Evgueniï Lavrichenko est un ingénieur-concepteur de 47 ans. Sa passion pour les vélos et son ingéniosité ont donné naissance à un engin unique qui roule sur les routes même par moins 40 degrés. Avec quoi l’a-t-il fabriqué, comment il fonctionne et suscite-t-il des questions de la part de la police de la route ? Nous avons trouvé le conducteur et le créateur de cette merveille d'ingénierie et lui avons posé ces questions.
Il n'y a pas si longtemps, des vidéos on fait leur apparition sur les réseaux sociaux, dans lesquelles un véhicule compact non identifié ressemblant à un pousse-pousse à quatre roues ou à une calèche, roule sur les routes enneigées de Tomsk, au milieu du trafic, provoquant la perplexité et la surprise des autres conducteurs.
Evgueniï Lavrichenko explique que son travail implique principalement un mode de vie sédentaire. Pour ajouter de l'activité physique à son quotidien, il a commencé à faire du vélo il y a 15 ans. Mais à cause du climat, la saison à Tomsk est de courte durée. C'est pourquoi, il y a trois ans, inspiré par une expérience de ce type à l’étranger, il a décidé de créer un vélo qui peut être utilisé toute l'année !
« Cela m’a pris beaucoup de temps, le modèle actuel est le deuxième. Le premier était à trois roues, je l'avais créé pour définir les dimensions, pour savoir comment il s'adapterait à la circulation (…). En fait, c'est un proche parent du vélo, mais il a plus de roues et une carrosserie qui lui permet de rouler par tous les temps et jusqu'à moins 40 degrés » explique l'ingénieur.
Il l’utilise d’ailleurs tous les jours : « Je ne veux pas me rendre au travail par n'importe quel moyen, je veux que cela soit amusant. Je suis à environ 12 kilomètres de mon travail. Il me faut environ 40 à 50 minutes pour y aller et 30 minutes pour revenir ».
« C’est un véhicule à pédales. En été, j'ai l'habitude de n'utiliser que lui, mais il est également suffisant pour l'hiver. J’ai rajouté un petit moteur électrique, car lorsque vous roulez dans des congères, la résistance au roulement augmente et il devient difficile de pédaler » raconte-t-il
Le châssis de ce vélomobile est primitif : deux cadres et des panneaux en bois. Toutefois, à l’avenir, notre concepteur souhaite passer à des matériaux plus avancés sur le plan technologique : « Comme je roule sur la voie publique, j'ai dû mettre tous les équipements électriques : clignotants, feux de position, phares, essuie-glace (manuel) et rétroviseurs - tout ce que l'on utilise dans une voiture ordinaire ».
En parlant de voiture ordinaire. Dans son garage, il y a un minivan à côté de son vélo. Son propriétaire l'utilise beaucoup plus rarement - seulement le week-end ou pendant les vacances ! Comme l'indique le concepteur, il a fallu environ un mois et demi pour assembler l'exemplaire actuel de vélomobile. Il a passé le plus du temps sur le châssis et la carrosserie. Il s'agit d’un véhicule non produit en série. Il est donc impossible de commander des pièces prêtes à l'emploi ne restant plus qu’à être installées. Tout doit être fait à la main.
Le vélomobile se conduit avec un « volant » - deux leviers montés de chaque côté du siège du conducteur : à gauche - une poignée avec un levier de frein de vélo, à droite - une poignée d’accélérateur (lorsque le moteur électrique est connecté).
« Il n'y a pas de chauffage à proprement parler ici, mais la carrosserie permet environ 10-15 degrés à l’intérieur par moins 25-40 degrés. Il y a eu une situation où il faisait -10°C à l'extérieur et je n'ai même pas porté de gants à l'intérieur parce qu'il faisait chaud. Je dispose également d'une ventilation pour que les vitres ne gèlent pas en hiver » explique-t-il.
Selon lui, il est fondamentalement impossible d'avoir froid avec le vélomobile, car le conducteur doit constamment pédaler : « Par exemple, vous décidez d'aller quelque part à 10-15 kilomètres - à la fin du trajet, vous serez complètement en sueur. Maintenant, avec l'aide du moteur électrique, je trouve un équilibre, c’est plus confortable. Mais là encore, si vous n'utilisez que l'électricité en hiver, vous allez geler ! ».
Lorsqu'on lui a demandé s'il envisageait de fabriquer le vélomobile sur commande, Evgueniï Lavrichenko a répondu ce qui suit : « J'ai un client - c'est ma femme. Quand elle dira qu'il est pratique à utiliser, nous pourrons envisager de le vendre et d'en fabriquer un nouveau pour elle ».
Et à la question de savoir ce qu’en pensent les autres, il explique d’un air amusé : « Les agents de la police de la circulation ne m'ont jamais arrêté une seule fois. Je les ai croisés plus d'une douzaine de fois, mais c'est un vélo qui respecte toutes les règles (…). En fait, j'ai mis un logo de vélo sur la cloison arrière pour qu'ils posent le moins de questions possibles ».
Les autres conducteurs réagissent également de manière adéquate : « Je n'ai pas remarqué d'embouteillages derrière moi. Je peux être suivi par un conducteur curieux, mais l'embouteillage sera derrière lui, pas derrière moi, car il ralentit pour me voir ».
« Autre incident révélateur. A mon travail, j’ai fait une chute de hauteur et mon dos a commencé à me faire mal après. J'ai trouvé sur Internet une chaise orthopédique qui soulage les douleurs du dos. Lorsque j'ai installé cette chaise à mon bureau, mes collègues ont été plus surpris par elle que par le vélomobile », raconte-t-il.
Bien que ce véhicule unique soit essentiellement un vélo et qu'il soit considéré comme tel par le code de la route, Evgueniï Lavrichenko note toutefois avec fierté que son vélomobile est loin de laisser indifférent.
Lu sur : https://www.riatomsk.ru/article/20210207/svoj-kajf-kak-tomich-promenyal-avto-na-velosiped-s-derevyannoj-krishej/
Adaptation VG