Le 45ème anniversaire de la Lada Niva permet de se souvenir d’un évènement qui avait été suivi à l'époque dans toute l’URSS : un raid organisé par VAZ et Za Roulem à travers du désert du Karakoum. Cette expédition était dédiée au 60ème anniversaire de l’industrie automobile soviétique et au 44ème anniversaire du premier trajet effectué sur ce parcours en URSS.
Deux « Chesterka » de série (dont le début de la production en série avait débuté en 1976) tractant des remorques Skif et deux Niva (lancées le 05 avril 1977) ont participé à cette aventure. Les moteurs 1,6 litre de ces voitures étaient strictement de série. Les pilotes VAZ s’étaient sérieusement préparés. La mécanique et les voitures dans leur ensemble avaient été vérifiées, des radios installées et on emportait des jerricans d’essence supplémentaires, des outils pour les réparations urgentes et tout ce qu’il faut pour cuisiner et passer la nuit dans les remorques de camping.
Il était prévu de faire l’entretien des voitures, au frais de la direction de l’usine, dans le réseau de stations-services de VAZ nouvellement mises en place (les équipages avaient une autorisation écrite pour cela). Les voitures devaient être accompagnées sur les routes par des voitures de la GAI (la police routière) et il avait été négocié avec la DOSAAF les conditions d’hébergement des participants lors des différentes étapes.
Le parcours suivait exactement le tracé effectué en 1933. Quelques exceptions étaient faites pour visiter des lieux qui n’existaient pas encore à l’aube du pouvoir soviétique. L’un d’entre eux n’était autre que la ville de Togliatti, la capitale automobile de l’URSS. En 1977, l’âge moyen de ses habitants était de 30 ans et leur tâche principale était de fabriquer les meilleures « voitures particulières » d’Union Soviétique.
La traversée du désert du Karakoum est une épreuve extrême. Il s’agit d’un désert sauvage et inhospitalier où l’on ne peut compter que sur ses propres forces. C'est pourquoi une exception fut faite pour les VAZ-2106 et les Skif. Celles-ci n’ont pas traversé les étendues sauvages du désert mais ont suivi des routes normales, enfin, des routes qui présentaient tout de même quelques difficultés avec le poids tracté, la chaleur pouvant atteindre 50 degrés, les serpentins de montagne et un air raréfié à mesure de l’augmentation de l’altitude.
L’expédition s’était donc séparée à Boukhara. Les « Chesterka » et leurs remorques ont continué en passant par Achkhabad jusqu’à la ville de Krasnovodsk (maintenant Turkmenbashi) sur la Mer Caspienne. Les Niva ont pris la direction de la petite ville de Gazli d’où elles ont pu commencer leur périple à travers le Karakoum.
Le désert ne s’est d’ailleurs pas immédiatement laissé impressionner par les deux Niva. La première tentative s’est avérée être un cuisant échec et a convaincu les équipages de la nécessité d’avoir un guide expérimenté. Ils ont dû retourner vers Gazli et on s'est mis à la recherche des guides. Ils étaient deux dont un berger qui connaissait le désert comme sa poche.
Huit hommes sont donc repartis à la conquête du Karakoum à bord des deux Niva chargées uniquement d’un jerrican d’essence et de quelques boîtes de conserve. Le désert est parsemé de traces de personnes, de charrettes ou de voitures, mais il faut impérativement connaître le chemin qui mène dans la bonne direction.
Et heureusement qu’ils avaient un bon guide car une fois, les voitures se sont arrêtées à quelques mètres d’une profonde falaise formée par l’ancien lit du fleuve Amou-Daria que personne n'avait vu. Plus d’une fois, le guide a indiqué avec précision la direction la plus courte à prendre, en contournant les endroits dangereux. La poussière, les pierres frappant les soubassements, la chaleur et la soif ont accompagné tout au long du chemin les équipages et les voitures. La surface du désert était formée de pierres et d’argile séchée et à certains endroits, tout était recouvert d’une énorme couche de poussière appelée « poukliak ».
Le danger venait des branches et des morceaux de buissons cachés dans cette poussière, qui perforaient les pneus comme des boulons. A la fin, ils n’avaient même plus de roue de secours et le risque était de devoir subir un long arrêt pour démonter et réparer la chambre à air. Heureusement, cela n’a pas été nécessaire.
Sur 750 km, les arrêts n’ont eu lieu que pour les changements de roues, pour de courtes « collations » et pour faire le plein d’eau. Il n’y avait bien sûr pas de climatisation dans les voitures. Le sable, la poussière et la soif accablaient tout le monde. Certains se sont évanouis à cause de la chaleur et d’autres se sont brulés les mains avec des outils rougis par le soleil.
La distance à travers le désert du Karakoum a été parcourue en 20 heures. Puis les deux Lada Niva ont pris un ferry pour traverser la mer Caspienne avant de se diriger vers le Caucase, le Kouban et le Donbass et revenir à la capitale. Les hommes de VAZ ont surmonté toutes les difficultés d’un voyage d’un mois et de 9,500 km et ont prouvé qu’ils pouvaient fabriquer des voitures fiables pour un pays en développement constant.
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Adaptation VG