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La Douma estime que la Russie peut produire une voiture moins chère que la Lada Granta. Pour ce faire, il est nécessaire de simplifier les exigences en matière de sécurité, étudier la conception des modèles bon marché fabriqués à l'étranger et évaluer la possibilité de les produire en Russie. Les détails et les perspectives de cette initiative ont été présentées par le journal les Izvestia.

Le Ministère de l'industrie et du commerce, le NAMI et les principaux constructeurs automobiles russes se voient proposer d'étudier l'expérience étrangère en matière de production de voitures « populaires » bon marché. En outre, des travaux devront être menés pour identifier les exigences redondantes des règlements techniques qui entravent la production de ces modèles en Russie.

Un courrier présentant ces initiatives au Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine a été envoyée par le chef du groupe « Russie juste », Sergueï Mironov. Auparavant, le groupe avait pris l'initiative d'un projet intitulé « Voiture du peuple » dont le coût est estimé à 500,000 roubles.

« Dans les conditions actuelles, une voiture comparable ou supérieure à la Lada Granta en termes de sécurité et de confort peut être produite à un prix nettement inférieur à celui du modèle national », indique ce courrier. Le texte précise qu'aujourd'hui, les prix du modèle AvtoVAZ le plus vendu débute à 778,000 roubles et que la plupart des Russes n'ont pas la possibilité d'acheter la voiture la plus basique à un tel prix.

« Certains pays produisent des voitures qui, en équivalent en roubles, coûtent beaucoup moins cher que la Granta » a déclaré aux Izvestia le vice-président de l'Union Nationale de l'Automobile (NAS), Anton Chaparine.

Ainsi, la Proton Saga malaisienne est vendue sur son marché local, en roubles russes, à partir de 625,000 roubles, et cette voiture, dans sa configuration de base, dispose de deux airbags, de la climatisation, de l'ABS, de l'ESC et même d'une caméra de recul. La Perodua Axia est également disponible en Malaisie pour 693,000 roubles, et en Inde, la Maruti Suzuki Celerio coûte 519,000 roubles et le crossover Renault Kwid est proposé pour un prix équivalent à 454,000 roubles. La Maruti Suzuki Alto est encore moins chère : son prix en monnaie russe commence à 342,000 roubles !

« J'ai conduit une Maruti Suzuki Alto K10. C'est une mauvaise voiture, mais c'est une voiture, et je n'ai pas vu de différence spectaculaire avec la Granta » note Anton Chaparine.

Selon l'expert, même les voitures électriques peuvent être très bon marché. Ainsi, la Lingbao Coco chinoise coûte 420,000 roubles, la Wuling Mini EV est proposée à 380,000 roubles, la Chery QQ à 388,000 roubles. À titre de comparaison, la voiture électrique la plus abordable en Russie, l’Evolute I-Pro, tourne autour de 2 millions de roubles, en tenant compte des subventions gouvernementales.

Cependant, même ces voitures électriques modernes ne peuvent pas être localisées en Russie en raison des exigences excessives des règlements techniques, explique l’expert. Ces règlements techniques établissent des règles strictes en matière de sécurité passive.

« Notre système de certification ne correspond pas au système chinois. Pour que des produits chinois puissent être importés ici, il faudrait en modifier la conception afin de répondre aux exigences russes. Cela empêche les voitures électriques chinoises bon marché d'entrer sur le marché et nous empêche de produire leurs analogues. En outre, nous avons des normes environnementales strictes et elles vont être portées à Euro-6, ce qui empêche la production de voitures plus ou moins bon marché avec des moteurs à combustion interne. Nous avons assumé les exigences d'une puissance automobile développée, mais nous ne pouvons pas les satisfaire. Sur certains points, elles sont plus strictes que celles de l'Allemagne » remarque Anton Chaparine.

Par ailleurs, les voitures listées pour le marché indien posent d'importants problèmes de sécurité. La Renault Kwid a échoué aux tests de collision indépendants et ce n'est qu'après de sérieuses modifications qu'elle a pu obtenir un modeste trois étoiles. La Maruti Suzuki Alto K10, d'après les résultats de l'impact frontal selon les règles du Global NCAP, n'a obtenu que deux étoiles pour la protection des adultes et un zéro pointé pour la protection des enfants.

