Aujourd'hui, nous nous intéressons à un camion qui n'a jamais été produit en série. Au cours des cinq années qui ont suivi son lancement, 35 exemplaires ont été fabriqués, dont seulement 30 pour des clients. Nous pouvons également dire qu'il s'agissait d'un véhicule extrêmement intéressant du point de vue polonais, car il succédait à un modèle qui était autrefois très apprécié en Pologne. En outre, il présentait un aspect incroyablement moderne, un design de carrosserie intéressant et quelques solutions typiquement américaines. Et comme si ces curiosités ne suffisaient pas, tout cela a été produit sous la bannière d'une marque tchèque, aujourd'hui associée exclusivement aux voitures particulières.
La description ci-dessus correspond à un camion conçu comme un Liaz 400 et mis en production sous le nom de Skoda Xena. Ici aussi, les premières explications, liées au changement symbolique de nom, s'imposent d'emblée. Comme chacun sait, Liaz était un constructeur de camions tchécoslovaque, considéré à une époque comme le fournisseur des meilleurs véhicules longue distance dans cette partie de l'Europe. Les conducteurs qui sont passés d’un camion Jelcz à un Liaz, par exemple, ne manqueront pas de le confirmer. Néanmoins, l'entreprise n'a pas échappé à la crise économique qui a frappé les pays du bloc de l'Est au milieu des années 1980. Dès avant la chute du communisme, l'entreprise a donc souffert d'un manque de fonds, et l'arrivée des années 1990 et le choc de l'économie de marché n'ont fait qu'aggraver cette situation. C'est pourquoi, en 1995, la société Liaz en perte de vitesse a été privatisée et son nouveau propriétaire a été l'entreprise Skoda de Pilsen. Il s'agit d'une entreprise active, entre autres, dans l'industrie lourde et l'industrie ferroviaire et qui, malgré son nom, n'a rien à voir avec Skoda, le constructeur de voitures particulières.
Lorsque Skoda a acheté Liaz, les ingénieurs de l'entreprise travaillaient déjà sur la nouvelle série 400, un véhicule qui devait remplacer le Liaz 300, obsolète et dont le design remontait aux années 1960. Et, surtout, il devait être le tracteur du 21e siècle approchant, avec un design moderne, une cabine confortable et un confort de conduite capable de rattraper les produits des « sept grands ». En effet, les Tchèques ont compris que l'époque des commandes réglementées par l'État était irrémédiablement révolue et qu'ils devaient désormais se battre avec les camions occidentaux pour attirer les clients. Et surtout, le nouveau propriétaire de l'entreprise a non seulement soutenu ce projet, mais il a également décidé d'y apposer sa propre marque et de procéder à un lancement très médiatisé. La série Liaz 400 est donc devenue la Skoda Xena dont le premier exemplaire a été présenté en Allemagne, lors du prestigieux salon des véhicules utilitaires IAA 1996 à Hanovre.
Les premières réactions après cette première ont été très prometteuses. Même les journalistes occidentaux n'ont pas caché avoir apprécié la nouvelle carrosserie, attirant l'attention non seulement par son aspect futuriste, mais aussi sur sa construction très intéressante. La carrosserie était basée sur une structure en aluminium avec des panneaux en aluminium et en plastique. En d'autres termes, la carrosserie devait être légère et, sur le long terme, résistante à la corrosion. En ce qui concerne le groupe motopropulseur, les Tchèques ont fait appel à une technologie américaine éprouvée, capable d'offrir une dynamique exceptionnelle. Il s'agit du moteur Detroit Diesel de la série 60, d'une cylindrée de 12,7 litres, développant jusqu'à 470 ch et fonctionnant sur un cycle à quatre temps (les anciens moteurs Detroit Diesel étaient à deux temps, c'est pourquoi j'ai décidé de mettre l'accent sur ce point). Il est équipé d'une boîte de vitesses Eaton Fuller à 16 rapports non synchronisés et, pour couronner le tout, d'un pont de marque Rockwell. Il convient de noter ici qu'une transmission similaire avait déjà été installée dans l'ancienne série Liaz 300, augmentant en option son prix de près de 100 % ! Cependant, le Skoda Xena était destiné à être plus cher et s'adressait à des clients plus exigeants.
