Depuis quelques semaines - si ce n’est quelques jours, l’actualité est marquée par l’effervescence autour de l’Intelligence Artificielle. Les images créées par Midjourney affolent la planète au point que des éminents scientifiques appellent à un arrêt sur la recherche autour de l’IA, le temps de souffler et fixer une charte éthique de son utilisation. Outre les dangers qu’elle représente - en premier lieu, la manipulation de l’information - l’Intelligence Artificielle permet en apprenant d’elle-même de gagner un temps infini dans de nombreux domaines.
Certains l'ont bien compris, y compris dans le monde de l’automobile. Mais la décision prise en Russie aujourd'hui, à Togliatti, risque de faire effet boule de neige dans une industrie russe contrainte par les sanctions qui touchent l’économie du pays depuis plus d’un an, avant de s'étendre dans le monde entier, marquant le début d'une nouvelle ère.
Le président d’AvtoVAZ, Maxime Sokolov, l’ancien Ministre des Transports de la Fédération de Russie s’intéresse au sujet de l'Intelligence Artificielle depuis très longtemps et, ces derniers mois, il a su s’entourer de conseillers de choix, en particulier des Russes débauchés de la Silicon Valley et qui sont revenus dans la mère-patrie.
Parmi eux, l’un des pionniers de l’IA chez BeWhale, Sergueï Carpski. En quelques semaines, il a convaincu Maxime Sokolov que les progrès récents dans le domaine pourrait à très court terme révolutionner non seulement l’organisation des entreprises informatiques, les startups de tous poils, le secteur de santé mais aussi et surtout les industries traditionnelles.
Sergueï Carpski, qui s’est vu mettre à disposition un laboratoire ultramoderne au sommet de la tour administrative de l’usine Lada de Togliatti, a fait il y a quelques jours à peine une saisissante démonstration à l’ensemble du conseil d’administration qui s'est terminé par un exercice dans le monde réel de l'IA totalement surréaliste.
L'expert a commencé par expliquer en détails les capacités offertes en termes industriels avec le pilotage par les IA d'ensemble des activités liées à la production. La réduction des effectifs pourraient atteindre plus de 50% avec la mise en place d’automates et de robots pouvant s’adapter en permanence aux aléas d'une chaîne de montage. Mais cela ne s’arrête pas à cela puisque l’IA serait en mesure de déterminer avec précision les programmes de fabrication en fonction des données collectées sur les réseaux sociaux, les tendances saisonnières, la fréquentation des showrooms et piloter toute la chaîne d’approvisionnement en limitant à zéro les ruptures par des algorithmes mis à jour en permanence. Il a clôturé cette première démonstration par une métaphore - « Aux Etats-Unis, on avait l'habitude de dire que BeWhale allait accoucher d'une souris ; aujourd'hui messieurs je vous l'affirme, la baleine n'accouchera pas d'une sardine » et sur le visage des personnes présentes dans la salle, on a pu lire un rictus effrayé.
La démonstration s’est poursuivie, effaçant un à un les traditionnels départements d’une grande entreprise, de la qualité aux ressources humaines où là aussi la réduction du personnel pouvait être conséquente.
Et l’IA ne s’arrêterait pas là. L’automobile n’étant qu’un éternel recommencement, Sergueï Carpski a expliqué au top management de l’usine (qui, hormis Maxime Sokolov, restait muet d’effroi devant cette présentation) que le département ingénierie pouvait être tout simplement supprimé ! Il a affirmé preuves à l'appui que l'IA est capable, en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, d'éditer des plans et établir une documentation technique d’un véhicule au niveau des meilleurs constructeurs mondiaux en fonction des spécifications qui lui sont données. « AvtoVAZ n’a donc pas besoin d’être un constructeur qui innove car grâce à l’IA, il sera toujours au plus haut niveau technologique ? » a questionné un peu dépassé Vitaliï Merlu, directeur de l’ingénierie.
Pour finir, Sergueï Carpski a expliqué qu’au même titre que l’ingénierie, le design pourrait aussi disparaître. Les domaines artistiques sont aussi touchés par l’IA. « L’Art n’est qu’un éternel recommencement et pas besoin de l’humain pour dessiner les voitures qui vont plaire au plus grand nombre » a-t-il annoncé devant ce public médusé.
Il a ensuite demandé à Maxime Sokolov de se mettre derrière un ordinateur et de demander simplement à ChatGPT d'imaginer le modèle qui pourrait dans quelques mois remplacer la Lada Granta et être produite dans l'usine 5.0 de Togliatti. Bien entendu, tout l'assistance avait en-tête, pour la connaître, la berline basée sur la plateforme CMF-B de l’actuelle Logan mais les résultats de la requête du président interprétée par un logiciel de création d’image développé en partie chez BeWhale et « adapté » par Sergueï Carpski sous le nom de kRUS-tiBAT ont interpellé le public présent. Bluffant.
Après cette présentation, Maxime Sokolov a réuni à huit-clos sa garde avancée. La décision était déjà prise et a été confirmée en conférence de presse aujourd’hui. D’ici quelques mois, la réorganisation prônée sera en place entraînant la disparition de nombreux départements, des licenciements et des reclassements. La marque va être régie par l’Intelligence Artificielle, Maxime Sokolov s’arrogeant les titres de Président d’AvtoVAZ et de « Valideur intelligemment assisté de l’ingénierie et du design d'AvtoVAZ » (en russe dans le texte).
Mais c'est surtout son assistance personnelle, Galina Dorada, qui prend du galon puisqu’elle sera directement chargée de converser avec ChatGPT, charge à elle de formuler au mieux les idées soumises par Maxime Sokolov pour que l'IA face tourner l'entreprise. Totalement allergique à l’informatique, la jeune femme à déclaré au journaliste qui lui demandait ce qu’elle pensait de tout cela : « La technologie c’est comme le poisson. Plus ça reste en rayon, moins c’est appétissant ». Reste à savoir à partir de combien de temps l'IA va sentir la roussette !
Lu sur : https://avto.mail.ru/article/nejroset-izmenit-organizatsiu-lady-pervchego-aprelia/
Adaptation VG