Auto.cz a pu tester en exclusivité trois Skoda Rapid ! Il n'y a rien d'extraordinaire à cela, mais si l'on ajoute les années de production 2014, 1989 et 1940, c'est tout de suite différent !
Skoda aime rappeler l'histoire avec ses modèles modernes - après tout, à part avec les Citigo, Fabia, Roomster et Yeti, nous pouvons trouver un lien historique dans toutes les voitures de Mlada Boleslav. Cela a commencé à la fin des années 1980 avec la Favorit, puis avec la Felicia, l'Octavia et la Superb. Le dernier modèle à renaître a été la Rapid en 2014. Son nom est celui dont nous nous souvenons le mieux, car Skoda l'a utilisé pour un coupé séduisant il y a de cela trente ans. Mais il nous rappelle aussi des souvenirs encore plus vieux, et plus précisément 1935, année où la Rapid originale a été introduite. Ces trois voitures sont liées par le nom mais cherchons une autre caractéristique commune. Le carburant, peut-être, en est un autre, mais pour le reste, les voitures testées diffèrent fortement. Entre autres, par leur destination- alors que la Rapid moderne se présente comme une voiture familiale abordable, celle du milieu s'appuie sur une expression sportive et la première était considérée comme un article de luxe à son époque.
La youngtimer et la voiture de collection nous attendaient à la réserve du Skoda Muzeum, où nous avons été transportés rapidement et confortablement dans la plus récente des Rapid. Ce n'est pas un luxe, mais nous avons rapidement apprécié son fonctionnement évident et sans aucun problème. Pour le premier essai, nous sommes partis en voiture avec la plus ancienne. Bien entendu, c'est la personne la plus expérimentée qui a pris le volant, Miroslav Strouhal lui-même, qui a rénové la voiture jusqu'au dernier boulon. « Cela fait plusieurs années que je travaille sur le moteur chez moi, dans mon salon », explique-t-il en évoquant la difficulté de la tâche. « Ma femme n'était pas très enthousiaste » ajoute-t-il, en mettant son élégant chapeau melon et en commençant les préparatifs avant le départ.
Je m'attendais à un processus beaucoup plus long. Quelque chose comme le démarrage d'une Ford T - une procédure magnifiquement décrite par John Steinbeck dans son roman À l'est d'Eden. Mais dans la Rapid, il suffit de tourner la clé de contact, de tirer le starter et d'appuyer sur le démarreur. Oui, c'est ce qu'il fait. À l'époque, on démarrait avec la pédale ! Mais pour le reste, c'est un fonctionnement normal, la Rapid a même démarré de façon inattendue, rapidement et volontiers.
Une odeur s'est répandue dans le garage, une odeur que l'on ne sent plus guère de nos jours. Au début, nous avons tous suivi la vague nostalgique et nous avons applaudi ensemble à l'odeur de l'essence brûlée. Au fil du temps, à mesure que la Rapid quittait l’emplacement qui lui était réservé, l’enthousiasme nous a quittés. Il n'était pas facile de manœuvrer la Tudor « aérodynamique » pour sortir de cet espace restreint. Même les freins n'étaient pas assistés, et encore moins la direction. Et il fallait constamment tourner le volant d'un côté à l'autre, travailler avec l'embrayage... Heureusement qu'il n'y avait pas de parking de supermarché à l'époque !
Mais finalement, la Tudor carénée a réussi non seulement à enfumer complètement le garage, mais aussi à en sortir. Nous vous devons une explication. M. Strouhal ? « C'est une carrosserie plus aérodynamique. Cent-dix Rapid ont été fabriquées, mais la mienne est la seule à avoir été restaurée », s'enorgueillit le propriétaire. Il a de la suite dans les idées !
La sortie du garage du coupé des années 80 a été infiniment plus facile. Un petit rappel de la manipulation de la pompe à essence (notre Rapid était restée longtemps à l'arrêt) et du starter et le coupé partait à l'aventure !
Nous avons fait chauffer les deux voitures encore un moment sur le parking du musée avant de commencer à nous diriger vers Mnichovo Hradiste au nord de Mlada Boleslav. Je suis assis à côté de Miroslav Strouhal dans sa belle voiture de collection. Plus précisément, je m'installe dans un siège qui ressemble plus à un vieux canapé qu'à un siège de voiture. Ainsi, même si la suspension de la Rapid est faite de ressorts à lames, je trouve la voiture incroyablement confortable sur les bosses. Grâce à l'effet canapé des sièges. Pour l'instant, je me sens toutefois un peu mal à l'aise à l'intérieur. Principalement à cause de l'absence de ceintures de sécurité. J'ai passé les premiers kilomètres à la chercher à tâtons, en vain. « Une dame m'a même demandé où se trouvaient mes airbags », ajoute Miroslav Strouhal, lorsqu'il remarque mon tâtonnement désespéré en matière de sécurité. « Je lui ai dit d'allumer la radio. Je lui ai dit que cela la calmerait », ajoute-t-il. « Et j'étais content de ne plus avoir à écouter ses questions », ajoute-t-il en riant.
