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Commençons par une histoire vraie. Au début des années 1970, une famille de Leningrad : le père, la mère et la fille partaient régulièrement en vacances à Alouchta sur la mer Noire. Pas en voiture, mais en moto avec un side-car ! Le voyage fait près de deux mille cinq cents kilomètres !

A Moscou, ils se reposaient une journée et reprenaient la route vers le sud. Ils dormaient sous la tente. C’est un mystère de savoir comme ils pouvaient emporter tout le nécessaire sur la Jawa. Mais à mon avis, ce sont des héros ! A côté d’eux, partir en vacances avec sa voiture représentait le summum du confort ! Pourtant même sur quatre roues, tout n’était pas si facile.

Le tourisme automobile a commencé à se développer rapidement dans les années 1950 avec l'essor des voitures particulières. Ce n'est pas un hasard si plusieurs films populaires sont consacrés à ce loisir : « A la mer Noire » (1957), réalisé par Andreï Toutychkine, « Chauffeur malgré lui » (1958) de Nadezhda Kocheverova et, bien sûr, « Trois plus deux » (1963) de Guenrikh Oganessian.

Za Roulem donnait alors de nombreux conseils aux vacanciers. Exemple : il est préférable de partir en vacances dans un groupe de plusieurs voitures. Et de préférence du même modèle. Ce n'était pas difficile à l'époque : Moskvitch, Pobeda et, pour les plus chanceux, Volga étaient les seules voitures à la disposition du citoyen soviétique.

Le « kit d'urgence », sans lequel un automobiliste expérimenté n'allait pas plus loin que la région d’où il était parti, était le même pour tout le monde. Il y avait toujours un bidon d'essence de 20 litres dans le coffre. Et mieux encore, deux. Après tout, les stations-service étaient rares, elles accumulaient les longues files d'attente et, parfois, elles attendaient simplement l'essence qui « n'avait pas encore été livrée ». D'ailleurs, dans les films des années 1950, l’agitation des stations-service est montrée de manière assez réaliste.

L'échantillon de pièces détachées comprenait au moins les bougies d'allumage, un rotor et la tête de delco (voire même de préférence le boitier d’allumage complet), la bobine d'allumage, des courroies d’accessoire et d’alternateur. Bien entendu, le « kit » comprenait également un bidon d'huile (dont le volume dépendait de la consommation) et de liquide de frein (en particulier sur les vieilles voitures, le liquide de frein avait l'habitude de sortir brusquement des réservoirs). C'est pourquoi les plus aguerris emportaient également au moins un cylindre de frein de rechange ou plus souvent - les joints pour le réparer.

Idéalement, un conducteur devrait être en mesure d'effectuer lui-même au moins les petites réparations. Même s'il est vrai qu'à l'époque, les personnes qui s'arrêtaient quand on demandait de l'aide étaient bien plus nombreuses que celles qui ne s’arrêtaient pas. Comment pouvait-il en être autrement ?

Il n'y avait pas de téléphones portables et personne n'aurait pu imaginer que cela puisse exister un jour. Cela me rappelle l’aventure qu’a connu un ami qui rentrait chez lui au volant de sa ZAZ-968 en 1980. À une centaine de kilomètres de Moscou, sur la chaussée de Minsk, un demi-essieu a cassé sur la Zaporojets (ça leur arrivait). Lors des Jeux olympiques de 1980, de belles cabines téléphoniques avaient été érigées sur la route reliant Moscou à l'Europe. Seulement, on n’avait pas eu le temps de brancher les appareils ! Les agents de la circulation ont ri aux larmes devant ce naïf qui essayait de passer un coup de fil depuis cette cabine ! Cependant, par compassion, ils l’ont tracté vers un artisan local qui a soudé le demi-essieu cassé.

Moralité : un homme soviétique normal n'irait nulle part sans un câble de remorquage dans son coffre. Il est vrai qu'il n'est pas agréable de se laisser traîner sur 100 km derrière un camion. Mais de toute façon, c'est mieux que d’abandonner sa voiture au bord de la route et de partir à la recherche d'une pièce, qu'il faudra chercher pendant plus d'une journée.

Enfin, il était conseillé d'avoir un jeu complet d'outils dans la voiture (les outils standard ne suffisent pas !), y compris un burin et un marteau. Au cas où !

Ceux qui étaient particulièrement prudents chargeaient parfois une deuxième roue de secours sur le toit ou emportaient une ou deux chambres à air. Démonter une roue sans la mutiler et sans se mutiler soi-même est un art à part entière. Si l'on y parvient, il faut retirer le clou, remplacer la chambre à air. Ou la réparer.

