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Aujourd’hui, le marché automobile déborde d’offres. Nous avons le choix entre un grand nombre de modèles de différentes tailles et catégories de prix. Neufs, d’occasion, essence, diesel, hybrides et même électriques. On a le choix. Il y a un demi-siècle, en URSS, il fallait choisir parmi les modèles de deux-trois marques : ZAZ, GAZ ou MZMA. Pour l’industrie automobile soviétique, l’année 1966 a représenté le second souffle. Les Italiens et le Ministère soviétique du commerce extérieur ont signé un accord pour la construction d’une usine sur le territoire de l’URSS pour produire des voitures modernes. C’est ainsi qu’a commencé l’histoire de l’Usine Automobile de la Volga (VAZ) dont le premier modèle produit en série fut celle qui sera rapidement surnommée « Kopeïka ». Plus officiellement elle s'appelait VAZ-2101. C’était quelques décennies avant le lancement d’Onliner.by. Nous n’avions donc pas eu l’occasion de faire l’essai de cette berline économique avant de décider de faire ce voyage dans le temps pour tester celle qui était toute nouvelle à l’époque.

Nous sommes donc en 1973. Leonid Gaïdaï a présenté au grand public son film « Ivan Vassilievitch change de profession » et en Grande-Bretagne, David Gilmour et Roger Waters finalisent leur album légendaire « The Dark Side of the Moon ». Au même moment, notre voiture d'essai sort des chaînes de montage de Togliatti. La production de la « Kopeika » a commencé il y a trois ans, mais 1973 a été le pic de production de cette berline, qui sera produite jusqu'en 2012 avec de légères modifications.

Ce n’est un secret pour personne qu’au cœur du premier modèle de VAZ se trouve la Fiat 124, une berline compacte italienne produite depuis 1966 et qui est même devenue « Voiture européenne de l’année ». La version russifiée, malgré la ressemblance extérieure, avait subi plusieurs centaines (!) de modifications. Les ingénieurs soviétiques avaient critiqué la moitié des pièces composants la Fiat 124 et déclaré qu’en l’état elle ne pouvait pas être exploitée normalement en URSS. Pour que la VAZ-2101 puisse affronter confortablement l’un des deux problèmes majeurs de la Russie, elle a donc été équipée d’une suspension avant renforcée et d’un train arrière entièrement revu. Des modifications ont aussi été apportées aux freins, à la boîte de vitesses, au moteur, à l’habitacle, etc… Certaines améliorations d’ailleurs, ont été reprises plus tard sur une mise à jour de la Fiat 124.

Extérieurement, la « Kopeïka » se distinguait de son homologue italienne par ses pare-chocs, les poignées de portes et son rétroviseur extérieur (absent sur la Fiat 124). Pendant quatre décennies, la VAZ-2101 n’a ensuite connu que peu de modifications. Sur notre « Kopeïka », on peut remarquer les deux rétroviseurs extérieurs (carrés) situés sur les portières. Mais en 1973, la voiture était normalement équipée d’un seul rétroviseur (rond) fixé sur l’aile. Aujourd’hui, il est impossible de circuler en ville sans deux rétroviseurs. L’un des anciens propriétaires a donc légèrement amélioré sa voiture.

L’intérieur aussi a été modernisé : on trouve une console centrale avec un autoradio lecteur MP3 (un format qui a 20 ans de moins que la voiture). Youri Antonov, chante patriotiquement depuis les deux haut-parleurs (aux pieds des passagers avant et à l’arrière) et nous démarrons le moteur. La clé de contact se trouve à gauche. Comme dans une Porsche ou une Alfa Romeo sportive. Il y a un léger frémissement et le moteur 1,200 cm3 qui essayé dans sa vie plus de types d’essence que vous ne pourrez boire de cocktails s’ébroue sous le capot.

Aujourd’hui, il est difficile d’évaluer combien de chevaux se sont échappés des 64 que le moteur développait à l’origine en 1973. La voiture avance et recule, c’est déjà bien. Elle se déplace d'ailleurs étonnamment rapidement : il n’est pas difficile d’atteindre la vitesse légale de 60 km/h au milieu de la circulation moderne. Au vu d’aujourd’hui, la boîte ne brille certainement pas pour la clarté des passages de vitesses. Les temps de réponse sont tels, qu’après avoir actionné le levier de gauche à droite, vous ne comprendrez pas si la vitesse est engagée ou si vous êtes restés au point mort. La pédale d’accélérateur est plutôt directe, tandis que l’embrayage n’est pas moins informatif que dans n'importe quelle VW Golf 2. Le plus grand reproche est le système de freinage : la pédale est très molle et il n’est pas facile de calculer la distance de freinage. Même si vous freinez à fond, la voiture ralentit à contrecoeur. Il faut 20 à 25 secondes pour passer de 0 à 100 km/h et il est dangereux de rouler à des vitesses plus élevées.

