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Il est d’usage de dire qu’une Polonez a besoin d’une réfection de son moteur aux environs de 150,000 km. C’est pourquoi, cette Polonez Caro qui a déjà fait 437,000 km sans aucun démontage de son moteur a quelque chose d’unique.

La détentrice de ce record est donc une Polonez Caro Plus 1.6 GSI de 1999. Elle a passé toute sa vie entre les mains de Robert qui aime ce genre de vieilleries. En raison de son travail, la voiture a pratiquement toujours roulé sur autoroute ce qui s’est avéré bénéfique. Cette Polonez, légendaire pour tomber tout le temps en panne, a donc déjà parcouru plus de 437,000 km et elle roule pourtant encore ! Son moteur n’a jamais été refait, seul le joint de culasse a dû être changé une fois. Et, apparemment, même l’embrayage est d’origine. Mieux encore, la majorité du kilométrage de cette Caro Plus a été effectué au gaz. Echec et mat à ceux qui sont fanatiquement contre ce carburant !

En tant qu’amateur chevronné et collectionneur de Polonez, je ne pouvais pas manquer l’occasion de rencontrer cette voiture. J’ai déjà possédé une Plus, mais c’était un pick-up Truck. Il avait environ 100,000 km au compteur et était déjà en piteux état. J’étais donc fasciné à l’idée de rencontrer un exemplaire avec un kilométrage quatre fois plus élevé !

La première chose qui me frappe à chaque fois que je rencontre une Caro Plus est son style, ou plutôt son manque de style. Je ne sais pas comment son premier et unique propriétaire a supporté cela durant tant de kilomètres. La dernière version de Polonez ressemble à un homme de 70 ans qui voudrait paraître plus jeune qui ne l’est vraiment en s’habillant comme un adolescent de 15 ans. Une vraie parodie. Aucune baguette ou pare-chocs couleur carrosserie ne pourront cacher que la Polonez a été conçue dans les années 1970. Visiblement FSO n’était vraiment pas décidé à faire prendre à la Polonez sa retraite .

La plupart des modifications stylistiques appliquées à la Plus sont tout simplement ratées. Tout ressemble à du tuning bon marché. Les jantes en alliage au dessin pourtant intéressant sont au moins un pouce trop petites. Les poignées de portes semblent ne pas au correspondre au reste de cette voiture anguleuse. De plus, elles sont mal conçues… On ne compte pas les propriétaires de Plus qui n’ont pas réussi à ouvrir leur voiture en hiver, la poignée étant gelée...

Mais ce que je préfère dans la catégorie « fausse modernité de la Plus » est bien l’intérieur. Admettons que le motif et la texture de la sellerie sont juste une question de goût mais le confort des sièges est aux abonnés absents ! Dans le meilleur des cas vous pourrez le comparer à un tabouret. Il n’offre toujours aucun maintien latéral et l’assise n’est plus moelleuse comme elle l'était dans la Caro modèle 1991 et les versions antérieures. Le tableau de bord aussi est une merveille. Plutôt moderne, il semble avoir été conçu avec le programme dashboardgenerator2000.exe. Il s’en dégage tout simplement tristesse et banalité. On a l’impression qu’ils ont pris le vieux tableau de bord - pourtant sympa, l’ont arrondi par la force et changé la console centrale, sans vraiment regarder à quoi l'ensemble ressemblera.

L’ergonomie s’est certes un peu améliorée (enfin, après tant d’années) mais il a perdu ses niches de rangement, utiles et profondes. Et si cette planche de bord déborde enfin visuellement sur les contre-portes, elle n’a rien de sensationnelle. Je ne suis pas convaincu par le mélange des boutons directement issus des anciens modèles à gauche du volant, qui sentent les années 70 à un kilomètre, et des boutons carrés de la console centrale. Le tableau de bord de la Plus ne donne pas envie. Celui de la Caro était spartiate, mais dans sa simplicité il était assez esthétique. Celui de la Plus donne l’impression qu’un cadavre a été maquillé.

Passons à la mécanique. L’avantage de cette version 1.6 GSI par rapport à ses prédécesseurs est l’injection multipoint et les collecteurs modifiés (y compris l’échappement). Grâce à cette alimentation, non seulement le fonctionnement du moteur et les performances étaient améliorés mais il était devenu également possible d’installer une installation GPL séquentielle. Malheureusement, à ce que je peux voir ici, le propriétaire a probablement opté pour un ensemble moins coûteux, de l’ancien type. Au chapitre des avantages les poussoirs hydrauliques ne doivent pas non plus être oubliés. Ils ont éliminés le besoin fastidieux d’un réglage régulier du jeu des soupapes.

