De nombreux mythes et beaucoup de rumeurs tournent autour du prototype Moskvitch-408 Tourist. La plupart d’entre eux sont dus au fait qu’il existe très peu de documents officiels et de détails techniques sur cette voiture. Les historiens et les passionnés d’automobiles y vont donc chacun de leur version et il n'est donc pas inutile de remettre les choses à leur place. Voici donc les 7 choses à savoir sur cette beauté venue tout droit d’URSS.
Type de carrosserie.
Lorsqu’ils parlent de la Tourist, de nombreux articles et blogs parlent d’un coupé. Mais c’est en fait à la fois un coupé et un cabriolet. La voiture disposait d’un toit amovible comme on peut le voir sur les photos et il était semble-t-il facilement démontable. C’était donc un coupé hard-top. Si la Tourist avait été fabriquée en série, elle aurait peut-être été un vrai cabriolet avec une capote en toile se repliant à la main. C’était en plus une 2+2 (2 adultes + 2 enfants), une configuration également atypique pour la production automobile soviétique mais très courante sur les roadsters répandus à l’époque en Europe.
Différences par rapport à la Moskvitch-408 de série.
La carrosserie ne différait pas seulement par la forme. Compte-tenu de l’absence de toit, des petits longerons en X, reliant le tunnel de transmission aux seuils de portes, avaient été installés pour maintenir la rigidité de la caisse. On sait que sur les fourgonnettes Moskvitch-433, les flancs, là-même où on aurait dû trouver la porte arrière, étaient un embouti unique. Mais en 1963, lorsque la Tourist a été construite, ces panneaux n’étaient plus fabriqués. C’est pourquoi, la portière arrière de la berline a été tout simplement soudée à l’aile arrière. Sur l’un des deux exemplaires fabriqués, les pièces de carrosserie qui ne jouaient aucun rôle dans la rigidité de la caisse ont même été réalisés en aluminium !
Combien de voitures ont été construites ?
Sur internet, on peut parfois lire que MZMA a fabriqué cinq à sept exemplaires de la Tourist. Mais les documents existants n’en mentionnent que deux. Ils ont d’ailleurs longtemps servi de « châssis » pour tester différents moteurs, transmissions et d’autres pièces, été plusieurs fois réparés et ont changé de couleurs passant du noir au vert foncé, puis du bleu anthracite au bleu électrique. Les ouvriers de l’usine qui s’en souviennent évoquent qui le noir, qui le brun, qui le bleu foncé…
Et les moteurs ?
L’histoire des moteurs de la Tourist est déroutante. On sait qu’initialement une des voitures avait un moteur à injection développé à l’Institut central de recherche et de conception de machines agricoles et de groupes électrogènes. Mais l’injection n’était pas fiable et les ingénieurs n’arrivaient pas à faire fonctionner le moteur correctement. A priori, les rapports d’essais étaient tellement mauvais que l’aventure avec l’injection n’a pas été poursuivie. La voiture avait aussi été testée avec d’autres pièces qui ne provenaient pas de la série comme le carburateur ou le système d’échappement. L’idée était d’équiper la Moskvitch 408 avec un moteur injecté de 1,4 litre juste pour augmenter la puissance. Le deuxième prototype avait un moteur standard de 50 chevaux. On sait aussi qu’à la fin des années 60 et au début des années 70, les moteurs développés pour une nouvelle gamme de modèles ont été testés sur la Tourist.
Elle était attendue à l’étranger.
Pour l’usine, il n’y avait aucune ambiguïté sur les principaux acheteurs de la Moskvitch « Grand-Tourist » : elle était destinée à l’exportation, à la location ou à la propriété privée. Bien entendu, il est difficile à croire qu’en URSS le commun des mortels aurait pu s’offrir une telle voiture. Mais à l’étranger une voiture comme celle-là aurait pu connaître une demande régulière. On prévoyait d’en fabriquer 150 par an. De plus, la direction d’Autoexport recevait régulièrement des demandes pour la création d’une version sportive de Moskvitch. On proposait même de l’équiper d’un moteur de Ford Cortina ! Mais la situation en URSS était tout autre. L’industrialisation des Moskvitch-408, 426 et 433 avait pris un peu de retard et en 1965 c’est la production de la Moskvitch-412 qui s’annonçait.
La difficulté d’en faire des répliques.
Au cours des dix dernières années, plusieurs répliques de Moskvitch-408 Tourist ont été fabriquées. Bien entendu, elles ne sont jamais parfaitement exactes. Il y a plusieurs raisons à cela.
La principale est que l’on ne dispose pas de plan précis. L’historien automobile Sergueï Iones explique pourquoi : la Tourist a été construite sans plan et sans maquette mais uniquement sur le dessin d’Anatoli Vesselov, le futur adjoint du chef des fabrications de MZMA (qui participera ensuite à la conception des prototypes C1, C3 et la traction avant 2141). Et ce n’était pas la première fois que les ouvriers de l’Atelier expérimental fabriquaient des voitures sans documentation technique sur les seules instructions des ingénieurs.
La seconde raison est que la voiture dispose de nombreuses pièces uniques, qui n’ont pas été ensuite produites en série. Elles sont pratiquement impossible à trouver aujourd’hui. La plus remarquable et la plus bizarre est l’antenne radio électrique. La Tourist, comme d’autres prototypes de Moskvitch-408 dispose d’une calandre avec de larges baguettes horizontales qui n’a jamais été montée en série. La voiture avait aussi son propre pare-brise et ses encadrements de vitres. Il se raconte qu’ils sont empruntés à une voiture étrangère mais ce fait n’est pas confirmé.
Il n’est pas non plus facile de copier les roues qui disposent d’enjoliveurs spéciaux. Certains installent ceux d’une IZH, qui de loin rappellent ceux de la Tourist. Mais ils ont à minima 8 à 9 ans de différence (les prototypes datent de 1963 et les enjoliveurs étaient montés à Ijevsk depuis 1971)… Dans l’habitacle on trouvait des sièges avant séparés avec un levier de vitesses au plancher alors que les berlines et les breaks avaient une banquette. Enfin pour parfaire la copie, il faut une sellerie identique aux toutes premières Moskvitch. Il n’est donc pas possible de trouver des poignées de portes « molles » et d’autres petites choses qui sauteront immédiatement aux yeux.
Une voiture de sport au sort inconnu.
A ce jour, on ne sait toujours pas ce que sont devenus ces deux prototypes uniques. Beaucoup d’historiens s’accordent à dire qu’ils ont été détruits au milieu des années 1970 comme de nombreux autres prototypes. Mais on espère encore trouver dans une datcha abandonnée ou dans un ancien garage coopératif une Moskvitch-408 Tourist noire couverte de poussière.
Lu sur : https://www.drive2.ru/b/493720579241673021/
Adaptation VG