
Le ministère de l’Industrie automobile de l’URSS a été accusé de ne rien faire pour élaborer et imposer des normes de sécurité afin de réduire le nombre, élevé, de victimes de la route chaque année.
Les barrières bureaucratiques retarderaient aussi la mise en production de colonnes de direction rétractables et de ceintures de sécurité alors que le pays se précipite dans une expérience totalement nouvelle avec l’apparition de voitures de plus en plus nombreuses et plus rapides sur les routes.
La Pravda, le quotidien du Parti Communiste, pointe le manque apparent d’intérêt et de l’inefficacité de l’industrie automobile, gérée par le gouvernement soviétique, à élaborer un programme de sécurité similaire à ceux qui gagnent rapidement dans les économies occidentales.
La situation en URSS contrastait particulièrement avec l’évolution des Etats-Unis, où le gouvernement fédéral s’est lancé dans une campagne de sécurité demandant des voitures plus sûres, plus résistantes et moins polluantes. Alors que l’Union Soviétique, deuxième puissance militaire et industrielle du monde, ne représente encore que 3% environ de la production automobile mondiale, le nombre d’accidents de la route semble être totalement disproportionné par rapport au nombre de voitures en circulation.
Les statistiques sont gardées secrètes en URSS mais la Pravda a fait allusion à leur ampleur en disant qu’il y avait eu des « milliers de morts et de blessés en 1971 ». « En 1972, à la suite d’une campagne de sécurité », poursuit le journal, « le taux d’accidents a été réduit de quelques pour cent, mais il continue a être élevé avec son lot de vies brisées et de personnes mutilées ».
Faisant allusion à une nouvelle série de règles de circulation entrées en vigueur cette année, le journal a déclaré que ces règles ne permettraient pas à elles-seules d’enrayer la tendance et que la réponse devait être trouvée dans l’amélioration des voitures. « On parle depuis longtemps d’un ensemble uniforme de normes de sécurité » déclare la Pravda. « Mais nous n’en avons toujours pas et il n’y a aucun moyen de savoir quand le ministère de l’Industrie en sortira enfin ».
Le ministère est dirigé depuis 1965 par Alexandre Tarassov, un ancien ingénieur de 61 ans. Il est passé par l’industrie des tracteurs qui, pendant longtemps, était pour l’économie soviétique un secteur beaucoup plus important que l’industrie automobile.
La Pravda reproche que le ministère se querelle depuis plus de trois ans avec le ministère de l’Industrie légère au sujet de la fourniture de ceintures de sécurité pour les voitures soviétiques mais sans succès. Ce ministère semble penser que la fabrication de ceintures de sécurité serait trop cher. Mais en fait n’importe quel acheteur, un peu soit peu sensible, serait heureux de payer un peu plus cher pour en avoir une.
Le journal rapporte aussi que petite voiture produite par l’usine automobile Kommunar dans la ville ukrainienne de Zaporojié était déjà équipée d’un simple dispositif amortisseur sur la colonne de direction mais que de nombreuses voitures soviétiques manquaient encore d’un tel dispositif de sécurité.
La Pravda accuse aussi les routes soviétiques, disant qu’elles sont mal entretenues et que leur conception était souvent dépassée au moment où elles étaient achevées.
La rocade autour de Moscou, par exemple, composée de deux voies séparées par une bande d’herbe, a été décrite comme une route automobile avancée lorsqu’elle a été inaugurée au début des années soixante-dix, mais elle a vite été submergée par la circulation croissante.
Lu sur : http://www.nytimes.com/1973/01/28/archives/pravda-accuses-the-soviet-auto-ministry-of-laxity-on-safety.html
Adaptation VG