Le site biélorusse Auto.tut.by a mis la main sur neufs prototypes ë sur un parking d’une zone industrielle de Minsk. Le projet ë-mobile avaient été financé au début des années 2010 par le milliardaire russe Mikhail Prokhorov et le développement des voitures confié au groupe biélorusse Yarovit.
Le projet était extrêmement ambitieux. Le constructeur était censé créer une famille de véhicules hybrides urbains avec une carrosserie en plastique, un moteur électrique/gaz naturel et des supercondensateurs. Au fil du temps, il a été décidé de simplifier la conception et, en 2014, le projet a été totalement abandonné. La documentation technique a été vendue à l’Institut NAMI pour un euro symbolique.
Au début, une partie du travail avait été réalisée à Moscou mais plus tard toute l’ingénierie a été transférée en Biélorussie : le designer Vladimir Tsesler a inventé le nom de la marque et son logo, Andreï Guinsbourg a été nommé directeur de projet et l’extérieur et l’intérieur dessinés par le designer biélorusse Andreï Trofimchouk. Même Iouri Chif, célèbre pour ses motos customs, a été impliqué.
C’est pourquoi, lorsque le projet a pris fin, la plupart des prototypes sont restés à Minsk. En 2018, on a même tenté de les vendre mais en vain.
Sur ce parking de la zone industrielle de Drazhnya près de Minsk, se trouvent donc actuellement neuf ë-mobile. Le cross-coupé bleu et blanc et la fourgonnette grise sont les tous premiers prototypes fabriqués en 2010 dans les ateliers moscovites Cardi et RAD. En avril 2011, Vladimir Poutine (qui occupait à l’époque le poste de Premier ministre) avait pris le volant du coupé. En fait, il s’agit de prototypes extrêmement simplistes puisque équipés d’un moteur de motoneige et d’une suspension primitive !
« Maintenant cette voiture offre un spectacle lugubre » indique le correspondant d’Auto.tut.by au sujet du cross-coupé blanc et bleu. « Il est difficile d’imaginer qu’il y a à peine dix ans, elle incarnait les dernières avancées scientifiques. Les écrans LCD ont été arrachés du tableau de bord, il n’y a plus de sièges et on trouve un énorme trou béant au plancher. On peut apercevoir une traverse rouillée et l’asphalte à travers. Pour une raison quelconque les places avant et arrière sont séparées par une cloison en contreplaqué. Des boîtes, tuyaux, bouts de contreplaqué et d’autres pièces sont dispersées à travers l’habitacle. A l’extérieur, la grille de radiateur dans le pare-chocs a été démonté (elle traîne à l’intérieur) ».
Cinq autres voitures sont des « ë-crossovers », des prototypes plus récents mis au point après la démission du premier directeur général Andreï Birioukov. Présentés en 2013, ils avaient été testés par des journalistes. Certaines ont conservé leur lustre extérieur mais des dommages sont visibles sur toutes les voitures. La même année, Mikhaïl Prokhorov était même arrivé à bord de l’un d’eux au Forum économique international de Saint-Pétersbourg. Il s’agissait de voitures équipées d’un moteur essence Fiat 1.4 de 75 ch et de deux moteurs électriques à l’avant et à l’arrière. Le moteur entrainait un générateur de 50 kW qui alimentait une batterie de supercondensateurs de 7,5 farads.
La version trois portes rouge et noir est le dernier prototype connu : il s’agit d’un véhicule électrique baptisé ë-crossback EV. En 2014, quatre prototypes ont été fabriqués et l’un a personnellement été offert à Vladimir Jirinovski par Mikhaïl Prokhorov. Selon l’ancien chef du bureau d’études de ë-mobile, cette voiture ne pourra plus rouler : sa batterie a été enlevée, devenue inutilisable après une longue période d’inactivité.
« Nous ne savons pas quoi faire avec ces prototypes » a indiqué Andreï Guinsbourg au site Auto.tut.by. Il est aujourd’hui à la tête de la société d’ingénierie KG Impex qui emploie de nombreuses personnes issues de ce projet. Les voitures sont garées sur un parking extérieur de cette société.
Lu sur : https://motor.ru/news/yo-mobil-minsk-04-05-2021.htm
Adaptation VG