Il n’est pas rare que les plus beaux spécimens d’automobiles ne rencontrent pas un destin aussi brillant qu’ils l’auraient mérités. Dans l’histoire tchéchoslovaque on peut se souvenir de la Tatra JK 2500 ou de la Skoda 110 OHC Coupé. Un troisième modèle, la Skoda 440 Karosa, appartient sans doute à la même catégorie de voitures extraordinaires dont le projet n’a pas abouti.
Si vous placez les trois voitures mentionnées ci-dessus côte à côte, vous aurez une collection de raretés constituée des plus belles choses créées en Tchécoslovaquie dans les années 1950 et 1960. Mais pas plus que les deux premières, le cabriolet imaginé par Karosa n’avait pas non plus beaucoup d’espoir d’être produit en série. Il est le résultat d’expérimentations menées sur les carrosseries en fibre de verre, matériau dont le potentiel était examiné à l’époque dans tous les pays.
Au milieu des années 1950 Karosa, le fabricant d’autobus de Vysoke Myto s’est alors enflammé pour un projet de décapotable avec une carrosserie en Polytex. La société Kovona, située à Karvina, qui avait déjà travaillé ce stratifié à base de résines polyester et de fibre de verre, a été invitée à coopérer à la création de ce cabriolet en raison de sa connaissance du matériau.
Comme base, Karosa a décidé d’utiliser le tout dernier modèle du constructeur de Mlada Boleslav, à savoir la Skoda 440 Spartak. La carrosserie conçue par le designer industriel Otakar Diblik devait démontrer les avantages du stratifié pour une production simple et bon marché. C’est pour ces raisons qu'elle devait compter le plus petit nombre possible de pièces de carrosserie. Ce cabriolet en compte donc sept, la pièce principale couvrant l’avant et l’arrière en intégrant les ailes.
Son dessin unique était également dû à son toit panoramique amovible qui se composait d’un cadre en fibre de verre et de plexiglas. Selon certaines sources, il ne se fixait pas bien à la voiture et le plexiglas lui-même a rapidement vieilli. Lors du développement, il n’avait pas été prévu d’installer une capote en toile. Toit démonté, la voiture offrait également un profil extraordinaire et laissait apparaître un intérieur cuir, tableau de bord compris. Ce dernier se démarquait par le petit rétroviseur rond posé au centre. En plus de la malle, la banquette arrière pouvait également accueillir des bagages.
La Skoda 440 Karosa laissait une impression de légèreté, confirmée par son poids à vide inférieur de 100 kg (825 kg) à celui de la Skoda Spartak classique. Outre le châssis, le moteur quatre cylindres OHV de 1,1 litre développant 40 ch couplé à la boîte manuelle à 4 vitesses provenait strictement de la berline de série. Sans son toit, le cabriolet pouvait atteindre la vitesse maximale de 120 km/h.
Bien qu’elle fut le clou de l’exposition de l’ingénierie tchécoslovaque de Brno en 1956, l’industrie « contrôlée » de la Tchecoslovaquie des années 1950 n’était pas le terrain idéal pour la production en série d’un magnifique cabriolet, même si peu de temps après la Skoda 450, prédécesseur de la Felicia a été commercialisée.
Au final, le destin n’a pas épargné la Skoda 440 Karosa. La voiture a été abandonnée plusieurs fois, a subi les affres des intempéries et a même été modifiée. Mais tout est bien qui finit bien. Rachetée par un collectionneur, elle a été restaurée en profondeur et est souvent de sortie à des rencontres de voitures anciennes.
Lu sur : https://www.autorevue.cz/skoda-440-karosa-mela-byt-jen-experiment-navzdory-osudu-zije-dodnes
Adaptation VG