La radio, dans notre cas, est un appareil remarquable. A l’endroit où l'on a l'habitude de voir une boîte à gants aujourd'hui, la Rapid abrite le boîtier d'une radio Mende AE 35/6V Autosuper originale. Entièrement fonctionnelle ! La dame pouvait donc vraiment écouter sa station préférée en conduisant. « Il me manque une lampe, mais ça fonctionne quand même sans elle », déclare le conducteur en allumant l'appareil avec empressement. Après un moment de « préchauffage », la radio s'anime vraiment ! C'est alors que me revient un autre souvenir d'enfance, dans le salon de ma grand-mère. Cette fois, il s'agissait d'une énorme radio ancienne qui faisait également office de meuble. Elle ressemblait beaucoup à une radio Mende AE 35/6V Autosuper !
Nous avons dépassé les limites de la ville et la Rapid a commencé à accélérer pour passer la troisième vitesse, et donc la plus élevée. C'était une accélération inattendue. Je m'attendais à un supplice à l'accélération et à une file de conducteurs nerveux derrière nous, mais en fait, la voiture de collection et nous-même nous sommes parfaitement fondus dans la circulation « normale ». Nous roulons tranquillement à 80 km/h, avec un peu plus de bruit. La radio est pratiquement inaudible. « Les dernières Rapid étaient déjà équipés d'une boîte quatre » explique Miroslav Strouhal en haussant le ton. « Nous pourrions encore atteindre des vitesses de l'ordre de cent vingt, mais je fais du quatre-vingt au maximum », ajoute-t-il.
Plus que la vitesse de pointe, c'est le quatre cylindres 1600 cm3 (déjà OHV) de 46 ch qui convainc par une souplesse inédite. « Elle accélère en troisième à partir de 20 km/h » me convainc son propriétaire, qui en apporte immédiatement la preuve. Il vérifie la circulation derrière nous (la vue depuis la Tudor profilée est désolante), ralentit jusqu'à 20 km/h et appuie sur l'accélérateur. La Rapid démarre d'abord très lentement, puis accélère progressivement, de plus en plus volontiers, jusqu'à 80 km/h. Nous poursuivons la route à la vitesse de croisière idéale pendant quelques kilomètres. Nous approchons lentement de l'aéroport.
Tout d'abord, le photographe nous rejoint sur le tarmac, dans la toute nouvelle version de Rapid, l'air tout à fait normal lorsqu'il sort de la voiture. Ce n'est pas le cas de mon collègue Lukas Prejzek. Il n'a visiblement pas envie de sortir de « son » coupé. Un regard rêveur... Lukas est amoureux ! « Il y a longtemps la Rapid a été ma deuxième voiture ». Et il enchaîne immédiatement. « Vous sentez l'odeur ? C'est exactement l'odeur de ma Rapid. Savez-vous que l'odorat est le plus fort de tous les sens pour rappeler des souvenirs ? ». Lukas continue, toute sa personnalité transportée dans la seconde moitié des années quatre-vingt.
Je dois lui accorder le bénéfice du doute. Moi aussi, je me souviens immédiatement des interminables trajets en Skoda 120 L pour rendre visite à ma grand-mère, en me basant sur une odeur typique. Comme j'étais malade sur la banquette arrière avec le moteur qui tournait derrière moi ! Lukas a manifestement des souvenirs plus agréables. Je n'arrive pas à lui faire quitter l'intérieur du coupé. Mais son enthousiasme est compréhensible, étant donné l'état incroyable de la Rapid que nous avons testée. L’exemplaire, entièrement d'origine, a l'air neuf, n’a parcouru que 55,000 kilomètres et il a aussi passé la plus grande partie de sa vie dans la chaleur du musée de Mlada Boleslav ! Mais aujourd'hui, comme les autres Rapid, il grelotte dans le froid sur le tarmac de l'aérodrome et pose docilement pour le photographe.
