L'Australien James Ward, journaliste pour Drive, a écrit un article touchant. Il y raconte son amour pour le tout-terrain soviétique Lada Niva.
Quand il était plus jeune, derrière la vitrine d’une concession automobile, il voyait souvent une Lada Niva rouge, transformée par l’importateur australien en cabriolet. La partie avant de l’habitacle restait fermée (il y avait toutefois un énorme toit ouvrant au-dessus du conducteur et du passager), tandis que l'arrière était recouvert d'une capote en vinyle. Pour le jeune homme, cette voiture était un rêve et il lui a fallu plus d'un an pour qu’il devienne réalité.
Elle n’était pas neuve, mais James Ward a rajouté près de 200,000 kilomètres à son compteur jusqu'à ce que le moteur rende l'âme. Aujourd'hui, il se rend compte qu'il aurait dû la restaurer, et non la revendre, car la Lada Niva Cabrio est une voiture rare, même en Australie...
Voici comme il a raconté sur Drive sa rencontre et sa passion pour la Lada Niva :
« Ma première vraie voiture était une Lada Niva Cabriolet de 1989, rouge avec un toit en vinyle noir, montée sur des jantes en alliage BWA argentées.
J'ai bien dit « vraie », car je pourrais très bien vous raconter l’histoire d'une Holden Camira bleu foncé que j'aurais pu acheter pour 200 dollars à un type rencontré au Jooce Nightclub de Ringwood, lors d'une transaction sans papiers ni signatures, juste quelques homards, un pichet de bière Carlton et un ‘tape-m’en cinq’.
Le fait que la « Voiture de l'année 1982 » soit tombée en panne le lendemain était secondaire par rapport à la prise de conscience qu'une Camira sans papiers, achetée à un type portant un t-shirt Triple J, ne pouvait pas être considérée comme mienne et pouvait très bien appartenir à quelqu'un d'autre. Elle a été laissée là où elle s'était arrêtée, sur Reynolds Road à Templestowe, et a mystérieusement disparu moins de 24 heures plus tard. J'ai rarement raconté cette leçon de 200 dollars en raison d'un manque de compréhension sur la prescription dans le code pénal de l'Etat de Victoria.
Environ 18 mois plus tard, cependant, un achat réel m'a permis d'obtenir ma première immatriculation officielle auprès de VicRoads, et une longue vie de possession de Lada a commencé pour moi.
On me demande souvent d'où vient mon intérêt pour la Lada Niva, car les esprits justes ont raison de se demander pourquoi une personne raisonnablement intelligente, légèrement obsédée par les voitures, ferait une fixation sur un curieux tout-terrain construit dans un pays qui a cessé d'exister.
La réponse, logée au plus profond de mon subconscient, est venue d'une étrange série télévisée appelée « Expedition Adam 84 », diffusée sur ABC au début des années 1980. Doublée en anglais à partir de sa langue maternelle, le tchèque, Navstevnici (Les Visiteurs), racontait l'histoire de quatre voyageurs dans le temps envoyés en 2484, pour récupérer des carnets qui aideraient la société future à déplacer les continents pour éviter une attaque de météorites. Ouaip ! La machine à voyager dans le temps en question, qui a précédé l'emblématique DeLorean DMC-12, était une Lada Niva à couleur changeante. Prends ça, BMW iX !
Je ne me souviens pas bien de la série, mais je me souviens de la voiture. Il y avait quelque chose dans ce petit 4x4 trapu que j'aimais vraiment, mais dont je ne me rendrai compte que plus de dix ans plus tard.
En rentrant de l'université un après-midi de 1995, j'ai vu dans la vitrine d'un concessionnaire automobile sur Malvern Road, celle qui allait devenir ma première voiture. Ce qui est aujourd'hui Beaurepairs était alors MRC Motors (et plus tard South Yarra Garage comme sur la photo que j’ai retrouvée pour l’article), et la vue de l'avant de cette Niva a dû déclencher un souvenir en moi, car je me suis arrêté pour la regarder de plus près.
Ce tout-terrain rouge vif ne ressemblait à aucun autre que j'avais vu, car il s'agissait d'un cabriolet, et il était magnifique. Transformé à Port Melbourne par le bureau d'études de Peter Brock, la Niva Cabrio ressemblait aux modèles Suzuki, conservant un solide montant B et une liaison entre le cadre supérieur de la porte et le pare-brise pour la rigidité. La capote était entièrement manuelle et le couvercle de coffre de la voiture, désormais plus petit avait un mécanisme de fixation spécifique.
Le Suzuki Sierra (SJ chez nous) était l'une des voitures les plus cool que l'on pouvait conduire au milieu des années 90, mais cette Lada, pour moi, était juste assez différente pour être meilleure. Assise sur de larges pneus Pirelli Scorpion à flancs blancs, la Niva Cabrio réclamait des plaques P (probatoire pour les jeunes conducteurs) et du temps. Je la voulais.
Malheureusement, mon emploi à temps partiel chez Safeway et les économies accumulées pendant les vacances ne me permettaient pas de l'acheter, mais au moins j'avais un objectif à atteindre. Au fil des semaines, j'ai intentionnellement pris le tramway pour passer devant le concessionnaire chaque jour, juste pour voir si la voiture était toujours là. Elle est restée un moment, puis a disparu. Les semaines sont devenues des mois et, bien que mon objectif immédiat ait disparu, le virus n'est jamais parti.