Malheureusement, c’est ici que s’arrête l’éloge de la Plus. Bien que l’alimentation ait été modifiée et les poussoirs hydrauliques introduits, le moteur de la Polonez est toujours un antique bloc Fiat 1500. Le vilebrequin est encore soutenu par 3 paliers et la suspension n’a pas beaucoup changé depuis l’introduction de la Caro de 1993. A l’arrière ont trouve toujours des ressorts à lames. Les freins Lucas ne font pas non plus sensation. A partir du second semestre 1995, ils ont été montés en série sur la Caro, alors qu’auparavant ils existaient en option. De plus, comparés aux freins soi-disant Bendix, ils manquent de fiabilité et la différence d’efficacité entre les deux systèmes est marginale. L’assistance n’est pas non plus une révélation. C’était une option déjà disponible sur la Caro.

Le plus intéressant dans cette Caro Plus est donc la façon dont elle a miraculeusement survécu à 437,000 km. Elle a sans doute été choyée par son propriétaire et son mode d’exploitation y est sans doute aussi pour beaucoup. A l’intérieur, qui sert le plus souvent de révélateur d’usure, il n’est pas nécessaire de chercher un siège conducteur déchiré ou un volant usé. Le côté gauche de la jante du volant et le pommeau de levier de vitesses sont certes vraiment abimés mais apparemment, son propriétaire aime une position détendue avec une mains sur le volant et l’autre sur le levier de vitesse. Les autres dégâts se limitent à la planche de bord fissurée mais ce n’est pas une grosse surprise. Dans la Plus, cet élément est connu pour sa fragilité.

Ce qu’il y a d’incroyable c’est qu’après un si long kilométrage, cette voiture à l’air en bien meilleur état que mon adoré pick-up Truck après seulement 100,000 km. J’ai vu beaucoup d’autres Plus qui, avec moins de kilomètres, étaient dans un état bien pire que cela. Je suis impressionné par le soin qu’a dû prendre son propriétaire au fil des années. C’est sans doute le fait d’avoir principalement roulé sur autoroute qui a permis à la voiture de rester en si bon état. L’usure du siège conducteur montre que son conducteur n'a pas passé son temps à monter et descendre de voiture et le l’usure du volant montre que les manœuvres restent rares.

La carrosserie parait en bien pire état. Des foyers de rouille sont déjà apparus à de nombreux endroits, comme de coutume sur une Polonez qui ne dort pas dans un garage. Les bas de portières sont corrodés. La rouille se propage également au niveau du joint de pare-brise, sous la peinture. Le pire ce sont les bas de caisse. Si la rouille n’est pas visible grâce au kit en plastique, il suffit d’ouvrir les portières pour voir que même la partie supérieure est atteinte et perforée.

Après avoir inspecté la voiture, je ne savais pas à quoi m’attendre en la conduisant. Elle est rouillée mais toujours propre à l’intérieur. Je sais que le kilométrage est important mais son propriétaire ne l’a probablement pas maltraitée. Avec une légère dose d’incertitude, j’ai tourné la clé de contact, le moteur a démarré et s’est immédiatement éteint. Les tentatives suivantes n’ont rien donné. Et le commutateur de choix de carburant ne donnait toujours aucun signal. Le moteur a finalement démarré et j’ai eu une première surprise. Quel silence à part la pompe de direction assistée qui se fait parfois entendre. Mais après tout, cette pièce aurait déjà pu être remplacée deux fois !

Le fait est qu’en démarrant, j’ai nettement ressenti que le moteur de cette Caro Plus n’avait pas atteint sa pleine puissance depuis longtemps et je me suis demandé comment il fonctionne encore et est si silencieux. Déjà le fait de rouler toujours à la même vitesse sur autoroute réduit l’usure du bas moteur, en l’absence de secousses qui détruisent rapidement les coussinets de bielles. Les poussoirs hydrauliques éliminent aussi le facteur humain dans le processus d’usure du moteur. Pas de risque d’oublier de régler le jeu aux soupapes ! Enfin, l’injection multi-point est un gage de régularité de fonctionnement.

La suspension se comporte correctement. Il y a un peu de jeu au volant, mais plutôt dans la plage normale pour une Polonez. Les freins répondent présents mais la voiture tire un peu à gauche quand on appuie sur la pédale du milieu.

Bref, c'est bien l’autoroute a permis à cette Polonez Caro Plus, connue pour sa mauvaise qualité, d’atteindre sans problème majeur et sans réfection du moteur les 437,000 km. Certes, la modernisation de la mécanique a eu une certaine influence sur ce résultat mais ce n'est pas le plus important. J’ai connu une Caro de 1993 qui avait atteint un kilométrage encore plus élevé.

Il n'y a donc pas de vraie surprise à ce kilométrage record. Si tous les systèmes fonctionnent régulièrement, sans changements de vitesses importants, la voiture s’use tout simplement beaucoup moins. Même la pire des voitures peut donc survivre à des centaines de milliers de kilomètres !

Lu sur : https://spidersweb.pl/autoblog/polonez-caro-plus-test/
Adaptation VG

Tag(s) : #FSO, #Polonez, #Caro Plus, #Essai, #Rencontre, #Record