Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Lorsque le RAF-2203 a été créé, personne n'a jamais pensé qu'un véhicule blindé de transport de fonds devrait être créé sur cette base. Pourtant, en novembre 1986, un vol à main armée retentissant a eu lieu à Moscou, au grand magasin Molodezhni, orchestré par deux anciens policiers, un ancien militaire et un ancien membre du KGB. Les quatre braqueurs ont tiré sur une Volga venue récupérer l'argent collecté pendant une semaine au magasin de Moscou, et ses deux convoyeurs ont perdu la vie. Les voleurs ont également abattu une policière en service dans le magasin, qui était sortie en entendant les coups de feu. Ils se sont emparés de 330,000 roubles, une somme qui aurait permis d'acheter 50 Lada à l'époque. Ils ont été arrêtés peu après, mais l'affaire a montré la nécessité de fournir des véhicules blindés à ceux qui transportaient les fonds.

Il s'est avéré que près de deux ans avant cet incident, un institut en URSS avait été chargé de concevoir un fourgon UAZ-452 blindé. Mais tous les tests avaient montré que le Bukhanka, déjà instable, devenait incontrôlable avec le poids supplémentaire du blindage. La banque centrale a eu vent de ce fiasco et a décidé de lancer un appel d'offres international, invitant les entreprises occidentales à participer. L'appel d'offres était généreux, l'entreprise gagnante devait être payée en devises fortes, mais il y avait une condition : le futur véhicule blindé devrait être développé sur la base du seul minibus « civilisé » de l'URSS, le RAF-2203.

Six entreprises ont répondu à l'appel d'offres : Fontauto (Italie), Bedwas (Royaume-Uni), Tiele (Allemagne), Ackermann-Fruehauf (Allemagne) et deux entreprises françaises, Manufrua et Labbe. Les exigences étaient les suivantes : le RAF-2203 blindé devrait être un véhicule à l'épreuve des balles de pistolets et des fusils de chasse, avec une charge utile minimale de 300 kg et de la place pour un équipage de trois personnes. L'ensemble ne devait pas dépasser le poids total de 2,7 tonnes, la valeur normale du véhicule non blindé. En d'autres termes, le poids total du blindage devait être absorbé par la charge utile ! Il était donc nécessaire de conserver le plancher d'origine... dans une voiture blindée !

Les Allemands de Tiele ont construit deux prototypes, l'un léger, pour respecter les limites de poids, et l'autre, à titre de proposition supplémentaire, plus lourd de 350 kg mais mieux protégé. Leurs compatriotes d'Ackermann-Fruehauf ont créé un véhicule tout aussi intéressant. Le Britannique Bedwas a réalisé un prototype à l’esthétique discutable alors que le Français Manufrua a proposé un véhicule que l’on aurait presque pu confondre avec le minibus de grande série.

Les Italiens de Fonauto ont créé le prototype qui a été reconnu comme le plus beau. La voiture était bien conçue, offrant la meilleure protection blindée, même pour les tirs à courte distance, tout en conservant une grande partie des lignes d'origine. Mais ils ont remis leur proposition hors-délais et ils ont été disqualifiés.

Le vainqueur fut donc le minibus français Labbe, au design beaucoup plus étrange. La société était connue pour ses berlines Peugeot blindées destinées aux autorités françaises. Le design futuriste du RAF Labbe était considéré comme un avantage, d'autant plus qu'il possédait également un bon niveau de blindage et des meurtrières pratiques pour riposter en cas de besoin. La voiture blindée ne dépassait sa masse maximale que de 50 kg, elle fut donc acceptée. Les Français ayant constaté la vulnérabilité de la construction de l'essieu face au RAF 2203, ils décidèrent de le remplacer par celui du célèbre fourgon Mercedes T1 408D ! La direction était reprise du Peugeot J5. Le moteur restait celui d’origine, mais les Français l’avaient équipé d'un compresseur et d'un système de climatisation. Des instruments de communication électroniques étaient également installés dans un environnement de haute technologie.

La Banque centrale soviétique a commandé un premier lot de 62 véhicules de transport de fonds de ce type, qui ont été livrées dans les délais. Mais peu de temps après leur mise en service, ils tombaient régulièrement en panne. Les freins de la Volga GAZ-24 ne pouvaient pas supporter une charge aussi lourde. Le moteur de même origine, de seulement 95 chevaux, avait à peine la force de propulser ce véhicule alourdi et surchauffait souvent dans les montées. Les ressorts à lames de la Volga s'usaient rapidement et le fourgon perdait de la garde au sol. Les pneus s'usaient de manière irrégulière en raison du poids accru, surtout du côté gauche. Sur plusieurs exemplaires, l'essieu Mercedes brisait les éléments auxquels il était fixé à la structure de la carrosserie. En d'autres termes, l'essieu tenait, mais pas les éléments de la carrosserie auxquels il était fixé !

Les 62 exemplaires du RAF Labbe n'ont donc été utilisés que quelques années par les banques et, au début des années 1990, ceux qui n’étaient pas déjà tombés en panne ont été réformés et remplacés par des véhicules construits à cet effet. Cependant, le RAF Labbe reste dans l'histoire comme la tentative extravagante de créer le seul minibus blindé de l'ex-URSS, une tentative pour laquelle les Occidentaux ont mis leurs talents à l'œuvre.

Légende des photos :

  • RAF-2203 standard.
  • La Volga attaquée par des voleurs lors du hold-up de 1986.
  • RAF-2203 standard.
  • La version légère créée par Tiele.
  • La version plus lourde proposée par Tiele.
  • La proposition d'Ackermann-Fruehauf.
  • La proposition de Bedwas.
  • La proposition de Manufrua.
  • Un Mercedes 408D ayant fourni l'essieu avant du RAF Labbe.

Lu sur : https://piataauto.md/Stiri/2022/09/Istoria-nestiuta-a-lui-RAF-Labbe-singurul-microbuz-blindat-din-URSS-ul-de-candva-construit-de-francezi/
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #RAF, #2203, #Labbe, #Blindé