Zastava, le légendaire constructeur automobile yougoslave originaire de Kragujevac (dans l’actuelle Serbie) fait désormais partie de l’histoire (*). Avec la disparition définitive de la marque, les Serbes se souviennent avec douleur d’un passé désormais révolu.
Cela faisait des années que l’usine ne produisait plus de voitures sous cette marque qui autrefois n'était pas seulement populaire en ex-Yougoslavie. Mais la justice serbe a ordonné la semaine dernière qu’elle mette les clés sous la porte.
La marque Zastava a donc été déclarée en faillite jeudi soir après avoir a accumulé les dettes et après que ses comptes bancaires aient été bloqués pendant 701 jours. Le tribunal de commerce de Kragujevac a ouvert une procédure de faillite sur proposition du ministère de l’Economie au motif que la dette de l’entreprise s’élevait à 410 millions d’euros.
« L’usine a été construite dans les années 1950 après la Seconde Guerre Mondiale. Non seulement nous avons construit et fabriqué des voitures, mais nous avons également construit l’usine » explique Slavoljub Bataveljic, ancien employé de Zastava et président du fan club de l’un des modèles les plus populaires de la marque, la célèbre Fico. « Cela a eu un grand impact sur la ville de Kragujevac dont l’essor a commencé après l’ouverture de l’usine » ajoute-t-il.
La petite Zastava 750, fabriquée sur le modèle de la Fiat 600 et surnommée Fico, est devenue un symbole de la modernisation et des succès de la nouvelle société socialiste yougoslave Jusqu’en 1985 près d’un million de ce véhicule - qui a littéralement mis la Yougoslavie sur quatre roues - ont été fabriqués.
Slavoljub Bataveljic admet que la disparition définitive de la marque l’a profondément frappé. Pas moins que les 300 autres anciens employés de Zastava Automobili (qui n'avaient pas été repris par Fiat) et leurs environ 1 million d’euros d’arriérés de salaires cumulés entre 1997 et 2001. Ils voulaient retarder la procédure de faillite jusqu’à ce que la valeur réelle des actifs de la société soit établie et clamaient que ces actifs sont plus étendus que ce que l’on voulait bien dire.
Zastava Automobili ne comptait plus que trois employés. En 1989, avant le vote des sanctions internationales contre la Serbie et le déclenchement de la guerre dans l’ex-Yougoslavie, elle employait 13,500 personnes et produisait 220,000 voitures par an. Les années 1990, la guerre et les sanctions ont tout changé. En 2008, les actifs et l’appareil production de Zastava Automobili ont été transférés à la nouvelle entité Fiat Srbija - actuellement Fiat Chrysler Srbija (FCA). Cependant les dettes n'avaient pas été effacées et les ouvriers en trop étaient restés sur le carreau.
Zastava est devenu l’un des grands symboles de l’ex-Yougoslavie parce que les voitures fabriquées par l’usine étaient conduites par la majeure partie de la population adulte de Yougoslavie mais aussi parce qu'elles étaient populaires partout dans les Balkans et au-delà. La région compte encore un certain nombre de clubs de fans de la marque, en particulier de la Fico.
La production de cette voiture, le premier modèle fabriqué en série par l’usine, a commencé en 1955 pour ne s’achever que 30 ans plus tard. « Les gens ne peuvent pas s’imaginer aujourd’hui combien de travailleurs se sont investis dans la construction de cette usine. Quand l’usine s’est ouverte, personne n’était formé aux tâches que nous devions entreprendre, alors nous avons tout appris sur le tas » se souvient Slavoljub Bataveljic.
On conduisait la Fico dans toute la Yougoslavie. Il se rappelle comment les familles se tassaient dans ces petites voitures au moment des vacances pour partir à la mer ou ailleurs. « Nous organisons depuis 12 ans à Kragujevac une rencontre pour la Fico et les autres modèles Zastava et nous sommes en pleine expansion. Maintenant cette manifestation s’appelle la Balkan Fica Fest. Les gens viennent de tous le pays de l’ex-Yougoslavie, de France et de Suisse » se vante-t-il.
« Près d’un million de Fico ont été construites et elle mérite son mémorial parce que son impact sur la culture et l’économie en Yougoslavie a été énorme » poursuit-il. Son fan club a organisé une pétition qui a déjà recueilli près de 3,000 signatures pour que cette voiture soit immortalisée sur l’une des place de Kragujevac.
Lu sur : https://auto.idnes.cz/zastava-c5n-/auto_ojetiny.aspx?c=A160726_172455_auto_ojetiny_fdv
Adaptation VG
(*) Cet article date du 26 juillet 2016.