Voilà une triste histoire. La fin d’une voiture unique, j’insiste sur ce terme puisqu’il s’agit d’une samodelka, fabriquée à l’époque soviétique. La fin d’un rêve. Elle s’appelait Mechta et n’existe plus qu’en photos.
D’habitude je réfléchis longuement aux titres de mes publications en essayant différentes variantes, mais ici le titre m’est venu à l’esprit tout seul, dès que j’ai vu ces photos sur Instagram. Adieu au rêve. Il n’y a pas d’autre façon de le dire. En voyant les fragments de la carrosserie découpée à la hâte, j’ai tout de suite reconnu la voiture. J'avais parlé de la Mechta il y a quelques années (*).
Le créateur de la Mechta s’appelait Vassiliï Vassilievitch. Il avait créé sa voiture non pas pour participer aux célèbres concours de samodelkas, mais pour la conduire tous les jours. En URSS, l’achat d’une voiture - même d’occasion - était un évènement important dans la vie d’un amateur d’automobile. Et quand on sait que pour les voitures neuves on s’inscrivait sur une liste d’attente pour des années…
C’est pourquoi les samodelkas étaient si populaire, mais très peu de constructeurs amateurs avaient accordée autant d’attention à l’apparence de leur voiture et aux ornements que Vassiliï Vassilievitch. D’ailleurs, la Mechta a quelque chose de la Checker Marathon - le fameux taxi new-yorkais - à moins que cela soit de la GAZ-13 Tchaïka.
La Mechta était basée sur une carrosserie de Moskvitch 401, le moteur provenait d’une Moskvitch 408. De nombreuses pièces de la carrosserie avaient été réalisée à la main, notamment tous les ornements en acier inoxydable. L’homme avait passé sa vie à créer cette beauté. Imaginez les efforts et le temps qu’il lui a fallu pour fabriquer cette calandre. Les éléments qui la composent sont en acier inoxydable et ont été ensuite été assemblés entre eux.
Lorsqu’il est décédé, ses héritiers (en l’occurrence un de ses petit-fils) ont mis en vente cette rareté. Une histoire typique pour ce genre de voitures. Il y a quelques années, une annonce pour la Mechta avait donc fait son apparition sur le site Auto.ru mais elle a ensuite été retirée. Par la suite, la voiture a été vue sur Avito.ru. On en demandait environ un million de roubles...
Il semblait que son histoire allait se poursuivre car la samodelka avait une plaque d’immatriculation moderne, ce qui signifie qu’elle était homologuée et pouvait être réimmatriculée. Malheureusement, si la voiture a été achetée, c’est uniquement pour obtenir cette immatriculation de samodelka, quelque chose de très précieux de nos jours. La Mechta n’existe plus...
Il n’y a pas de mots pour nommer les personnes qui ont mis à la casse cette voiture unique. On peut aussi se demander quels seront les sentiments de l’homme qui l’a vendue pour « toucher l’héritage », lorsqu’il découvrira le sort réservé à la voiture. A moins qu’il n’ait envoyé lui-même là-bas, le rêve de son grand-père, ayant compris qu’il n’en tirerait pas un million ?
Lu sur : https://zen.yandex.ru/media/oldtimer/proscanie-s-mechtoi-unikalnaia-samodelnaia-mashina-kotoruiu-prodavali-nasledniki-okazalas-na-metallopriemke-61ca1c43132e0521ae100c6b?&
Adaptation VG
(*) Voir : https://www.sovietauto.fr/2019/11/mechta-ce-n-est-pas-une-voiture-mais-un-reve.html