La première chose que vous remarquez quand vous conduisez une « Kopeïka » est la visibilité. C’est vraiment comme dans un aquarium. Les grandes vitres, quasi verticales, donnent l’impression que vous roulez en cabriolet. Vous êtes assis comme si vous étiez nus et vous voyez tout ce qui vous entoure. Vous devez vous habituer aux rétroviseurs extérieurs : ils sont trop petits et agrandissent sensiblement l’image. Il vaut mieux se retourner pour faire demi-tour ou lors des manœuvres de parking. L’ancien propriétaire de cette Jigouli avait installé pour s'aider un grand rétroviseur panoramique qui nécessite un léger temps d’adaptation.

Quelques mots sur la position du siège conducteur. La seule chose qui peut être ajusté ici est le siège lui-même : d’avant en arrière. C’est votre corps qui doit s’ajuster. Malgré tout, dans les faits, vous ne ressentirez pas d’inconfort en conduisant la « Kopeïka ». Il manque un appuie-tête dont l’absence est également une chose extrêmement dangereuse. Et il ne vous manquera pas de mots quand vous constaterez qu’il est impossible d’en monter sur les sièges d’origine, tout comme la radio (sans installer une console). Et il ne vous en manquera pas non plus pour le volant et sa fine branche, et l’absence d’assistance de direction…

On trouve deux commodos sur la colonne de direction. Ils sont tous les deux situés sur le côté gauche. L’un est responsable des clignotants. Le second des phares. Les essuie-glaces sont activés par le clavier situé à gauche du volant. La « poire » du lave-glace nous a beaucoup plu. On appuie dessus et le liquide se dépose sur le pare-brise comme s’il sortait d’une seringue. Il n’est même pas nécessaire de démarrer le moteur. Le liquide est stocké dans une poche située sous le capot dont le volume est assez faible. Cet exemplaire relativement bien préservé de VAZ-2101 possède encore son antenne télescopique d’origine que l’on ne peut déployer qu’avec une clé spéciale fournie avec la voiture.

Il est difficile de parler de la maniabilité de la « Kopeïka ». Certes, la voiture prend beaucoup de roulis et son volant ne remonte absolument pas d’information. Mais à l’époque, où ce modèle commençait à peine d’être produit, les voitures n’avaient qu’une seule utilité : avancer, reculer, aller à gauche et à droite. Et la « Kopeïka » s’en accommode bien. D’ailleurs, la suspension n’est pas aussi dure que pourraient croire ceux qui n’ont jamais conduit une Jigouli classique. Par expérience, la manière de s’inscrire dans les virages n’est pas pire avec la VAZ-2101 que la BMW E30. Mais dans la pratique, on termine facilement dans le décor. Il est donc préférable de ne pas prendre de risque. Cette voiture a été conçue il y a déjà plus d’un demi-siècle.

Une « Kopeïka », qui plus est en si bon état, est une véritable machine à remonter le temps. Elle a encore cette odeur inimitable de l’industrie automobile soviétique, ces déflecteurs de portes fonctionnels et des sièges, que beaucoup de nos compatriotes ont utilisés pour faire leurs premiers voyages en voiture ! Si nous examinons l’industrie automobile de l’URSS de manière objective, en mettant de côté tout sentimentalisme et toute nostalgie, nous pouvons constater qu’il n’y avait pas de vraies bonnes voitures dans l’Union. Tous les modèles étaient inférieurs à leurs concurrents américains et européens et les gens les achetaient par manque de choix. La « Kopeïka » dans cette histoire reste l’une des meilleures voitures jamais produites en Union Soviétique. Ce n’est pas pour rien qu’elle a reçu le titre de « Meilleure voiture russe du XXème siècle ». Merci aux Italiens pour ce merveilleux modèle, qui a marqué toute une époque.

Lu sur : https://auto.onliner.by/2016/10/10/kopejka
Adaptation VG

Tag(s) : #VAZ, #2101, #Kopeïka, #Essai, #Photos