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Les voitures sont un bon indicateur du bien-être de la population de tout une nation. Seulement, nul n’est question ici des limousines blindées des présidents, ni des crossovers clinquants de faux chromes des nouveaux riches. Non, il s'agit bien des voitures les moins chères disponibles pour les masses. Il n’y a pas si longtemps, les candidates au titre de voiture populaire en Russie étaient les Hyundai Solaris et les (Renault) Logan, mais désormais ce sont les Lada Granta et les Datsun on-Do qui le revendiquent…

Qu’en était-il dans l’Etat le plus socialiste de tous les temps ? L’URSS avait-elle sa voiture du peuple ?

Dans les années d’après-guerre, le pays victorieux ne disposait pas vraiment de transport individuel. Les forces de la première décennie étaient tournées vers la reconstruction. Mais, au milieu des années 50, il devint clair que les gens avaient tout de même besoin d’une voiture : l’URSS était déjà indécemment en retard en matière de motorisation par rapport aux autres pays développés. C’est pourquoi une petite voiture, la ZAZ-965 Zaporojets, a été lancée en 1960. On fondait sur elle de grands espoirs.

Malheureusement, nous savons tous aujourd’hui que cette voiture avait été lancée trop vite et que ses importants défauts de conception avaient immédiatement été pointés du doigt :

  • Mauvais système de refroidissement par air.
  • Durée de vie réduite du moteur en raison de surchauffe.
  • Durée de vie réduite du moteur en raison de la mauvaise qualité de fabrication.
  • Faible durée de vie du moteur en raison d’erreurs de conception.
  • Faible durée de vie des éléments de suspension.
  • Tenue de route aléatoire.
  • Risque d’incendie sur le chauffage additionnel.

On pourrait lister les problèmes à l’infini. Pourtant, et c’est ce qui est le plus important, la voiture présentait de nombreux avantages. Si l’on avait insisté sur ces qualités et éliminé les problèmes de qualité et les erreurs de conception alors l’URSS aurait pu avoir une excellente voiture du peuple ! Pas pire (et même sûrement mieux) que la Fiat 500.

Malheureusement, cela ne s’est pas passé comme cela.

Pour une raison étrange, pour les Soviétiques, l’un des principaux inconvénients de la voiture était sa taille. Ce fut l’une des choses - si ce n'est la chose - que l'on voulait corriger en lançant le développement de la nouvelle ZAZ-966.

Oui, cette ZAZ-966 était meilleure. Sa taille permettait de loger normalement quatre personnes (et s’il le fallait cinq…). Elle avait un nouveau moteur plus puissant et un style de carrosserie moderne à l’époque. Mais comme le citoyen soviétique a dû se sentir floué quand il a constaté que :

  • Au début on montait encore l’ancien moteur car le nouveau n’était pas prêt.
  • Les problèmes de refroidissement subsistaient encore en partie.
  • Les erreurs de conceptions n’étaient pas résolues.
  • Les problèmes qualité n’étaient pas résolus.
  • Le chauffage additionnel était toujours le même était pouvait faire brûler à la fois la voiture… et ses passagers !

Ce n’était même pas ce qu’il y avait de plus triste. Le citoyen soviétique pouvait s’accommoder (il s’accommodait toujours) de tous les problèmes énumérés ci-dessus, en corrigeant lui-même ces lacunes ou en fermant les yeux sur elles. Mais il n’a jamais pu s’accommoder avec le fait que cette « simple » Zaporojets n’aie jamais été produite en masse ! L’usine n’a jamais pu faire un nombre acceptable de voitures (cela s’explique généralement par le fait que les forces étaient concentrées sur la « construction du siècle » - VAZ) et par conséquent, il y avait pénurie de ZAZ, les prix étaient excessifs et un homme travaillant honnêtement pour le bien du pays n’avait tout simplement pas les moyens de le se l’acheter...

Cette situation suggère que l’économie planifiée de l’URSS n’était pas orientée vers les besoins de sa population, la traitant constamment sur le principe du « Il n’y a rien, soyez patient et serrez-vous la ceinture… ». Comme l’écrivait Za Roulem dans un article du numéro 9/1993 intitulé « La Russie automobile - elle a été, elle est, sera-t-elle encore ? » :

« Bien entendu, aujourd’hui on peut affirmer que la décision prise par les hauts dirigeants de l’ex-URSS de la construction de VAZ avec l’assistance technique de la firme italienne Fiat n’était alors pas le développement logique d’un quelconque concept social bien pensé. Cela n’était nullement lié au développement de la motorisation de masse dans le pays. Non, il s’agissait de résoudre des problèmes de nature exclusivement fiscale : il était nécessaire de récupérer l’argent qui commençait à s’accumuler au sein de la population en raison du manque de produits alimentaires et industriels ».

Les dirigeants de l’URSS n’avaient tout simplement pas pris la décision de fournir aux gens un moyen de transport individuel décent. Les nouvelles Jigouli et Moskvitch étaient hors de portée des gens ordinaires. Elles été fabriquées en nombre suffisant et on faisait encore la queue pendant des années pour les obtenir mais les Zaporojets étaient sous-produites et elles restaient trop chères ! Et comme on ne pouvait pas acheter une voiture d'occasion pour une somme décente et uniquement si certaines « conditions spéciales » étaient remplies...

La contrariété du fait que vous avez travaillé toute votre vie pour conduire une vieille Zaporojets (quand les Européens s’achetaient librement les nouvelles Ford Escort ou Opel Ascona) s’est transformée en mécontentement à la fin des années 80, ce qui a entraîné l’effondrement d'un pays qui avait su conquérir l’Espace, mais qui n’a pas été en mesure de fournir à sa population une voiture simple et qui marche…

Lu sur : https://zen.yandex.ru/media/turbo/pochemu-zaporojec-ne-stal-narodnym-avtomobilem-sssr-5b71e74c44e86d00aa9a2bad
Adaptation VG

Tag(s) : #Histoire, #ZAZ, #Ambiance, #URSS