Papi était très content. Il est évident qu’il était content, même s’il ne laisse transparaître aucune émotion. Cette voiture, il l’a achetée en janvier 1978, à 46 ans. Il était en pleine santé. Quand on lui a rapporté sa voiture le 5 septembre dernier, il venait de fêter ses 86 ans. Cela fait donc 40 ans et 9 mois que cette Kopeïka fait partie de notre famille !
« Prends un Kopeïka elle ne te laissera pas tomber ! Les amis finissent par vous trahir, vous tromper, mais une Kopeïka ne te laissera jamais tomber. Tu passeras toute ta vie avec une Kopeïka… ».
Mon grand-père, Mikhaïl Andreevitch Gorelov, lieutenant-colonel de l’Armée Rouge à la retraite, l’a achetée neuve en janvier 1978. Depuis lors, cette voiture sert fidèlement notre famille. Elle a beaucoup voyagé à travers le pays, a transporté dans son coffre et à même dans l’habitacle des centaines de kilos de pommes ou de pommes de terre, des briques, du sable, du ciment pour réparer ou construire la maison. Chaque été, elle conduisait les enfants et les petits-enfants à la mer. En 37ans, elle est allée chercher à la maternité 3 nouveau-nés. Et en 2014, c’est la voiture avec laquelle, ma femme et moi, nous nous sommes mariés.
La voiture a souffert entre les mains de quelques jeunes conducteurs, mais elle fut un outil inoubliable pour apprendre à conduire ou parfaire sa maîtrise. Elle a connu bon nombre de petits accrochages, seuls le toit et la partie arrière gauche étaient encore en bon état. Elle a aussi vécu des expériences improbables : un accident avec une voiture de police, a servi comme cible dans le garage et des dérapages l'hiver à son volant se sont mal terminées… Elle avait de la rouille perforante sur les ailes et le plancher, les seuils de portes et les longerons étaient pourris, son moteur chauffait et commençait à cliqueter.
En 2012, j’ai eu deux accidents avec et on s’est demandé si on n’allait pas envoyer ce qu’il en restait à la casse. Mais je voulais quand même montrer à papi qu'on ne pouvait pas en finir avec notre vieille Jigouli et surtout je voulais la remettre en état. Entre le 1er septembre et le 20 novembre 2012, la voiture a connu sa première restauration. Cela m’a permis d’apprendre la peinture, un carrossier s’est occupé de la tôle et je me suis attelé à démonter les pièces pourries ou cassée, me suis occupé du mastic, de l’apprêt, de la peinture et du polissage. J’ai bien sûr fait quelques erreurs mais c’était ma première fois. Grand-père était content.
Une deuxième restauration globale a débuté à l’automne 2016. J’étais déjà expérimenté. J’ai démonté la voiture entièrement jusqu’au dernier boulon. Toute la poussière, toute la crasse a été nettoyée, toute la suspension a été refaite avec des pièces neuves, comme les freins, la boîte de vitesses et le pont arrière ont été reconditionnés, le circuit électrique refait. Presque tous les chromes ont été remplacés par des pièces datant de l’URSS. En outre, un nouveau moteur 1600 plus puissant, mais basé sur le bloc de la Kopeïka, avec une culasse et un échappement sport a été assemblé et monté avec un gros radiateur pour améliorer le refroidissement.
Le 5 septembre, cette Kopeïka a donc retrouvé son propriétaire, Mikhaïl Andreevitch Gorelov. Ce n’est pas une voiture, c’est une histoire ! L’histoire de notre famille ! C’est ce qui restera après nous.
Lu sur : https://www.drive2.ru/c/511548335652340968/
Adaptation VG