« EVM - Eto Vy Mozhete ». C’était le titre d’une émission de télévision très populaire qui était diffusée en URSS dans les années 1970 et 1980 avec le soutien du magazine « Tekhnika-Molodezhi ». Parmi les différents constructeurs amateurs que réunissait ce journal, les plus populaires étaient ceux qui construisaient leur propre voiture ou leur avion.
Dans les conditions de quasi-pénurie du marché automobile soviétique, ces passionnés ont fabriqué de fantastiques véhicules amphibies, des tout-terrains, des voitures de sport Leurs créations vont de simples voitures utilitaires à de véritables chef d’œuvres de design. Ils ont aussi conçu des avions à moteurs de Zaporojets ou des hélicoptères avec des moteurs de motos. Certains travaillaient dans leur garage, ce qui est logique, quand d’autres les assemblaient dans un appartement ordinaire au 4ème étage, après quoi elles devaient être redescendues en passant par la fenêtre à l’aide d’une grue ! L’été les exemplaires les plus réussis formaient une colonne et partaient à l’aventure sur les routes du pays.
C’est ainsi qu’en juillet 1982, ce « rallye » de samodelka a fait un arrêt au stade de l’usine de construction de wagons de Kalinine. Les voitures se rendaient semble-t-il en Karélie et les photos ont été prises avec un appareil Zenit-11 avec un objectif Hélios-44M. L'auteur de ces exceptionnels clichés en noir et blanc décrie ce qu'il a photographié.
- A l’arrière-plan, la rangée des voitures participant à ce « rallye ».
- Ces enfants, non préparés et choisis dans les tribunes, démontrent la résistance de la carrosserie en fibre de verre. La photo a été recadrée car prise sans zoom.
- On peut jauger le degré d’intérêt du public au nombre de spectateurs. A droite sur la photo, on voit le toit de l’autobus PAZ qui accompagnait le convoi.
- Au début des années 1980, la star principale des samodelka était la « Pangolina » d’Alexandre Kouliguine. Elle est ici dans sa première version avec sa couleur d’origine : carrosserie blanche avec des bandes bleu foncé et bleu clair. Elle a ensuite été repeinte plusieurs fois et, après un accident, elle a perdu une partie de son toit se transformant en cabriolet. A l’avant, l’accès au moteur se faisait en passant par un panneau amovible dans l’habitacle. Le grand coffre était inhabituel pour une voiture GT.
- Le rétroviseur était situé sur le toit et visible à travers une petite vitre transparente. Plus tard, à la demande de la police de la route, le créateur de la voiture a dû installer des rétroviseurs extérieurs classiques. Mais l’essentiel (pour l’adolescent que j’étais quand j’ai pris ces photos) était le lecteur de cassettes et le compartiment pour 16 cassettes spécialement conçu sur le tableau de bord. Un aileron installé sur le toit devait décharger l’essieu arrière à grande vitesse. L’immatriculation indique que la voiture vient d’Oukhta (République des Komis) mais plus tard, la voiture et son créateur ont déménagé à Moscou…
- A en juger par la plaque, elle vient de Crimée. Si je ne me trompe pas, la voiture portait le nom de Saigak et elle était de couleur orange.
- Pour les voitures de type GT, permettre au public de respirer la poussière d’un dérapage est une question d’honneur, de valeur et d’héroïsme. Le public était assez satisfait, personne ne s’est plaint :)
- La carrosserie hatchback et le hayon était la pointe de la mode à cette époque et l’industrie automobile soviétique n’offrait rien de ce type à part la IZH Kombi produite en quantité limitée. Il fallait donc la faire soi-même.
- Un joli tout-terrain rappelant la Jeep Wrangler.
- La Iouna est rouge vif. Elle a joué dans plusieurs films et a été testée chez NAMI. Initialement (lorsque ces photos ont été prises) elle avait un moteur de Volga GAZ-24. Elle a ensuite été plusieurs fois modernisée, a changé de moteur et d’intérieur. Début 2014, elle avait parcouru plus de 500,000 km. Au volant, le cosmonaute Vladimir Djanibekov.
- Encore une hatchback. L’avant rappelle légèrement la Fiat polonaise.
- Venue de Kharkov, la voiture ressemble à une Ford Mustang. En l’absence de routes de qualité dans le pays, peut-être que son créateur rêvait de voitures rapides. Sur les flancs, l’inscription TM-83 est écrite à l’avance puisque c’est en 1983 que le magazine « Tekhnika-Molodezhi » a fêté ses 50 ans.
- Une samodelka venue de Moscou (à en croire l’immatriculation).
- Une autre méga-star des manifestations de samodelka, la voiture amphibie Ichtiandr avec hydrojet. Elle pouvait rouler à 100 km/h sur la terre ferme, ce qui est tout à fait acceptable pour une voiture de l’époque et jusqu’à 20 km/h sur l’eau (aujourd’hui encore, les véhicules amphibies pouvant atteindre cette vitesse sont une rareté).
C’est en 1982 qu’ont été introduites les nouvelles plaques d’immatriculation en URSS - blanches avec des lettres noires, et c’est pour cela que certaines voitures ont encore des plaques noires. Toutes les voitures étaient immatriculées ce qui indique qu’elles répondaient aux exigences techniques et avaient été homologuées pour rouler sur la voie publique. Certaines de ces voitures existent encore aujourd’hui.
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Adaptation VG