Les produits venant de l’Est n’étaient pas aussi mauvais que leur réputation, clame Jahn Thorsten sur son site de vente sur internet. Mais presque rien ne sent pire que son dernier produit : une boîte de conserve contenant les gaz d’échappement d’une Trabi !
A l’époque de la RDA, l’odeur étouffante du moteur deux-temps était omniprésente. Aujourd’hui, les effluves de l’échappement de la Trabant se font rarement sentir dans les rues de la Bundesrepublik. Les derniers exemplaires de la voiture typique de la RDA font désormais sensation et sont entretenus avec soin pour être présentés lors de rencontres de portée internationale.
L’Ostalgie est arrivée au bon moment pour cet entrepreneur de Eisenhüttenstadt, dans le Brandebourg. L'homme de 33 ans gagne de l'argent avec la puanteur de la RDA : il commercialise depuis environ une semaine (NDT : ces articles datent de 2005) les gaz d'échappement de la voiture culte dans des boîtes de conserve. La production de ce produit exclusif est facile. Jahn Thorsten et ses associés tiennent avec une vieille paire de pinces à barbecue une boule de coton propre devant le tuyau d'échappement de leur Trabant, appuient à fond durant 10 secondes l’accélérateur en provoquant un savant nuage de fumée blanc-gris et emballent les boules puantes saturées de particules de suie dans des boîtes métalliques !
L’idée va être brevetée. Les boule de coton - une par boîte - sont enfermées avec une machine spéciale. « Trabi-Duft - Die Luft des Ostens » (Le parfum de la Trabi - l’air de l’Est) mentionne l’étiquette avec l’image du baiser de Leonid Brejnev et d’Erich Honecker à bord d’une Trabant (célèbre fresque visible à Berlin sur East Side Gallery). Cette boîte coûte 3,98 euros plus les frais de port d’à peu près du même montant puisqu’elle est vendue exclusivement Osthits.de, la boutique en ligne de Jahn Thorsten.
Jusqu’à présent, il a vendu plus d’une centaine de boîtes de ce type et 1,800 autres attendent dans son entrepôt les fanatiques enthousiastes d’air pollué ou d’incorrigibles Ostalgiques. « Nous avons constamment des commandes, c’est un vrai succès, raconte Jahn Thorsten. Un vieil homme m’a dit l’autre jour qu’il a possédé une Trabant pendant 30 ans puis il a finalement acheté une voiture ouest-allemande. L’odeur lui a tellement manqué qu’il a voulu absolument mettre la main sur une boîte de Trabi-Duft ».
Certaines ont déjà été envoyées en Italie : « Il y a aussi des demandes de renseignement du Canada » ajoute l’entrepreneur. Avec cette idée saugrenue, il veut éviter que l’odeur qui planait autrefois au-dessus de la RDA ne soit oubliée. Heureusement, l’ouverture d’une boîte de Trabi-Duft (l’odeur persiste pendant 14 jours) ne vous rendra pas malade. Les fibres de coton filtrent toutes les particules toxiques. « Cependant, je n’y mettrais pas mon nez trop profondément, avertit Jahn Thorsten. Et n’ouvrez pas la boîte dans votre salon. Vous aurez de gros problèmes avec votre femme si vous faites cela ! ».
Lu sur :
https://www.spiegel.de/auto/aktuell/totalschaden-ddr-mief-in-dosen-a-365839.html
https://www.news.at/a/ostalgie-brandenburger-geschaeft-trabi-duft-dosen-117302
https://www.independent.co.uk/news/world/europe/get-a-whiff-of-ostalgie-with-eau-de-trabant-300319.html
Adaptation VG