La présentation réussie au salon a été suivie par d'autres prototypes et, en 1998, il a été annoncé que la production de ce que l'on appelle la série de « validation-client » allait débuter. Il s'agissait de 30 unités, pas encore produites en série, mais déjà destinées à la vente, pour un usage normal. Le premier de ces véhicules a quitté l'usine le 18 mars 1998, le trentième a dû attendre le 24 janvier 2000, et c'est là que l'histoire du Skoda Xena... s'est malheureusement terminée. La raison immédiate de la lenteur de la production et du retrait de ce modèle est tout simplement le manque d'intérêt des clients… L'explication est simple : les camions étrangers se sont avérés être une offre plus raisonnable. Le fait est que si vous vouliez acheter un Xena, vous deviez accepter un prix proche de celui de l'Ouest, verser un acompte correspondant à la quasi-totalité de la valeur du véhicule, accepter un manque de reconnaissance de la marque dans l'industrie, un valeur vénale incertaine et une offre tronquée de services après-vente. Ainsi, bien que le Xena ait suscité beaucoup d'enthousiasme chez les Tchèques, peu d'entre eux souhaitaient baser leur activité quotidienne sur ce modèle.
Malgré les craintes susmentionnées, le Skoda Xena s'est avéré dans la pratique un outil élégant pour le travail quotidien. La majorité des unités produites n'ont donc fait aucune concession, parcourant des millions de kilomètres dans les conditions exigeantes du transport intérieur tchèque. Par conséquent, seule la moitié des 30 exemplaires de « validation » a survécu jusqu'à aujourd'hui. Parmi eux se trouve le numéro seize, produit en 1998. C'est ce véhicule que vous pouvez admirer dans l’article d'aujourd'hui, car il est la fierté d'un entrepreneur tchèque nommé Kamil Mikula. Je tiens toutefois à souligner que le Xena noir et blanc n'a pas toujours eu fière allure au cours de son histoire. Au contraire. En 2016, le véhicule a été littéralement sauvé, après que Kamil ait vu une annonce sur internet, il a immédiatement parcouru 400 kilomètres pour une inspection visuelle et a ensuite décidé de l’acheter, sachant qu'une aventure de plusieurs mois dans le garage allait débuter.
Au moment de l'achat, le Skoda était prometteur au point de vue de son état technique, même s’il nécessitait beaucoup d'investissements, par manque d’entretien. En outre, il nécessitait des pièces de rechange qui, dans le cas du groupe motopropulseur, devaient être importées des États-Unis, quand d’autres devaient même être fabriquées à partir de zéro. Après tout, il s'agit d'un produit non fabriqué en série. Le Xena est donc arrivée dans l'atelier de Kamil en novembre 2016, et seulement cinq mois plus tard, il était prêt à rouler pour la première fois. Quand Kamil s'est mis derrière le volant au dessin caractéristique - qui rappelle celui de la Skoda Favorit (ce qui n'est pas une coïncidence, car le même designer a travaillé sur ces deux Skoda) - le résultat valait tous les efforts.
Enfin, il reste le point le plus intéressant, à savoir la question de l'utilisation actuelle. Bien sûr, une part importante des trajets effectués conduit à des manifestations automobiles et le Skoda Xena s’est par exemple rendu au Master Truck d'Opole, en 2017. Néanmoins, le propriétaire continue également d'utiliser le véhicule pour l'usage auquel il est destiné, à savoir le simple transport de marchandises ! Cela se fait dans le cadre de son entreprise de transport, située à Roznov pod Radhostem. De plus, le Tchèque a même restauré une remorque très spécifique à cette fin, ce qui fait de la Skoda un phénomène encore plus intéressant sur la route. Il s'agit d'une citerne d'eau potable classique, en acier inoxydable, d'une capacité de 12,000 litres et reposant sur un seul essieu double. On ne peut que se réjouir qu'un véhicule aussi unique puisse encore gagner un peu d'argent.
Lu sur : https://40ton.net/uratowana-skoda-xena-jedna-z-30-sztuk-weryfikacyjnych-sesja-miesiaca-09-23/
Adaptation VG