Au milieu de l'année 1996, j'ai eu envie de plus de liberté que la conduite de la Renault de ma mère pouvait m'offrir et j'ai acheté un numéro de la bible de l'époque, Auto Supermarket, et de son équivalent tout-terrain, 4X4 Trader. J’avais relégué la Niva Cabrio au fond de ma pensée et je cherchais un Sierra abordable (idéalement un Samurai à roues larges), mais un Daihatsu Feroza serait également acceptable. Je ne me souviens plus dans quelle publication j'ai trouvé l'annonce, mais après quelques semaines de recherche d’un Suzuki, et même d'essai d'un Holden Drover (l’équivalent du Sierra sous licence australienne), je n'en croyais pas mes yeux... une Lada Niva Cabrio était à vendre !
C'était chez un concessionnaire Lada à Fawkner, de l’autre côté de la ville, mais je devais y aller immédiatement. Il a fallu que je caresse mon paternel dans le sens du poil pour qu’on prenne la Fairlane pour aller jeter un coup d'oeil.
Cela faisait presque deux ans que je l'avais vue sur Malvern Road, mais je savais que c'était la même voiture. Elle était maintenant équipée de jantes en acier et de pneus russes, mais le concessionnaire avait un jeu de jantes alliages qu'il pouvait installer pour conclure l'affaire, toujours avec les Scorpions à flancs blancs que j'avais vus auparavant. Il n'y avait qu'un seul problème. Malgré toutes les idées que je m’étais faites pour cette voiture, je ne l'avais jamais conduite et je n'avais aucune idée de ce dans quoi je m'engageais.
(…)
La position de conduite était inconfortable et difficile à régler, avec un levier de vitesse extrêmement long placé de manière plus ergonomique pour le passager ; un héritage d'un projet de conduite à droite peu reluisant. Les interrupteurs avaient beau être rudimentaires, les cadrans basiques et les garnitures en vinyle bon marché, c'était tout ce que j'attendais de ma première voiture. Elle était unique et amusante, et même dans l'atelier crasseux de Fawkner, elle avait du caractère - à mes yeux du moins.
Elle n'était pas aussi splendide que lorsque je l'avais vue de nombreux mois plus tôt, et la lunette arrière en plastique avait pâli au soleil, mais nous nous sommes mis d’accord sur le prix (bien plus abordable qu'à South Yarra), avec en plus le plein d'essence, un tapis de tableau de bord en moumoute, une lunette arrière de rechange, ainsi que des jantes en alliage de 15 pouces de la marque italienne BWA.
Papa n'était pas convaincu de l'intelligence de ma décision, mais c'était à moi de la prendre et il voulait rentrer à la maison. Des arrhes ont donc été versées pour que la voiture soit préparée et immatriculée pour être récupérée le samedi suivant.
La semaine qui a suivi a été la plus longue de ma vie, l'excitation liée à la collecte imminente de ma première voiture éclipsant tous les réveillons de Noël les plus fous réunis. Je me souviens que j'étais à peine capable de signer de mon nom lorsque je suis allé récupérer le chèque de banque le vendredi après-midi.
Le jour J est arrivé, le solde a été payé, et j'ai suivi Papa jusqu’à la maison, encore incapable de comprendre ce que j'avais accompli. Maman nous a accueillis avec, comme cadeaux, un atlas routier Melways tout neuf et un nouveau jeu de plaques P. Le premier jour de possession légitime d'une voiture n'aurait pas pu être meilleur !
Je suis allé chercher un copain. Nous nous sommes battus pour enlever le toit (beaucoup de boutons-pression) et nous avons roulé dans l'air vif de l'hiver jusqu'à la maison de ma copine, 'The Offspring' tapant dans les haut-parleurs de mauvaise qualité (seulement deux) dans les portières.
Son père a levé les yeux au ciel, m'a dit que j'étais stupide de ne pas avoir acheté une Corolla et m'a raconté toutes les blagues sur les Lada qu'il connaissait, en rajoutant souvent de manière créative des éléments de Volvo et de Skoda à celles-ci. Ma copine m’a dit qu'il faisait trop froid pour enlever le toit et a refusé de venir faire un tour...
Je m'en fichais. La voiture avait des défauts, c'est certain, mais je l'aimais littéralement à en mourir. J'ai parcouru à son volant quelques 200,000 km au cours des dix années suivantes, jusqu'à ce que le moteur se grippe à cause d'un joint de culasse explosé. Plutôt que de la réparer, je l'ai vendue (avec d'autres Lada que j'avais acquises au fil du temps), une décision que je regrette encore aujourd'hui.
J'en suis maintenant à ma sixième Niva, et je garde toujours un œil sur les Cabrios qui pourraient être mis en vente. Les Niva décapotables étaient rares à l'origine, mais elles sont maintenant tout à fait uniques en raison de l'usure due à la rouille et à la dégradation générale. Mais si je pouvais revivre le même frisson que lorsque j'ai aperçu pour la première fois cette Niva Cabrio rouge sur Malvern Road, je m'y rendrais sans hésiter ! ».
Lu sur :
https://www.zr.ru/content/news/938350-avstraliets-rasskazal-kak-stal/
https://www.drive.com.au/caradvice/my-first-car-1989-lada-niva-cabriolet/
Adaptation VG
(*) voir : https://www.sovietauto.fr/2011/01/dans-500-ans-nous-roulerons-en-lada-niva.html