Il n’est pas vraiment facile de trouver une « zéro sept » bien conservée aujourd’hui. Nous y sommes parvenus, et si nous avions dû choisir, à l’époque de sa gloire, entre cette voiture et la Skoda Favorit, tout aussi chère à l’achat , le choix aurait été clair.
La version la plus luxueuse de la Jigouli, la VAZ-2107, a été officiellement présentée à la fin de 1981. Elle se distinguait extérieurement principalement par sa gigantesque calandre chromée, des essuie-phares avec lave-phares de série ou des feux arrière avec antibrouillards. À l'intérieur, les passagers pouvaient apprécier les panneaux de porte recouverts de textile, les confortables sièges sport avec appuie-têtes intégrés ou un tableau de bord richement équipé avec une console centrale.
« La VAZ-2107 est le point culminant de la production actuelle dans la gamme des véhicules à propulsion de l’Usine Automobile de la Volga. Ce modèle permet de transporter cinq personnes sur des distances plus ou moins longues » écrivait Svet Motoru en 1986.
A la fin de 1989, ce modèle pourtant archaïque pouvait se permettre d’exiger à son acheteur encore plus d’argent que la toute nouvelle Skoda Favorit, une voiture que toute la Tchécoslovaquie adorait ! Ce qui est étrange est que, même à l’époque, les Jigoulis pourtant dépassées avaient une confiance en soi exagérée. Et dans son pays d’origine, sa renommée a duré jusqu’en 2012 quand l’usine géante de Togliatti a mis fin à près d’un demi-siècle de production de cette voiture immortelle !
A l’époque, le positionnement sur le marché de ce modèle légendaire avait quelque chose de très incohérent. Alors que le modèle initial, la Fiat 124 italienne se revendiquait fièrement de la classe moyenne, dans le bloc de l’Est, la version russe jouait le rôle d’un modèle compact. Et à l’Ouest, elle était considérée comme une contribution soviétique au segment des petites citadines (tout du moins par son prix).
Si l’on jette aujourd’hui un coup d’œil à l’intérieur de la « zéro sept », il faut avant tout apprécier l’excellente ergonomie et l’aération étonnamment généreuse. Si la Fiat 124 et son dérivé VAZ-2101 offrait beaucoup d’espace, l’intérieur de la VAZ-2107 avait été conçu entièrement par les Russes. Et il faut bien admettre qu’à l’époque les ouvriers de l’Usine Automobile de la Volga ne manquaient certainement pas de goût. La VAZ-2107 n’avait pas l’air d’une voiture ordinaire.
Parmi une large gamme de groupes motopropulseurs, le constructeur russe avait choisi pour la VAZ-2107 un 1,500 cm3 à carburateur, une version modifiée du moteur que l’on trouvait sur la VAZ-2103. Comparé au 1,300 cm3 de la VAZ-2105, moins chère, il était beaucoup plus enjoué. Le moteur disposait de beaucoup de puissance et il était aidé par une boîte de vitesses à quatre rapports courts. En même temps, le moteur offrait un son captivant et aimait qu’on abuse de lui.
Il n’est donc pas étonnant qu’en Tchécoslovaquie, les Jigoulis étaient considérées comme le summum de ce qu’un automobiliste local pouvait s’offrir. La voiture se conduisait à merveille et sa direction et ses passages de vitesses n’avaient pas leur égal. Même si la Skoda Favorit avait l’air beaucoup plus moderne, nous aurions probablement sorti de nos poches les 100 couronnes que la VAZ-2107 demandait en plus, car nous apprécions tout simplement beaucoup plus la Lada. De plus, dans la circulation normale, cette Jigouli haut de gamme était silencieuse et sur les autoroutes de l’époque, elle était tout simplement imbattable. Il n’est pas étonnant qu’on l’ait souvent vu tractant une remorque.
Cependant, la dernière Lada à roues arrière motrices a connu un sort similaire aux Skoda des séries 742/743. Leurs constructeurs n'arrêtaient pas d'inventer de nouvelles versions de ces berlines moralement dépassées. Elles ont passé la quasi-totalité des années 1980 à attendre leur remplacement par une voiture bicorps moderne à traction avant et pendant un certain temps, l’ancienne gamme dépassée et la nouvelle gamme moderne ont été produites simultanément en URSS et en Tchécoslovaquie. Mais, alors que la Skoda 136 GL n’a réussi à concurrencer la Favorit que pendant deux ans, les Jigoulis ont été fabriquées en même temps que la Samara pendant plus de deux décennies...
Le propriétaire de la berline bordeaux bien conservée qui illustre l’article s’appelle David. « J'ai toujours voulu une « Zigulik », j'en cherchais une depuis trois ans. Je suis même allé à Cesky Tesin avec une remorque mais elle était aussi pourrie qu'une pomme de terre, alors c'était un voyage pour rien » raconte-t-il en expliquant qu'il n'est plus facile de trouver une voiture en bon état. « J'ai fini par acheter cette voiture à son propriétaire d'origine à Kolin. Ce fût un coup de foudre et je l'ai depuis cinq ans maintenant » conclut-il en évoquant la fin heureuse de l'histoire.
Le moteur quatre cylindres de 1,452 cm3 à arbre à cames en tête entraîné par chaîne était considéré comme le moteur le plus réussi des Jigoulis, mais par rapport au moteur VAZ-2103 original, les ingénieurs s'étaient concentrés principalement sur un fonctionnement plus économique. La consommation était autrefois son plus gros défaut. Le carburateur moderne avec contrôle par dépression de l’avance à l’allumage et la coupure de l’alimentation en carburant à la levée de pied permettait une réduction de son appétit. Le ventilateur de refroidissement électrique et les rapports de boîtes courts contribuaient également aux économies.
Ces changements avaient permis de ramener la consommation de carburant de la VAZ-2107 au niveau de celle de la VAZ-2105 moins chère et équipée d’un moteur plus petit. En 1994, une autre révolution a eu lieu sous le capot des Jigoulis : l’injection d’essence monopoint. Mais à cette époque, en dehors des marchés de la Fédération de Russie, la VAZ-2107 ne jouait plus qu’un rôle marginal en Europe.
Lu sur : https://www.autorevue.cz/luxusni-vaz-2107-stal-o-trochu-vice-nez-skoda-favorit-prekonal-ji-snad-ve-vsem
Adaptation VG