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Bien que l'Union soviétique ait eu quelques constructeurs automobiles puissants, les modèles qu’ils proposaient ne satisfaisaient pas tout le monde. Mais l'achat d'une voiture étrangère restait impossible, car les marques étrangères n'étaient pas autorisées à pénétrer le marché socialiste. La seule chose qui restait à l'amateur éclairé était de feuilleter les magazines provenant de RDA ou de Pologne, qui décrivaient périodiquement les nouveaux produits de l'industrie automobile occidentale...

Les voitures étaient de toute manière une produit déficitaire - il n'était pas possible de se rendre dans une concession et acheter le modèle qui vous plaisait, même si vous en aviez les moyens. Les gens étaient obligés de s’inscrire sur file d’attente pour des années. Et pour de nombreux Russes, les prix des voitures produites restaient beaucoup trop élevés. En outre, l'industrie soviétique, et c'est un euphémisme, n'offrait pas de variété aux acheteurs. Il y avait environ une douzaine de modèles de voitures sur le marché et les nouveautés étaient très rares. Le citoyen soviétique savait qu'il ne pourrait jamais posséder un minivan ou, disons, un coupé sport.

Pourtant il était possible de se fabriquer exactement la voiture que l'on voulait ! Sur la base des pièces et des composants des voitures produites dans le pays. Le pays disposait d'un nombre suffisant d'ingénieurs et de techniciens qualifiés, de sorte que la plupart des samodelkas avaient une conception originale et que leurs caractéristiques n'étaient pas inférieures à celles des voitures de série.

Il est intéressant de noter que l'État a, dans une certaine mesure, soutenu les voitures de manière artisanale. Le mouvement « samavto » a été déclaré utile et la police de la route a été obligée d'enregistrer les voitures ces samodelkas. Mais pour garantir la sécurité routière, des « exigences techniques pour les voitures de fabrication artisanale » ont été adoptées au niveau législatif. Cette réglementation, liée au code de la route et aux Standards d’Etat, a été remaniée à trois reprises.

Dans les années 1980, de grands rallyes automobiles de voitures de fabrication artisanale étaient organisés chaque année. Les habitants de différentes villes pouvaient voir des voitures uniques, et des véritables « salons de l'auto » étaient organisés pour les présenter. Mais tous les constructeurs amateurs ne participaient pas à ces évènements : certains ne voulaient pas, d'autres n'étaient pas autorisés.

Créée au milieu des années 1980 par Viktor Filonenko de Donetsk, cette belle - ce qui n'était pas du tout la règle - samodelka a été baptisée Saliout (NDT : le deuxième lien évoque aussi le nom de Giourza). Qu'a-t-elle de si intéressant ? Certaines solutions, appliquées par son talentueux constructeur - peintre en bâtiment de profession, ont été reprises des coûteuses voitures de sport italiennes ou des voitures japonaises perfectionnées de l'époque.

La Saliout ressemblait à un coupé sport à deux places, mais elle pouvait accueillir quatre passagers. Les larges portières s’ouvraient de manière inhabituelle vers le haut, comme une Lamborghini Countach par exemple. De nos jours, le propriétaire de voiture moderne dirait que c’était pour un aspect pratique : les larges portes s'ouvrant de manière classique ne sont pas toujours pratiques dans les parkings exigus. Mais à Donetsk, dans les années 1980, il n'y avait aucun problème de stationnement. On peut donc supposer que ce type d’ouverture a été choisi pour des raisons esthétiques.

L’ensemble du système a été mis au point par Viktor Filonenko lui-même, en utilisant les pièces qu’il avait sous la main. Les ressorts, par exemple, ont été prélevés sur la suspension d'un scooter, les amortisseurs à gaz sur un couvercle du coffre, etc. D'ailleurs, la porte du conducteur était commandée par une serrure électrique. Elle pouvait être ouverte à l'aide d'une télécommande ! Viktor Filonenko s'intéressait sérieusement à la modélisation radio. Il a utilisé ses connaissances pour mettre en place un système de télécommande permettant d'actionner la serrure de la porte. En appuyant sur un bouton de cette télécommande sans fil, la porte se soulevait de façon spectaculaire. Cette solution avait de quoi surprendre. La voiture avait quelque chose de futuriste et nous étions dans les années 1980 !

Il était difficile de voir une samodelka dans la Saliout. Même aujourd'hui, la carrosserie a fière allure. Alors imaginez à l’époque, où les plus belles voitures de série étaient la VAZ 2108 et la Moskvitch 412 ? En voyant cette voiture aujourd'hui, on croirait plutôt qu'il s'agit d'une rare voiture européenne. Viktor Filonenko s’était intéressé aux propriétés aérodynamiques de la carrosserie pour sa voiture car il avait lu que la réduction du coefficient de traînée permet de réduire la consommation de carburant. Intuitivement, il a essayé de trouver des solutions qui auraient de bonnes propriétés aérodynamiques. À cette fin, les phares ont été dotés de carénages en plexiglas. Les carénages ont été réalisés à l'aide d'un moule en bois. La couleur inhabituelle de la carrosserie suscitait un grand intérêt. Il s'est avéré que l'auteur a utilisé du vernis à ongles fantaisie pour peindre sa voiture !

Viktor Filonenko n'a jamais cessé d'améliorer sa voiture. A la fin des années 1980, la Saliout a reçu des optiques différentes et des baguettes nervurées sur les passages de roue.

Sur le plan technique, tout était simple. Une « Kopeïka » (VAZ-2101) avait fourni la quasi-totalité des composants et des pièces. Cependant, pour les conducteurs soviétiques, la puissance du moteur de cette voiture était tout à fait suffisante.

Le destin de Salut nous est inconnu, mais Viktor Filonenko ne s'est pas arrêté là et a continué à fabriquer ses propres voitures. En 2010, il a terminé son travail un modèle appelé Viktoria (*), qui avait non plus des portières à ouverture en élytre mais des portes papillon !

Lu sur :
https://infodon.org.ua/donetsk/doneckij-superkar-lamborgini-1980
https://dzen.ru/media/samauto/mujchina-sobral-v-garaje-unikalnyi-avtomobil-pokazyvaiu-chto-iz-etogo-vyshlo-5f7fdbf90ed9ec1e0aa75ca2
Adaptation VG

(*) Voir : https://www.sovietauto.fr/2016/05/viktoria-une-jigouli-a-portes-papillon.html

Tag(s) : #Histoire, #Saliout, #Samodelka, #URSS