Bien qu'il ne s'agisse pas d'un test comparatif classique, nous ne pouvons pas faire l'impasse sur la manœuvre d'évitement, même dans ce cas exceptionnel. Nous installons donc les cônes, le photographe prend une position stratégique et je m'installe au volant Je vais procéder étape par étape, en commençant par la première Rapid. Je suis un peu nerveux. Ma plus vieille voiture jusqu'à présent fut une Felicia décapotable, qui m'avait choqué au plus haut point par ses freins inefficaces. J'ai presque dû appuyer comme un forcené sur la pédale pour que la voiture commence à ralentir. Et voilà qu'une machine âgée de vingt ans de plus m'attend !
Je demande timidement qu’on me démarre la voiture, mais Miroslav Strouhal me dit quelque chose comme : « Vous devriez pouvoir le faire vous-même, jeune homme ! ». Je me débats donc avec la clé, le starter et la pédale de démarrage pendant un certain temps. Au bout d'un moment, le propriétaire a pitié de moi et démarre le moteur. « Erreur de débutant ! Mauvaise position du levier de vitesse », commente-t-il à propos de mon échec.
Je passe la première vitesse avec une facilité déconcertante (la seule qui ne soit pas synchronisée) et j'anticipe le prochain embarras : le démarrage. Inconsciemment, je me prépare au pire, le souvenir de la voiture de course Praga R1, avec laquelle j'ai démarrée à peu près à la sixième tentative, me revient en mémoire.
Quoi qu'il en soit. Lentement, je débraye, j'appuie sur l'accélérateur... et c'est parti ! Aucune capacité surnaturelle n'a été nécessaire, la voiture vieille de plus de soixante-dix ans a démarré sans problème. Mais voici la prochaine pierre d'achoppement : le changement de vitesse ! Le fait que la première vitesse soit à la place habituelle de la seconde n'est pas très grave. Mais sur la route depuis le Skoda Muzeum, j'ai bien remarqué le fonctionnement extra long du levier de vitesse, je ne me fais pas d'illusions sur la précision. C'est parti ! Je relâche l'accélérateur, j'embraye et je me saisis du minuscule pommeau. Et la seconde s'enfile comme un gant ! La synchronisation aide certainement, mais la facilité de la boîte de vitesses à trois rapports reste frappante. D'autant plus que certaines boîtes de vitesses contemporaines semblent figées quelque part dans les années 1940 !
Le passage de la troisième est presque une routine pour moi maintenant. Mais je préfère sélectionner la deuxième pour faire demi-tour en bout de piste pour faire face aux cônes. Je réduis légèrement la vitesse initiale traditionnelle d'environ 60 km/h à environ 20 km/h. D'abord, parce que je ne serais pas capable d'atteindre cette vitesse et ensuite... je pense que vous me comprenez.
Je passe entre les quilles, je tourne le volant, c'est dur, et puis il y a la démultiplication ! Je dois faire plusieurs tours pour changer de direction de manière significative. Mais la Rapid se faufile à nouveau entre les cônes d'une manière étonnamment standard. C'est la direction, et non le châssis, qui la limite. En fait, c'est moi. Je sens que la Skoda pourrait supporter des vitesses d'approche beaucoup plus élevées, mais je ne suis pas capable de tourner le volant de cette voiture historique aussi rapidement.
Je fais encore quelques passages et je ne suis toujours pas au bout de mes peines. Je m'attendais à ce qu'un conducteur habitué aux véhicules contemporains ne puisse pas du tout conduire la première des Rapid ! Mais je conduis presque normalement sur le tarmac, je tourne, je change de vitesse, je freine... Même la dernière activité se fait essentiellement selon les « normes » modernes. La Rapid de 1940 est étonnamment sympathique. Je commence à croire que Miroslav Strouhal utilise régulièrement sa Tudor. Et il n'a pas d'autre voiture !
Lorsque j'ai enfin réussi à persuader Lukas de sortir du coupé (je lui ai promis qu'il reviendrait à Mlada Boleslav dans la seconde Rapid par ordre d’ancienneté), je me suis installé dans un environnement familier. Je vous ai déjà parlé des voyages à l'arrière, mais il faut dire que j'ai aussi appris à conduire sur différentes Skoda 100.
Lorsque j'ai parlé de 120, Lukas est devenu un peu pâle : c'est une Skoda Rapid 135 ! Le tableau de bord est vraiment plus luxueux (surtout avec le compte-tours !), mon collègue souligne les sièges sport avec appuie-têtes intégrés et surtout le fait que le siège est réglable en hauteur ! Certes, il faut des outils pour le faire, mais cette possibilité existe. Les conducteurs de Skoda qui souffrent du bruit de la montée en régime avec la boîte 4 s'inclineront sûrement devant les cinq rapports de la Rapid 135, tout comme le 1,289 cm3 de 58 ch était tout aussi fascinant à l'époque. Quelle fusée !