Anton Chaparine fait remarquer que l'âge moyen d'une voiture en Russie est aujourd'hui de 15 ans. Il estime que n’importe quelle voiture neuve sera plus sûre. Et avec un prix avoisinant les 500,000 roubles, cette voiture sera très demandée.

Il n'existe aucun pays au monde où tout le monde peut se permettre d'acheter une voiture neuve, déclare Maxime Kadakov, le rédacteur en chef du magazine Za Roulem. Et dans les conditions actuelles, il souligne qu'il est extrêmement difficile de créer une voiture d'une valeur de 500,000 roubles en Russie.

« La Granta la plus abordable est déjà vendue avec le niveau de rentabilité minimum. Le seul moyen de réduire son prix est de diminuer les salaires des ouvriers ou d'exiger des fournisseurs qu'ils réduisent le coût des composants. Mais cela entraînerait des tensions sociales et des pertes pour ces mêmes fournisseurs » a-t-il déclaré aux Izvestia.

Organiser la production en Russie d'un modèle abordable en provenance de Chine ou d'un autre pays est théoriquement possible, affirme Maxime Kadakov. Mais maintenir son coût à moins de 500,000 roubles n'est possible qu'avec une production en masse de 300 à 500,000 voitures par an. Dans le cas contraire, le prix sera beaucoup plus élevé.

« La mise en place d'une production de ce volume nécessitera d'énormes investissements. Et ces voitures, même à 500,000 roubles, doivent toujours être vendues. Il y a quelques années, la même Granta coûtait environ 600,000 roubles, mais il s'en vendait 120 à 130 mille par an » déclare Maxime Kadakov.

La différence de prix entre les voitures chinoises et les modèles similaires assemblés dans notre pays s'explique par le fait que les coûts dépendent du volume de production, explique Sergueï Bourgazliev, consultant indépendant dans le domaine de l'industrie automobile.

« Avec un volume de production annuel de plusieurs centaines de milliers d'unités, le coût de la voiture sera bien inférieur à celui d'une production de 20 à 30 mille voitures. Cela est dû en premier lieu à des remises substantielles sur de grands volumes de composants, ainsi qu'à une part plus faible dans le prix de la voiture de ce que l'on appelle les coûts fixes de l’usine - services publics, loyer, etc. Il ne faut pas non plus négliger la ‘cupidité des entreprises’ » déclare l'expert aux Izvestia.

Selon lui, la production d'une voiture « populaire » en Russie est tout à fait réaliste, à condition qu'elle coûte 400 à 600 mille roubles et qu'elle soit équipée de l'ABS, d'airbags, de l'air conditionné, de sièges et de rétroviseurs chauffants. Elle peut être basée sur l'un des nombreux modèles compacts de la génération précédente de n'importe quel constructeur automobile de pays « amis », souligne-t-il.

« On peut qualifier de 'populaire' une voiture pour l'achat de laquelle une famille moyenne peut économiser une partie de son budget pendant 1,5 à 2 ans sans compromettre sa qualité de vie » assure Sergueï Bourgazliev.

Auparavant, le Ministre de l'industrie et du commerce de la Fédération de Russie, Denis Mantourov, avait indiqué que la voiture « populaire », à savoir la Lada Granta, ne pouvait pas coûter moins de 500,000 roubles, pour la simple raison qu’à ce prix ne serait pas en mesure de répondre aux exigences modernes en matière de sécurité et de confort.

Selon Denis Mantourov, la Lada Granta, dont le prix débute à 750-800,000 roubles, correspond tout à fait au titre de voiture « du peuple ». En outre, on peut acheter la Lada Granta avec une réduction dans le cadre du programme d'aide de l'État. Dans ce cas, la voiture coûtera environ 680,000 roubles.

L'Union Nationale de l'Automobile (NAS) note que les prix de la Granta chez les concessionnaires sont souvent plus élevés que ceux recommandés par le constructeur. Le géant russe de l'automobile a commencé à vérifier les prix de trois de ses principaux distributeurs et a promis de lancer la vente en ligne de voitures à des prix transparents.

Lu sur : https://auto.mail.ru/article/87947-narodnoe-tehno-rossiyanam-obeschayut-avtomobil-des/
Adaptation VG

Tag(s) : #Russie, #Economie, #Analyse