque. Le volant a failli être arraché de mes mains lorsque la voiture a heurté le trou béant, le pneu et la chambre à air ont été arrachés de la jante fortement déformée et, après nous être calmés d'avoir failli percuter un mur à plus de 60 miles à l'heure, j'ai commencé à inspecter ce que je pensais être des dommages colossaux.
Après avoir monté la roue de secours, nous avons poursuivi notre route et, le lendemain, nous avons procédé à une inspection approfondie. Comme la voiture avait pris l'habitude de tirer vers la droite, je me suis rendu dans un centre de montage rapide et j'ai raconté ma rencontre presque fatale. Au bout d'une vingtaine de minutes, le mécanicien m'a présenté une facture de 10 livres sterling pour le réalignement de la voie. J'ai été tellement impressionné que j'ai écrit à Lada Cars UK à Bridlington, qui m'a répondu en me remerciant pour mon compliment et en me disant que ce scénario était un événement quotidien en URSS. Aujourd'hui encore, je considère la Riva et le tout-terrain Niva comme des voitures formidables, solides, bon marché et, surtout, sans prise de tête.
Il y a aussi eu la fois où j'ai vraiment cru que j'avais fait une croix dessus. Don Harlin, un copain propriétaire de Lada, conduisait une Riva 1600SLX et m'a mis au défi de faire une course entre sa maison et la station-service où nous nous retrouvions. J'étais sournois et j'ai pensé prendre un chemin différent du sien - avec des conséquences désastreuses. Après avoir été mis en échec à un feu rouge, j'ai vu Don dans sa voiture au carrefour, mon feu est passé au vert et j'ai appuyé sur l'accélérateur autant que j’ai pu. Je n'avais étonnamment pas remarqué la Nissan Stanza qui me précédait, et je lui ai rentré dedans. En inspectant les dégâts, il était clair que la Stanza était morte, mais tout ce que ma Lada avait subi était un phare brisé, une calandre fissurée, un pare-chocs tordu et une bosse dans l'aile !
Ces voitures n'avaient aucune prétention et possédaient un charme unique - tout comme la Skoda que Keith Adams possédait autrefois - et j'aurai toujours un faible pour ces chars russes maladroits à l'allure ancienne. Les concessionnaires étaient de première classe et offraient toujours un service client exceptionnel, ainsi qu'une disponibilité des pièces détachées que de nombreux grands constructeurs n'ont pas pu égaler.
À condition de ne pas s'attendre au raffinement d'une Jaguar et au look d'une Ferrari, la Lada Riva et la Niva 4×4 étaient le choix idéal pour ceux qui voulaient un transport sans fioritures, facile à utiliser et fiable. J'ai été tellement impressionné que, 18 mois après avoir acheté ma première Lada, j'en ai acheté une plus récente (immatriculée E644 HVV) qui, malheureusement, ne s'est pas avérée aussi fiable que la première. C’est comme ça !
Lu sur : https://www.aronline.co.uk/facts-and-figures/all-the-cars-ive-owned/all-the-cars-ive-owned-lada-riva-1300-sl/
Adaptation VG