J'utilise une clé qui ne peut être insérée que dans un sens avec une cavité ergonomique pour faire revivre le moteur quatre cylindres qui repose quelque part derrière l'essieu arrière. Et c'est vrai, de manière inattendue, il fonctionne silencieusement. Selon Lukas, il s'agit d'une caractéristique typique des Skoda construites à Kvasiny. Je démarre avec la Rapid des années 80 naturellement, sans aucun problème, cette voiture surprend surtout par son starter et sa direction sans assistance. Mais par rapport à la première Rapid - le volant est de taille conventionnelle et même une fille peut le tourner.
Mais il faut le tourner inutilement. Ici, une démultiplication plus importante aurait été très utile, car le coupé part très vite en survirage. En un éclair ! Il n'est même pas nécessaire de relâcher l'accélérateur ou de pousser la Rapid dans les virages, qu’elle négocie pratiquement en permanence dans de long travers. Mais c'est très prévisible et ce n'est pas difficile, c'est juste une question de contre-braquage. Cependant, c'est là que le bât blesse - avec une direction aussi peu sportive, un contre-braquage rapide est pratiquement impossible, il faut prévoir un délai pour « casser » le mouvement. Les dérapages en survirage seraient plus amusants et plus attrayants, mais ici, la voiture limite considérablement le conducteur. Lukas est d’ailleurs d'accord avec ce défaut de conception. Cependant, il balaie mes commentaires sur les caractéristiques inférieures à la moyenne : « On ne peut pas la comparer à une 100 ! ». Pas non plus à la dernière Rapid.
Comparée à ses devancières, la Rapid actuelle est en fait une voiture inintéressante. Il n'y a aucune surprise au volant, même entre les cônes. Tournez le volant et cette hatchback ira exactement là où vous le souhaitez. Même à des vitesses supérieures à 100 km/h, elle n'est ni sous-vireuse, ni survireuse, ni instable. Et lorsque les choses sont sur le point de mal tourner, l'ESP donne un coup de main au conducteur.
Le plus faible des moteurs de la Rapid moderne, un trois cylindres de 1,200 cm3 de 75 ch, ne sera pas non plus la source d'aventures particulières. Même avec ce moteur, les dépassements ne doivent pas être une chimère ; la dynamique est satisfaisante, surtout grâce au couple à bas régime. La technologie nettement améliorée du HTP, autrefois gênant, convainc même à la fin de son cycle de vie. Il n'y a vraiment rien à quoi s'accrocher. Dans la Rapid Spaceback, on conduit, on écoute la radio... En fait, on se laisse conduire plus qu'on ne conduit. C’est un peu ennuyeux, peut-être. Mais préfériez-vous risquer votre vie dans une Rapid 135 à la rigidité d’un chewing-gum usagé ou dans une Tudor dont la lance, c’est-à-dire la colonne de direction, est toujours prête à vous transpercer de part en part ? Ici, vous en ennuierez en toute tranquillité et en toute sécurité.
Au final, comparer trois Rapid complètement différentes, ce n'était pas rien ! C'est la toute première qui m'a le plus surpris, principalement en raison de sa facilité de conduite. Le propriétaire admet lui-même qu'un chauffage aurait été plus utile qu'un autoradio, mais pour le reste, je lui fais entièrement confiance pour conduire à peu près normalement cette voiture de 1940, même pour aller en vacances !
Le coupé Rapid des années 1980 était un beau souvenir emprunt de nostalgique. Avec une conduite merveilleusement amusante, presque une voiture de rallye ! Je ne suis pas du tout surpris qu'aujourd'hui les exemplaires de ce coupé soient pratiquement impossibles à acheter pour moins de cent mille couronnes. Pour moi, c'est l'un des modèles tchèques les plus intéressants !
La dernière génération de Rapid, une berline à hayon avec la désignation supplémentaire Spaceback, ne peut pas divertir par ses caractéristiques de conduite, ni susciter autant d'attention et de sourires qu’un vétéran de soixante-quinze ans. En fait, la dernière Rapid se contente de rouler. Vous y verrez peut-être une perte de charme, mais je préfère parler d'un progrès étonnant !
Lu sur : http://www.auto.cz/skoda-rapid-3x-jinak-deli-je-od-sebe-74-let-84896
Adaptation VG