Peu de gens savent aujourd'hui ce qu'est un vulcanisateur. L'endroit de la perforation de la chambre à air était nettoyé à l'aide d'une lime, un morceau de caoutchouc spécial dit « brut » était placé à cet endroit et serré entre deux surfaces. Ils étaient chauffés par l'électricité de la batterie. Il y avait aussi des vulcanisateurs à essence. L'une des surfaces serrant la chambre était combinée à une cuve d'essence, où l'on mettait le feu en attendant que le caoutchouc se réchauffe et se colle. L'essentiel était de ne rien brûler et de ne brûler personne avec cet engin « thermonucléaire » !

Nous conduisions autrefois, bien sûr, plus lentement qu'aujourd'hui. Ce n'était pas qu'une question de vitesse, mais aussi parce que l’on tirait (ou transportions) notre propre logement mobile pour la nuit. Seuls quelques chanceux pouvaient séjourner dans une maison de vacances, une pension, une base touristique ou un appartement privé. Les autres se contentaient d'une tente. Et certains choisissaient ces vacances par principe (comme on disait à l'époque, « sauvages ») : ils installaient leur propre « pension de famille » où ils voulaient, et gratuitement.

On pouvait aussi dormir dans une voiture, comme les héros du film « Trois plus deux ». Mais si à deux personnes cela pouvait encore aller, trois personnes étaient à l'étroit même dans une Volga ! A noter que les sièges se dépliant en position couchette étaient alors considérés comme un équipement normal, non seulement en URSS, mais aussi en Europe et même aux États-Unis.

Dans les années 1970, les tentes de toit ont fait leur apparition. La « maison » était pliée pour rouler, puis dépliée la nuit et munie d'une échelle. Mais le rêve de l’auto-touriste était la caravane. Grâce à elle, vous pouviez décharger un peu l’habitacle et le coffre de votre voiture, et ramener des fruits et des légumes bon marché ! Jusque dans les années 1970, les caravanes étaient rares. Puis elles sont devenues abordables.

Au début des années 1970, l'usine Iskra située dans l'Oural a conçu une remorque miraculeuse baptisée Skif. Cette remorque, d'une longueur de 2900 mm seulement avec son timon, pouvait être tractée par n'importe quelle voiture soviétique, de la Zaporojets à la Volga.

Extérieurement, la Skif ressemblait à une remorque ordinaire, mais avec un couvercle. Comme sa masse n'était que de 230 kg (plus tard, les spécifications mentionnaient 260 kg), l’espace libre était chargé des ustensiles nécessaires au voyage. Les roues de la remorque étaient petites, elles provenaient d’un quadricycle à moteur, mais la garde au sol était celle d'un tout-terrain : 240-260 mm. Et en stationnement (oh, miracle !), une tente d'une surface de 6 m2 pouvait facilement être montée avec les éléments rangés dans la remorque (dans certains appartements, la cuisine était plus petite). L'ensemble comprenait même une table pliante et quatre chaises.

Sous la tente, il y avait de la place pour coucher quatre personnes. Sous les banquettes, on trouvait des bacs de rangement. L'ensemble comprenait une véranda inclinée d'une superficie de 3 m2 supplémentaires. En général, il s'agissait d'une vraie datcha mobile. Dans la version Skif-1M, les matériaux de la tente ont été améliorés (au début, elle fuyait régulièrement en cas de forte pluie) et les couchages ont été rembourrées. Il y avait même un tapis sur le sol. Plus tard, d'autres versions de la Skif ont vu le jour.

Pendant de nombreuses années, le tourisme automobile a été une expérience sérieuse pour des personnes expérimentées et courageuses. Mais les avantages étaient évidents : la possibilité de s'arrêter où l'on veut, de visiter des endroits où les personnes « sans moteur » peuvent difficilement se rendre. En général, un sentiment de liberté et de bonheur ! Et il était d'autant plus fort que l'on souffrait.

Légende des photos :

  • Le bonheur touristique du passé dans une interprétation moderne.
  • Les longues files d'attente pour l'essence étaient un phénomène normal.
  • Une luxueuse « couchette » dans une Volga GAZ-21.
  • Les années soixante-dix, c'est l'époque des bonnes tentes et des caravanes.
  • Il n’y a qu’au cinéma que l’on peut dormir à 3 dans une Volga.
  • Un « appartement » au premier étage.
  • La remorque du film « Trois plus deux » a probablement été faite maison.
  • La remorque Skif pouvait également transporter des marchandises.

Lu sur : https://www.zr.ru/content/articles/936770-schaste-nado-vystradat-kak-v/
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #Camping, #Ambiance, #URSS